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Grand Angle

Maroc : La lutte contre le sida ne doit pas faiblir

Les chiffres du SIDA sont notamment élevés dans la région du Nord, particulièrement auprès des professionnelles du sexe et des consommateurs de drogues injectables. L’Association de lutte contre le sida (ALCS) insiste auprès de ces personnes sur l’importance du traitement. 

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Photo d'illustration. / DR
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«Le sida est toujours là», ainsi que l’a rappelé l’Association de lutte contre le sida (ALCS) à l’occasion du Sidaction Maroc, depuis l'année dernière, et la sensibilisation au dépistage et à l’importance des traitements est donc d’une importance capitale.

Au Maroc, trois régions concentrent près de 65% des cas (Souss Massa, Marrakech-Safi et Casablanca- Settat). Une prévalence plus élevée dans certaines villes comme Marrakech (5,7%), Casablanca (9%), Nador (13,2%) et Tétouan (7,1%), entre autres chiffres communiquées par l’ALCS dimanche 1er décembre, journée mondiale du sida.

«Les chiffres sont élevés dans la région du Nord, effectivement à Tétouan et Nador, particulièrement auprès des professionnelles du sexe et des consommateurs de drogues injectables, qui s’échangent les seringues entre et se contaminent. C’est la raison pour laquelle le VIH se répand dans cette population», nous explique Dr. Hamid Zeroual, président de la section de Tanger de l’ALCS.

La prévalence du VIH est faible au sein de la population générale marocaine, à hauteur de 0,08% : 1,3% chez les professionnelles du sexe féminin (PSF) ; 4,5% en moyenne chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (mais 9% à Casablanca) ; 7,1% en moyenne chez les personnes qui s’injectent les drogues (mais 13,2 % à Nador).

Les trois «90»

«Notre but, c’est d’inviter les personnes contaminées à se présenter dans notre centre référent à l’hôpital Duc de Tovar, dirigé par le ministère de la Santé et à disposition de l’ALCS. La trithérapie y est disponible», ajoute Dr. Hamid Zeroual. Deux médecins s’y relaient en plus d’un membre de l’ALCS qui les épaule dans la prise en charge des patients. «On leur explique qu’il est très important qu’ils prennent leur traitement et ne s’évaporent pas dans la nature. Parfois, on en perd certains de vue, mais la majorité des patients infectés prennent correctement leur traitement», assure-t-il.

Des comprimés uniques ont vu le jour, associant quatre molécules. Ainsi, au lieu de prendre 3 ou 4 médicaments antirétroviraux, par exemple, ceux-ci sont combinés en un seul comprimé, pris une fois par jour.

L’ALCS Tanger (et Maroc globalement) s’inscrit dans l’objectif des «trois 90», rappelle le président de la section tangéroise : à l’horizon 2020, 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique ; 90% de toutes les personnes infectées par le VIH dépistées reçoivent un traitement anti rétroviral durable ; 90% des personnes recevant un traitement antirétroviral ont une charge virale durablement supprimée. Une avancée de taille, estime ce médecin :

«Avant, on considérait qu’il fallait attendre que la charge virale atteigne un certain niveau de concentration pour commencer le traitement. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas.»

Dr. Hamid Zeroual

Probable départ du Fonds mondial

L’ALCS s’inquiète en revanche d’un probable départ du Maroc du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, la fondation jugeant les résultats obtenus au Maroc suffisamment convaincants, rappelle Le Monde. Cette dernière finance notamment deux programmes : le premier destiné aux professionnelles du sexe féminin et le second aux populations des centres pénitentiaires.

«Si le fonds mondial part, ça va faire mal à notre politique. On va manquer de financement», s’inquiète Dr Hamid Zeroual. Signe de l’importance capitale de ce fonds : la mise en place prochaine de l’autotest au Maroc doit être financé par lui.

Il n’empêche que sur le terrain, l’ALCS ne lâche pas du lest. Le dépistage, gratuit et anonyme, est effectué dans des Centre d’information et de dépistage anonyme et gratuit (CIDAG), fixes ou mobiles, par des conseillers communautaires formés par le ministère de la Santé.

Chaque section de l’ALCS a les siens (Tanger en a six) et ils ont toute leur importance : «Avant, on ne pouvait faire des dépistages que les mardis et jeudis avec le médecin du CIDAG. Désormais, on peut en faire du lundi au jeudi dès 13 heures grâce aux conseillers communautaires», se félicite Mariama Darkaoui, médiatrice thérapeutique et sociale pour l’ALCS Tanger.

Article modifié le 04/12/2019 à 19h50

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