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Grand Angle

Amazighité : L’anniversaire du discours royal d’Ajdir passé inaperçu

C’est presque dans l’indifférence général que le Maroc a commémoré le 18e anniversaire du discours royal du 17 octobre 2001 à Ajdir, consacré à l'amazighité.

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Photo d’illustration / DR
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Le 17 octobre 2001, le roi Mohammed VI prononçait à Ajdir (relevant du territoire administratif de Khénifra) un important discours consacré à l’amazighité. Il a le mérite de remettre en question, de la manière la plus solennelle, une certaine conception monolithique de la culture marocaine. Une reconnaissance au sommet de l’Etat d’un Maroc pluriel et la réponse idoine à des doléances du mouvement amazigh qui vieilles de plusieurs décennies.

Depuis cette importante intervention royale comment se porte l’amazighité au Maroc ? Un bilan mi-figue, mi-raisin pour la plupart des acteurs associatifs amazighs que nous avons interrogé. «Il y a eu des avancées indéniables depuis le discours d’Ajdir dont la plus emblématique reste la création de l’Institut royal de la culture amazighe marocaine», déclare Rachid Raha, le président de l’Assemblée mondiale amazighe. Mais il tempère tout de suite : «Malheureusement, les partis politiques -majorité comme opposition- n’ont cessé de manœuvrer pour réduire les prérogatives de l’IRCAM et lui retirer sa qualité d’institution consultative.»

Pris dans sa fougue, il fustige : «Ce sont des manœuvres contraires à l’Histoire. L’avenir appartient à l’amazighité. Il est de temps de tourner la page des années de discrimination raciale subie par la population berbérophone.»

Plus terre à terre, il aborde la question de l’enseignement de l’amazigh qui lui tient à coeur. «L’enseignement de la langue et la culture amazighe aurait pu être une action louable pour réellement tourner cette sombre page. Malheureusement, cet objectif fait face à des obstacles tel que le nombre insuffisant d’instituteurs. L’ONU a estimé que pour 4,4 millions d’écoliers amazighs il faut 100.000 enseignants», regrette-t-il.

«Le discours d’Ajdir a mis un terme à une certaine barrière psychologique»

Rachid Bouksim, le directeur artistique du festival international Issni N'Ourgh du film amazighe, insiste surtout sur le changement de paradigme sur la question amazighe depuis le discours d’Ajdir. «Ce discours a permis aux cadres du ministère de l’intérieur, de formations politiques et d’une partie de la société civile longtemps bercés d’illusions sur l’unité arabe, de transcender leurs doutes voire même leurs peurs de tout ce qui s’apparente à la culture amazighe», affirme-t-il.

Depuis le 17 octobre 2001 une nouvelle dynamique a vu le jour, selon l’artiste. «La culture amazighe s’est rebellée contre la conception folklorique dans laquelle elle était otage durant des décennies. Désormais, elle bénéficie d’un appui financier régulier de la part de l’IRCAM mais aussi du ministère de la Culture. Cela a permis la création de troupes de théâtre et de groupes de musiques qui sillonnent le Maroc et l’Europe», s’est-il félicité.

Néanmoins, il tient a nuancé ce tableau qui semble tout rose. «Des promesses attendent encore d’être concrétisées sur le terrain», prévient-il. En effet, «les acquis sont fragiles», constate Abdellah Baddou, le président de l’association Azeta, qui regroupe des dizaines d’ONG amazighes. «La disparition dans les mois à venir de l’IRCAM, en tant qu’institution indépendante, fragilise davantage ces réalisations», explique-t-il.

D’Ajidr à nos jours, les revendications du mouvement amazigh ont évolué. Si au début elles avaient un cachet culturel, elles se sont progressivement affirmées sur le terrain politique. L’absence d’une offre partisane qui répond à leurs demandes, encourage les organisations amazighes à tenter l’aventure de la création de leur propre enseigne politique. Une aventure qui s’est avérée compliquée par le passée.

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