«Nous sommes des enfants de l’orphelinat» (hna oulad lkheyria). C’est en chœur et du fond du cœur que de nombreux anciens pensionnaires de l’orphelinat de Aïn Chok à Casablanca, ont affirmé leur origine et leur parcours. Ils ont voulu aussi témoigner ce que cette institution (démolie en 2006) leur a offert dans leur enfance : une famille que nous n’avions pas, diront certains, une rigueur et une pédagogie qui nous ont construits, dirons d’autres, ou encore un toit accueillant pour tous.
Ces orphelins sont devenus entre temps avocat, plombier, politique, ex-athlète de haut niveau, cadre administratif... Ils ont raconté leur histoire dans un documentaire mis en ligne depuis samedi sur Yabiladi.com. Dès lundi c’est un nouveau témoignage que nous recevions par mail de Mohamed El Jamri, chirurgien orthopédiste en France. Dans ce courrier transparaissait toute l’émotion et la nostalgie de l’adulte qui a redécouvert dans ce documentaire une partie de son enfance.
Il se remémore ainsi les visites régulières à Casablanca pour marcher à nouveau sur les traces de l’enfant qu’il était, vérifier que ses souvenirs des murs, des arbres, du terrain de sport sont restés intacts. Chaque retour au Maroc était l’occasion de pratiquer cette forme de pèlerinage dans l’orphelinat qui l’a vu grandir. Un peu comme ce besoin naturel pour de nombreux Marocains à l’étranger de revenir dans la terre qui les a vu naître et / ou grandir.
Les racines prennent des formes diverses et variées pour chacun d’entre-nous. Pour les orphelins, qui ont pour frères et sœurs tous les enfants qui étaient pensionnaires comme eux, ces racines sont plutôt un rhizome, tel que l’a écrit Edouard Glissant. Sur l’évocation de ce poète de la créolisation, nous avons le plaisir d’avoir au téléphone docteur Mohamed El Jamri.
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