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Grand Angle

Corruption : Pris en flagrant délit, l’ex-directeur de l’Agence urbaine de Marrakech écope de 10 ans de réclusion

Dans la nuit de mercredi à jeudi, la Cour d’appel de Marrakech a condamné Khalid Ouaya, ex-directeur de l’Agence urbaine de la ville, à dix ans de réclusion assortie d’une amende d’un million de dirhams, pour flagrant délit de corruption. D’autres personnes ont également écopé de peines de prison, dans cette affaire qui aura été close en moins d’un an.

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Khalid Ouaya, ex- directeur de l’Agence urbaine de Marrakech / DR.
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C’est peut-être l’une des rares affaires de grande corruption qui aura été traitée aussi rapidement. Dans la nuit de mercredi à jeudi, la Cour d’appel de Marrakech a en effet condamné l’ex-directeur de l’Agence urbaine de la ville, Khalid Ouaya, à dix ans de prison ferme et à une amende d’un million de dirhams. Il a été arrêté en juillet 2019.

Quant à son épouse, elle a été condamnée à 5 ans de prison ferme, assortie d’une amende d’un million de dirhams. Un architecte a écopé de la même peine, selon des informations rapportées après le rendu du verdict par Mohamed El Gheloussi, avocat au barreau de Marrakech et qui a suivi cette affaire.

Celui qui est également président de l’Association marocaine de protection des biens publics indique que trois autres personnes ont versé 300 000 DH de dommages et intérêts à la partie civile, en plus d’un dirham symbolique à l’ONG Transparency Maroc.

«L’Association marocaine de protection des biens publics a alerté à plusieurs reprises sur les agissements du directeur de l’Agence urbaine au niveau de la région Marrakech-Safi. Nous avons enregistré des plaintes dans ce sens», a souligné précédemment à Yabiladi Mohamed El Ghelloussi.

Réagissant ce jeudi matin auprès de notre rédaction, il a salué «un verdict qui est une victoire pour la reddition des compte et la lutte contre l’impunité». Par la même occasion, il a appelé à ce que «la rapidité et la fermeté de traitement ayant marqué cette affaire ne soient plus l’exception mais la règle dans ce genre de dossiers».

«Le rôle de la justice est justement de se saisir rapidement et de manière intransigeante des véritables questions que sont la corruption et l’enrichissement illicite, au lieu d’employer ses efforts à multiplier les procès d’opinion expéditifs et qui ne font pas avancer les réformes sociales et économique que le pays entreprend», glisse encore l’avocat.

Une affaire qui entache la gestion régionale

Ces révélations et l’ouverture de l’instruction ont en tout cas été précipitées par la délation d’un promoteur immobilier victime de Khalid Ouaya, alors en exercice et qui a été démis de ses fonctions avec l’ouverture de l’instruction. Dans la foulée, l’ex-directeur de l’AUM a été pris en flagrant délit de corruption, sur la base d’un signalement à propos de sa réception de la somme de 500 000 dirhams en liquide.

Alors qu’il a été immédiatement mis en examen, une perquisition à son domicile a permis par ailleurs de saisir un chèque de 2,5 millions de dirhams, au nom d’une entreprise de conseil immobilier appartenant à son épouse. Selon les éléments recueillis par Yabiladi auprès de Me El Ghelloussi, cette structure a «servi de couverture aux activités du directeur, dont nombre de promoteurs et investisseurs immobiliers à Marrakech ont subi chantage et extorsion».

En effet, la partie civile dans le cadre de ce procès s’est plaint que Ouaya ait exigé d’elle ledit pot-de-vin, contre l’accélération des procédures d’une autorisation administrative. C’est au moment de la réception de la somme que son arrestation s’est d’ailleurs faite.

Depuis l’ouverture cette affaire, l’Association marocaine de protection de l’argent public a alerté sur «des responsables gravitant autour du cercle des mis en cause» et qui, selon elle, «ont le bras long dans la région» pour la «falsification d’autorisations de construction».

Quelques mois plus tard et dans le cadre d’une autre affaire, l’ONG a indiqué que l’ancien président du conseil régional de Marrakech, Abdelali Doumou, était dans le collimateur de la justice à cause de déséquilibres financiers et juridiques ayant entaché la gestion publique de la région sous son mandat.

Article modifié le 06/02/2020 à 13h53

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