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Grand Angle

Bouarfa : Une association dénonce l’impunité d’un enseignant poursuivi pour pédophilie

Dans la commune de Bouarfa (province de Figuig), l’impunité d’un enseignant d’école primaire soupçonné de pédophilie menace le déroulement de l’année scolaire des enfants qui ont porté plainte pour harcèlement et agressions sexuelles. Pour cause, le suspect a repris le cours normal de son travail, après comparution devant le juge d’instruction.

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Photo d'illustration / Ph. DR.
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A l’école Dakhla de Bni Tadjite, dans la commune de Bouarfa, la rentrée scolaire courante n’a pas démarré sous les meilleurs auspices. Depuis le 28 septembre dernier, l’établissement est secoué par une affaire de pédophilie impliquant un enseignant de CM1 et six élèves de neuf ans, contraintes d’esquiver le professeur qu’elles accusent de harcèlement et d’agressions sexuelles. Pourtant, le mis en cause a comparu devant le juge d’instruction à la cour d’appel d’Oujda, qui l’a entendu puis a décidé de continuer les poursuites en liberté provisoire.

Ainsi, l’enseignant a repris normalement son poste, ce qui a terrorisé les plaignantes, restées dans leurs maisons pendant une semaine. La situation a suscité la colère des parents et de l’association Touche pas à mes enfants, qui a alerté sur l’affaire dans un communiqué parvenu à Yabiladi ce lundi.

Parmi les six parents plaignants, l’une a fini par retirer sa plainte, mais malgré les nombreuses supplications de la famille du prévenu auprès des autres victimes présumées et de leurs proches les cinq autres ont maintenu leur plainte. 

«Des membres de sa famille sont venus me voir, avec sa mère, sa belle-mère, sa sœur et son fils en bas âge qui ont commencé à me supplier afin que je retire la plainte. Devant la gendarmerie déjà, il avait fait la même chose, mais je leur ai dit que nos enfants ne pourront pas nous pardonner de les laisser exposés à une telle injustice», explique Houcine Boukheddou, père de l’une des écolières plaignantes, à Yabiladi.

Les victimes présumées éloignées au lieu du prévenu

«Le prévenu devait être éloigné le temps du procès et de la procédure pour permettre aux filles de continuer le cours normal de leur scolarité», explique Houcine Boukheddou. Ce lundi, il nous informe avoir décidé, avec les autres parents plaignants, de déplacer temporairement les enfants verd d’autres classes.

Depuis la comparution du prévenu puis sa remise en liberté, les écolières ayant porté plainte «ont dû sécher l’école pendant une semaine», jusqu’à ce qu’il soit décidé qu’elles suivent leurs cours chez un autre enseignant en attendant de trouver une solution durable, nous explique Houcine Benkheddou et Najia Anwar, présidente de l’Association Touche pas à mes enfants qui s’est portée partie civile.

Tout a commencé lorsqu’une mère d’élève s’est plaint de sévices sur sa fille, le 28 septembre dernier, nous explique Houcine Boukheddou. «L’enseignant a pris la fuite via la muraille arrière de l’établissement, au lieu de confronter la mère et assumer ses actes», se souvient-t-il. «Chacun des parents a ainsi demandé à ses filles ce qui s’est passé à l’école et il s’est avéré que l’enseignant convoquait de manière répétées les élèves derrière son bureau en classe pour s’adonner à des attouchements sur elles», affirme le père de famille à Yabiladi.

«Une commission a enquêté en interne dans l’établissement et les filles ont donné des déclarations concordantes. De ce fait, une plainte a été déposée à la gendarmerie. Les filles et leurs parents ont chacun donné les mêmes déclarations, mais la décision du juge qui n’a d’ailleurs pas entendu les écolières a été autre.»

Houcine Boukheddou, père de l’une des écolières plaignantes

C’est justement ce que dénonce l’association Touche par à mes enfants, qui condamne la décision en fustigeant un comportement «anti pédagogique qui nuit aux enfants comme symbole de l’avenir du pays». Dans ce sens, l’ONG exige du ministère de la Justice de «prendre les mesures qui s’imposent pour la bonne application de la loi» afin de protéger les droits des plaignantes.

Par ailleurs, l’association interpelle le ministère de l’Education nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique pour suspendre ses activités pédagogiques jusqu’à la fin du procès. Contacté par Yabiladi, l’avocat de l’association, Youssef Gharib annonce déposer une demande de recours auprès du tribunal afin de revoir la décision de poursuivre le prévenu en liberté provisoire.

Article modifié le 08/10/2019 à 02h10

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