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Grand Angle

Coronavirus : Faut-il craindre une pénurie d’équipements de protection au Maroc ?

La demande du grand public est exponentielle et le marché n’est pas approvisionné pour répondre à ces besoins, s’inquiète Anouar Yadini, président de l’Association marocaine des professionnels de dispositifs médicaux.

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Photo d'illustration. / Ph. Maxppp
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L’apparition du nouveau coronavirus (Covid-19) au Maroc a entraîné dans son sillage une kyrielle d’interrogations, dont beaucoup n’ont pas encore trouvé de réponse, alimentant davantage les inquiétudes liées à la propagation de ce virus.

Parmi les questions que soulève cette crise sanitaire mondiale, il en est une qui inquiète les professionnels de la santé dans leur ensemble, des pharmaciens aux médecins en passant par le personnel hospitalier : le Maroc est-il suffisamment équipé en masques chirurgicaux, casaques médicales et gants en latex ?

Contacté par Yabiladi, Aziz Rhali, pharmacien et président de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), ne cache pas son scepticisme. «Les autorités n’ont pas pris suffisamment de précautions pour avoir des stocks stratégiques d’au moins six mois», dit-il. «Dans ma pharmacie, les médecins et les infirmiers viennent eux-mêmes acheter des masques car le secteur public n’en possède pas suffisamment», ajoute-t-il.

Une très forte demande qui contraste avec la pénurie mondiale

«Le Maroc est un pays importateur de masques chirurgicaux et de gants en latex, à l’exception de deux sites qui fabriquent localement des masques : celui du groupe privé Pharcomedic, ainsi qu’une usine étatique qui appartient à la Gendarmerie royale», rappelle Anouar Yadini, président de l’Association marocaine des professionnels de dispositifs médicaux, contacté par Yabiladi.

Et d’ajouter : «Habituellement, la demande émane des professionnels de santé, qu’il s’agisse du secteur public ou privé. A l’heure actuelle, la demande du grand public est exponentielle et le marché n’est pas approvisionné pour répondre à ces besoins. La pression n’a été ressentie que ces derniers jours, durant lesquels la demande a été très forte. Si on recevait dix commandes par semaine, on en reçoit désormais une vingtaine par jour.»

Une très forte demande qui contraste avec la pénurie mondiale d’équipements de protection, notamment des masques, gants et blouses médicales, annoncée début février par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). «Le monde fait face à un manque chronique d’équipements de protection individuelle», a en effet affirmé Tedros Adhanom Ghebreyesus, chef de l’OMS.

«Les importateurs peinent à trouver les marchandises pour les importer au Maroc», confirme Anouar Yadini, qui précise qu’un «ensemble d’actions ont été menées et sont en cours de réalisation entre le ministère de la Santé et les importateurs de dispositifs médicaux, notamment des demandes d’autorisation spécifique auprès du ministère de la Santé pour pouvoir importer des masques chirurgicaux et des gants en latex». Les procédures administratives d’enregistrement, nécessaires pour l’importation d’un produit médical sur le marché local, prennent en moyenne «entre quatre et six mois».

Un manque susceptible de favoriser l’émergence d’un marché noir. «C’est déjà fait», déplore Anouar Yadini. «Nous n’avons aucune visibilité sur les prix et la traçabilité des produits. Des intermédiaires ont profité du circuit officiel pour stocker des produits et les revendre. Actuellement, il n’y a chez les importateurs aucun article disponible. Une bonne partie du stock est actuellement chez des intermédiaires ou des sociétés de distribution de dispositifs médicaux, qui ont obtenu le certificat d’enregistrement des produits.»

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