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Grand Angle  

Enseignement supérieur : L’Algérie pourrait basculer vers l’anglais, le Maroc fidèle au français

En Algérie, le gouvernement se prépare à tourner la page du français dans les universités pour lui préférer l’anglais. Au Maroc, la rupture n’est pas encore d’actualité, au grand dam du PJD.

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La langue française vit-elle ses derniers jours dans les universités algériennes ? C’est du moins ce que laisse entendre l’enquête sur internet lancée depuis quelques semaines par le ministère de l’Enseignement supérieur et dont les résultats devraient être connus dans les prochains jours. Une annonce faite par le ministre Tayeb Bouzid sur sa page Facebook en réponse à la question d’un étudiant qui, visiblement, s’impatientait de connaître les conclusions du «sondage».

La presse algérienne affirme que le responsable est prêt à franchir le pas, rappelant que depuis sa nomination à ce poste, le 1er avril dernier, il prépare le pays à ce changement de cap radical. D’ailleurs sur les réseaux sociaux, Bouzid ne recourt plus au français pour sa communication avec les étudiants et les enseignants. En témoigne ses messages aux Algériens uniquement en arabe et en anglais à l’occasion de la fête de l’Aïd El Fitr ou encore son discours prononcé le 15 juin dans les deux langues lors du lancement de sa page Facebook.

Une réponse à une revendication soulevée par le Hirak et les islamistes ?

Armé de sa seule volonté, cet ancien diplômé de l’université de Washington s’est tourné tout naturellement vers les Etats-Unis pour l’aider à concrétiser sa vision. Ainsi le 21 juin, il coprésidait avec l’ambassadeur américain, John P. Desrocher, la cérémonie d’installation du comité de mise en œuvre et de suivi de l’accord de coopération scientifique et technique signé entre les deux gouvernements en avril 2018, d’après El Moujahid.

L’enthousiasme de Tayeb Bouzid envers l’anglais n’est pas la seule explication. Des considérations politiques seraient également en jeu, puisque l’abandon du français revient régulièrement dans l’argumentaire des islamistes et panarabistes algériens. En prenant l’initiative, le gouvernement essayera de regagner la confiance d’une partie de la rue, très hostile à l’intervention de la France dans les affaires internes de l’Algérie. D’ailleurs à l’occasion de nombreuses marches, les manifestants clamaient le départ des «fils de la France».

Au Maroc, pour l’instant, une telle perspective parait encore lointaine. Le PJD et ses relais médiatiques et associatifs ne sont pas encore parvenus à acter, ou du moins à mettre sur le rail, la mise à l’écart du français du système éducatif.

Et pourtant ses ministres, à l’image de Lahcen Daoudi, et ses hauts cadres sont ouvertement favorables au remplacement du français par l’anglais. Pour mémoire, à l’occasion de la séance inaugurale du 6e congrès du «Collectif national pour la langue arabe», organisé en mars à Rabat, Abdelilah Benkirane avait couvert d’éloges les progrès réalisés par le Rwanda de Paul Kagamé après avoir choisi la langue de Shakespeare. En cas d’adoption de l’anglais par l’Algérie, nul doute que le PJD en ferait un cas d’école, plus proche géographiquement et culturellement que le Rwanda. 

Article modifié le 02/07/2019 à 14h53

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