Menu

Grand Angle  

Nouvelle offensive de Benkirane contre El Othmani : Entre souvenirs et amnésie

Le calme dans les relations entre Abdelilah Benkirane et Saad-Eddine El Othmani a été rompu par le premier. Simple saut d'humeur ou offensive pré-électorale ? 

Publié
Saad-Eddine El Othmani et Abdelilah Benkirane / Archive - DR
Temps de lecture: 2'

C'est devenu un rituel. La jeunesse du PJD a offert à nouveau une tribune à Abdelilah Benkirane pour effectuer son retour sur la scène politique. Il était l’invité spécial de la session ordinaire de la commission centrale de l’organisation partisane, tenue ce dimanche matin à Salé.

Une occasion que l’ancien chef du gouvernement a saisie pour réitérer son total désaccord avec l’adoption de la loi-cadre 51-17 sur l’enseignement. «Je suis toujours convaincu que le vote de cette loi est une grave erreur qui aurait dû être suivi par un examen de ses conséquences», a-t-il souligné devant une assistance majoritairement acquise à l’ex-secrétaire général de la Lampe.

«Ce qui me fait mal, c'est qu'il (El Othmani, ndlr) continue de se vanter de l’approbation de la loi-cadre.»

Abdelilah Benkirane

S’adressant directement à son successeur à la tête de l’exécutif, il lui lance : «Personne ne t’oblige à rester chef du gouvernement. Si tu vois des choses inacceptables alors dis non.» Pour mémoire, dans une vidéo diffusée le 1er avril 2019, Benkirane avait déjà demandé à El Othmani de présenter sa démission à cause de la loi-cadre sur l’enseignement.

Souvenirs et amnésie de Benkirane

En bon communiquant, Benkirane ne se contente pas de titiller El Othmani mais a voulu donner un exemple de sa capacité à faire face à la pression pour en sortir vainqueur. «J’avais l’intention de renoncer à quelque chose de moins important que cela (la loi-cadre), à savoir le fonds de soutien aux veuves (…), mais j’ai résisté et j’ai dit non. Au final, le roi m’a soutenu et j’avoue devant Dieu et devant vous que c’est le roi qui a autorisé la réforme concernait les veuves», a-t-il tenu à rappeler. Une version qu’il avait déjà racontée, en juillet 2016 à Rabat lors d'un meeting de la jeunesse de son parti. «C’est grâce à l’arbitrage royal que les allocations aux veuves ont pu voir le jour», avait-il déjà révélé.

Un rappel qui omet pourtant un autre fait d'armes politique moins en sa faveur. En juillet 2015, alors chef du gouvernement, il n’avait pas hésité à mettre sous le boisseau tous les marqueurs idéologiques du PJD pour que le protocole facultatif de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), adopté par son cabinet en novembre 2012, soit approuvé par les deux Chambres du Parlement. Tous les députés du PJD s’étaient pliés aux dictats de Benkirane, y compris le très controversé Abou Zeid El Idrissi, à l’exception d’un seul.

Comptant sur l'amnésie des militants du PJD, Benkirane a tenu à s'inscrire en faux quant aux analyses présentant la présidence d’El Othmani comme une suite logique de la sienne, avertissant qu’il ne faut pas les confondre.

Dans son article consacré à l'intervention de Benkirane, le site d’actualité de la Lampe a fait l’impasse sur les critiques de l’ancien secrétaire général, préférant rapporter uniquement ses conseils aux jeunes, tels que «la défense des valeurs de la liberté et de la concertation» et «de préserver l’esprit du Parti Justice et Développement». Pourtant, le nouveau directeur du bras médiatique du PJD n'est autre que Mohamed Yatim, un ancien proche de Benkirane.

Article modifié le 01/03/2020 à 18h39

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com