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Grand Angle

Nizar Baraka nouveau chantre du populisme fiscal au Maroc [Edito]

En bon ex-ministre de l’Economie et des finances, Nizar Baraka se réveille à chaque vote du projet de loi de finance. Désormais dans l’opposition molle, le secrétaire général du parti de l’Istiqlal nous a fait un numéro burlesque de populisme fiscal. 

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Scène culte du film «Drôle de drame» de Marcel Carné
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«Bizarre Nizar, comme c’est étrange !» Il y a chez Nizar Baraka, un côté évêque comme le jouait si bien Louis Jouvet dans le film «Drôle de drame». C’est en effet un drôle de drame que nous jouent Nizar Baraka et le parti de l’Istiqlal depuis plusieurs décennies. Après avoir milité pour une arabisation chaotique de l’enseignement public, les voilà qui s’enorgueillissent de vouloir offrir un cadeau fiscal aux classes les plus favorisées qui scolarisent leurs enfants dans l’enseignement privé.

Loin d’être deux actions disjointes, elles se complètent tellement à la perfection qu’elles constituent les deux étapes clés de la destruction de l’enseignement public comme ascenseur social. Après avoir saboté l’instrument d’émancipation des pauvres les plus brillants du pays, Nizar Baraka, secrétaire général du PI, défent une réduction d’impôts sur le revenu aux familles qui justifient du paiement de frais de scolarité dans le pays. Bizarre, bizarre, comme c’est étrange !

Ainsi, dans un pays où le consentement à l’impôt pose problème, l’ancien ministre de l’Economie et des finances milite pour que les foyers les plus aisés contribuent encore moins au budget de l’Etat et donc à l’enseignement public déjà bien mis à mal. La majorité des personnes susceptibles de profiter de ce cadeau fiscal vont applaudir. Mais si cette mesure avait été votée dans le PLF2020, elle aurait ouvert la voie à une dangereuse logique d’individualisme consumériste. Et pourquoi pas, demain, une mesure fiscale pour les contribuables se soignant dans le système de santé privé. Et après demain, les habitants des villas cossues pourront déduire le coût des agents de sécurité de leur impôts et taxes ?

Nizar Baraka, réajustant ses lunettes fiscales pour le PLF2020 / Archive - Ph. AFPNizar Baraka, réajustant ses lunettes fiscales pour le PLF2020 / Archive - Ph. AFP

Le clientélisme fiscal défonceur du trône

Chemin faisant, Nizar Baraka et ses amis députés qui ont soutenu cet étonnant cadeau fiscal légitiment le questionnement de nos concitoyens les plus favorisés quant à l’utilité de payer des impôts pour des services publics qu’ils estiment inutiles ou insuffisants. Etrange évolution pour le parti de l’indépendance que de contribuer au délitement de ce qui fait de nous une nation. Bizarre, bizarre, comme c’est étrange !

Ce clientélisme fiscal porté par Nizar Baraka (mais aussi par d’autres élus d’autres partis) a visé -avec des succès différents- les retraités les plus aisés, ainsi que les cafés et restaurants. Pour ces derniers qui ne sont pourtant pas réputés pour être de grand contributeurs fiscaux, le secrétaire général du PI se félicite d’avoir permis la baisse de la TVA de 20 à 10%, pariant comme Nicolas Sarkozy dans le passé, que ce coup de rabot de moitié, s’applique dans les prix pratiqués par les cafés et restaurants et donc bénéficie aux consommateurs. Un vœux pieux dans un Maroc où les sous déclarations de TVA sont très répandues dans les secteurs où circulent de gros volumes d’argent liquide. Bizarre, bizarre, comme c’est étrange.

Cette série de tweets perchés de l’économiste istiqlalien nous renseigne à nouveau sur la déconnexion de l’élite politique marocaine avec les réalités économiques et sociales de notre pays. On ne sait pas si avec ses perles, sous forme de gazouillis, Nizar compte réinventer la poésie burlesque de Jacques Prévert et Marcel Carné, ou plutôt plonger les Marocains dans un vaudeville.

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