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Grand Angle

L’immolation, une question à prendre au sérieux par le gouvernement Benkirane

Aujourd’hui, l’immolation par le feu est devenue un fait social. Au Maroc, diplômés chômeurs retraités, posent cet acte pour exprimer leur exaspération face au système en place. Le cri qu’ils émettent, même porté par la voix la plus enragée possible ne suffirait pas pour exprimer ce qu’ilségalement adoptée au Maroc comme un moyen de se faire entendre. Ce qui devrait attirer un peu plus l’attention du gouvernement.

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Après le décès de l’un des trois diplômés chômeurs qui tentaient de s'immoler la semaine dernière, le Royaume a perdu encore un autre fils. Un retraité chômeur immolé hier devant le tribunal de grande instance de Kelaâ Sreghna, une ville dans la région de Marrakech, est décédé, rapporte Goud.ma. Une enquête a été ouverte et jusqu’à présent, aucune précision n’est donnée quant aux causes de son acte. «L’enquête étant en cours, je ne peux rien dire pour le moment», déclare le procureur de la ville à Yabiladi. Mais le phénomène en lui-même pousse à la réflexion.

D’un point de vue sociologique

Selon le sociologue Abdelbaki Belfkih, l’immolation dans la société marocaine n’est pas un fait à prendre à la légère, «c’est un processus». Il évoque le fait que c’est le corps qui est mis en jeu, «c’est lui qui parle». «C’est comme quand on a utilisé tous les moyens et qu’on les a épuisés. On utilise à ce moment ce qui nous reste. Dans le cas présent, c’est le corps. Autrefois, c’était l’eau, à travers les noyades, aujourd’hui c’est le feu. Ce qui attire mon attention c’est que le langage a changé. Après le corps il n y a plus rien», explique-t-il à Yabiladi.

D’un autre côté, on pourrait voir cet acte comme un suicide. C’est d’ailleurs ce que pense une bonne partie de l’opinion publique. «Il faut comprendre que derrière ces individus, il y a tout un contexte à ne pas nier, père malade, enfants non scolarisés, etc. C’est un individu suicidaire, certes, mais par son acte, il espère que les choses changent»,developpe M Belfkih. 

«Ce qui est encore plus marquant, c’est que l’utilité du corps transcende les normes religieuses. Aller au-delà même su sol théologique et dogmatique pour se faire entendre. C’est fort. Pourvu que cela attire l’attention des pouvoirs en place», conclut le sociologue.

D’un point de vue politique           

Tout a commencé en Tunisie avec Mohamed Bouazizi. Aujourd’hui, ce modeste marchand de fruits, à l’origine de la révolution tunisienne et du printemps arabe est rentré dans l’histoire des martyrs de son pays en s’immolant. Cet acte a entrainé la chute du clan Ben Ali qui dirigeai le pays d'une main de fer. Une fois le printemps arabe décrété, les tentatives d’immolations se sont succédées avec des intervalles de temps relativement courts au Maroc.

«On a atteint un stade où les gens refusent d’être indignés. Pour moi, c’est une manière de refuser de subir l’injustice. En réalité, ce n’est pas tellement le chômage qui est le vrai problème. Au Maroc, il y a des gens qui trouvent facilement le travail tandis que d’autres doivent trimer, c’est ça le problème, le sentiment d’être lésé», déclare à Yabiladi le politologue Mohamed Darif. 

Il faut dire que «Mohamed Bouazizi n’était pas le premier cas d’immolation, même au Maroc, nous l’avons connu. Mais vu l’impact de son acte et le résultat en Tunisie, on a assisté à la naissance et l’émergence d’une culture de protestation et de contestation contre l’indifférence des autorités. Avant on se contentait de manifester, aujourd’hui on a commencé à croire que le changement était possible si on va plus loin», ajoute M. Darif.

Les intentions du gouvernement...viables ?

Les diplômés chômeurs continuent leurs revendications. Hier encore ils manifestaient réclamant une intervention du gouvernement. En effet, on a assisté à un évènement historique, où le ministre de la Justice en personne va à la rencontre des jeunes : pour Mustafa Ramid il faut que les choses soient claires. «Les gens qui se sont immolés par le feu sont responsables de leurs actes», a-t-il déclaré aux jeunes diplômés chômeurs. «Si vous avez des doléances, présentez-les moi de manière formelle et je m’en occuperai», a-t-il ajouté.

Une promesse à laquelle ne croit pas M. Darif. «Je ne crois pas qu’ils possèdent des solutions. Actuellement le ministre peut dire cela, mais je ne crois pas». D'une part, les manifestations contre le chômage ne datent pas d'aujourd’hui. Le politologue fait remarquer que ces jeunes demandent une insertion à la fonction publique et refusent le privé. «Je les comprends !», lance-t-il, faisant remarquer que l’Etat n’a rien fait pour que le secteur privé présente des garanties pour les jeunes. «Seulement 12% des entreprises dans le ce secteur respectent leurs engagements de CNSS. Adopter un discours tranquillisant ne contribue pas à résoudre le problème. Il faut repenser ce problème d’immolation, il n’y a pas que les diplômés chômeurs, il y a les retraités, ainsi que des personnes qui se sont immolées parce qu’elles avaient des problèmes avec le gouvernement, argumente-t-il».

Dire que les personnes qui s’immolent sont responsables de leurs actes, ce n’est pas tout à fait vrai, selon M. Darif. «Ces jeunes diplômés souffrent du chômage et cela fait des années qu’ils revendiquent. M. Mustafa Ramid et son parti endossent une partie des responsabilités. Quand ils étaient de l’opposition, ils ont toujours critiqué le gouvernement en place. La position du PJD aujourd’hui est différente de celle qu’il avait avant. Ils disent qu’ils vont trouver des solutions. Je ne crois pas, parce que son parti a des ministères qui ne font pas dans le social. Tout ça n’a pas commencé aujourd’hui», a-t-il conclu. L’heure est actuellement aux attentes des réactions du gouvernement face à l’immolation des citoyens, avec actuellement deux décès enregistrés en l’espace de moins de deux semaines.

Désespoir, désespoir quand tu nous tiens...
Auteur : MDR007
Date : le 28 janvier 2012 à 00h12
Clairement car à coup sûr, ils ne trouveront jamais de job.
les bruleur brulé
Auteur : bountaf
Date : le 27 janvier 2012 à 22h42
se bruler les gar ce n est pas la bonne solution
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