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Grand Angle

Maroc : Qui sauvera le centre de l’enfance de Bernoussi ?

La situation aura duré deux mois. Au cours de cette période, les 300 bénéficiaires du centre de l’enfance de Sidi Bernoussi (Casablanca) n’ont plus rien eu à manger, n’ont pas bénéficié de soins médicaux et n’ont pas pu préparer la rentrée scolaire. Ce vendredi, une proposition de solution a été débattue.

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Un précédent sit-in devant la maison de l'enfant de Sidi Bernoussi en 2016 / Ph. DR.
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La gestion du centre de l’enfance de Sidi Bernoussi (Casablanca) pourrait bientôt voir le bout du tunnel. C’est en tout cas ce que laissent entendre plusieurs membres de l’institution, à l’issue d’une réunion de travail ce vendredi entre les salariés, la préfecture des arrondissements et la direction du centre pour filles d’Aïn Chock.

«Il a été décidé que le directeur de ce centre, également huissier de justice, s’occupe de notre maison de l’enfant par intérim», nous déclare un responsable. «Il a aussi promis que les salaires seront versés dès lundi et a reçu une dizaine de bénéficiaires du centre âgés de 18 ans et plus pour examiner leur situation respective», explique Anouar Fathi, bénéficiaire de l’institution et aujourd’hui chargé de stockage des fournitures qui lui sont acheminées.

Cette ouverture pourrait être annonciatrice de la sortie du centre d’une longue crise, où il a dû compter principalement sur les dons de particuliers et d’associations externes pour couvrir les besoins vitaux de ses pensionnaires. En effet, les origines des défauts de gestion remontent à il y a près de deux ans, selon les déclarations des bénéficiaires du centre à Yabiladi.

Un centre en situation de survie

Abdelkrim Amal fait partie des anciens bénéficiaires decette institution depuis 1992. Il nous raconte que «le premier coup porté à la gestion du centre a été le retrait des employés qui avaient été mis à la dipsosition par la préfecture d’arrondissements pour le bon déroulement de la gestion».

Depuis, «le local a compté majoritairement sur la partie du personnel payé par l’Entraide nationale, jusqu’à ce que cette dernière supprime aussi l’enveloppe allouée à cet effet». Par conséquent, «l’association gestionnaire a dû payer les salaires elle-même, ce qui l’a endettée considérablement», déplore Abdelkrim.

De plus, «la préfecture d’arrondissements a failli à son devoir d’intégrer les bénéficiaires à l’issue de leur diplomation, ce qui a poussé le directeur à déposer sa démission et l’association à se retirer», nous explique pour sa part Anouar Fathi. Selon lui, «beaucoup parmi les pensionnaires ont besoin de travailler, d’avoir un logement, ou continuer leurs études ailleurs», surtout qu’«ils sont nombreux à avoir obtenu des diplômes, des masters, ...»

«La préfecture refuse d’aider la structure à trouver de nouveaux horizons à ces jeunes et le directeur a donc décidé de se retirer, donnant lieu à un vide de gestion.»

Un bénéficiaire du centre

Sous son mandat, «l’association a écrit maintes fois au ministère de tutelle pour l'alerter mais sans succès», nous explique un responsable du centre qui a requis l’anonymat. Dans ce sens, Anouar Fathi ne décolère pas : «La ministre Bassima Hakkaoui doit tout simplement démissionner. Elle n’est à l’écoute d’aucune association.»

Une crise qui s’est enlisée ces derniers mois

Depuis ce départ qui a précipité le retrait de cette association, «la vie du centre s’est arrêtée», nous décrivent les bénéficiaires. «Il n’y a plus eu de financement, plus de prise en charge médicale, l’acheminement des fournitures a été mis à l’arrêt», ajoutent-ils.

Le centre de Sidi Bernoussi accueille 300 bénéficiaires dont une majorité d'adolescents âgés de 14 à 17 ans, mais aussi des adultes de 18 à 29 ans ; ce qui est un des reproches émis par les autorités locales. «Cette institution a besoin de venir en aide à tous les bénéficiaires, même ceux qui ont atteind l’âge adulte», martèle pour sa part Anour Fathi.

«Si nous les laissons partir alors qu’ils sont sans-emploi, ils risquent de sombrer dans la délinquance. Nous voulons qu’ils se rendent utiles à la société qui doit les intégrer à leur sortie et non pas les marginaliser.»

Anouar Fathi

Abdelkrim Amal affirme à Yabiladi que «la solution à la nourriture a enfin été trouvée, mais le plus grand défi est la scolarité, l’accès au marché de l’emploi, les soins médicaux et la literie». «J’ai un diplôme d’infographiste technicien supérieur. Il m’a été proposé de déposer un dossier de projet pour bénéficier d’une bourse, mais je ne l’ai jamais eue et ma requête est restée lettre morte. C’est le cas d’autres bénéficiaires qui ont des diplômes en mécanique ou dans d’autres secteurs», déplore-t-il encore.

Le traitement des dossiers de tous les bénéficiaires pourrait s’étaler dans le temps. Tous les espoirs reposent désormais sur la capacité de la direction intérimaire à régler les graves dysfonctionnements de la maison de l’enfant de Sidi Bernoussi.

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