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Grand Angle

La mosquée de Coquimbo, une Koutoubia marocaine au Chili

Au Chili, la ville portuaire de Coquimbo se distingue de loin par ses habitations remontant graduellement les collines qui la constituent. L’une d’elle permet une vue panoramique imprenable sur toute cette citée, surplombée par un minaret qui est en fait une réplique de la Koutoubia, monument phare de Marrakech.

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La Koutoubia chilienne / Ph. Hitourbano
Temps de lecture: 3'

Vue de loin, on la reconnaît incontestablement comme étant la mosquée Koutoubia ; sauf qu’elle ne se trouve pas à Marrakech. C’est dans la cité portuaire de Coquimbo, à plus de 460 km au nord de la capitale chilienne Santiago, que la réplique de ce monument historique marocain surplombe les collines, en vis-à-vis avec la Croix du troisième millénaire, un autre site distingué à des kilomètres. Faisant 43 mètres de hauteur, la bâtisse et surtout son minaret constituent le point le plus haut de la ville, après son monument voisin.

Les estimations reprises par le site Des dômes et des minarets indiquent que les musulmans du Chili représentent près de 4 000 personnes, sur une population de 18 millions d’habitants. Ceci fait davantage la célébrité de la mosquée, bâtiment rare du genre dans un pays majoritairement chrétien. Coquimbo compterait d’ailleurs une trentaine de familles musulmanes, dont des membres effectuent la prière dans ce lieu, où se tient également le prêche du vendredi.

Crédit photo : Aldo TapiaCrédit photo : Aldo Tapia

Un projet conjoint avec le Maroc

Au cœur du quartier La Serana, ce bâtiment qui attire à la fois des chercheurs, des religieux, des musulmans de la ville et des milliers de touristes chaque année a été édifié à partir de novembre 2004. Répartis sur trois niveaux, ses 722m² comprennent deux salles de prière, un centre culturel, une bibliothèque et un musée. Son chantier a été lancé conjointement par la municipalité de Coquimbo et le Maroc.

Ainsi, le projet a bénéficié d’un parrainage du roi Mohammed VI, qui en a fait notamment le Centre Mohammed VI pour le dialogue des civilisations. Selon la plateforme de l’institution, il s’agit du «seul centre culturel marocain intégrant une mosquée». Sa construction s’est achevée en juin 2006 et le centre a été inauguré le 14 mars 2007.

«Son minaret est une copie fidère de celui de la Koutoubia ; il est accessible uniquement par un escalier, constitué de 177 marches», décrit le centre. Mais contrairement au bâtiment historique marrakchi, son pair chilien est construit en béton armé. Ses dômes, ses portes, ses fenêtres et son minbar sont construits en bois de cèdre marocain. Ses tapis, ses lampes et ses céramiques illustrent également tout le savoir-faire artisanal du Maroc.

Crédit photo : HitourbanoCrédit photo : Hitourbano

Un métissage culturel dans l’esprit et dans l’architecture

L’œuvre méticuleusement façonnée est aussi travaillée avec du plâtre chilien, avec certaines parties boisées dont la matière première est locale. Le tout a été réalisé par des artisans marocains, où ils se sont attelés à la sculpture, à la menuiserie, à la confection des mosaïques traditionnelles à la main. Le fait qu’ils s’imprègnent en même temps de certaines influences artisanales propres à Coquimbo se reflètent dans leur travail, qui incarne cet esprit de métissage des cultures.

Crédit photo : Nomadic ChicaCrédit photo : Nomadic Chica

Actuellement, le Centre Mohammed VI pour le dialogue des civilisations ambitionne d’ailleurs de «sensibiliser à la culture marocaine et arabo-musulmane, tout en éliminant les préjugés sur l’islam et les musulmans, en plus de promouvoir, à travers un vaste programme d’activités sociales, sportives, culturelles, académiques et artistiques, le dialogue interculturel entre les peuples et les civilisations».

Selon les statistiques du centre, celui-ci a accueilli plus de 60 000 visiteurs, «attirés par la beauté de ce coin du Maroc situé dans le quartier traditionnel du port». Ouvert au large public, il rassemble différentes tendances qui ne représentent pas uniquement des institutions de culte, mais inclut toutes les communautés locales de la ville et de sa région.

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