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Grand Angle  

Quand un animateur de Radio Mars justifie un acte raciste visant deux joueurs de la Juve

Alors que de nombreux médias se sont indignés de la sortie médiatique du joueur italien Leonardo Bonucci ayant justifié l’acte raciste dont ont été victimes ses propres coéquipiers, sa position a été saluée mercredi par l’animateur de Radio Mars Lino Bacco. 

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Image d'illustration. / Ph. Shape
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«Les torts sont partagés». Telle a été la réponse faite par le défenseur de la Juventus Leonardo Bonucci en réaction aux cris de singe adressés par le public de l’équipe italienne Cagliari Calcio à l’intention de son coéquipier Moise Kean, lors du match qui s’est déroulé mardi. Une justification d’un acte raciste qui a été reprise au Maroc, mot par mot, par Lino Bacco, l’animateur vedette de Radio mars, lors de l’émission «Mars Attack» numéro 2274, diffusée mercredi matin.

Tout commence par une invitation lancée par l’animateur principal au chroniqueur radio à Azzedine Amara dans le cadre de la section «Coup de cœur/coup de gueule». Ce dernier choisit son coup de gueule, pour critiquer le joueur de Juventus, Leonardo Bonucci. «Il se prend pour je ne sais qui et donne raison à 50% au public de l’équipe contre qui a joué la Juve (Cagliari Calcio, ndlr) d’avoir fait des cris de singe» ayant visé des joueurs Blaise Matuidi et son coéquipier italien Moise Kean, déclare-t-il. «Il leur a dit que les torts sont partagés. Ne mérite-t-il pas une gifle ?», s’indigne-t-il.

Pour Lino Bacco aussi, «les torts sont partagés»

«Et les torts sont partagés. Oui», lui répond alors l’animateur radio Lino Bacco. «(Massimiliano) Allegri (entraineur de la Juventus, ndlr) a dit la même chose. Le président de Cagliari (Tommaso Giulini, ndlr) a dit la même chose. Les torts sont partagés», insiste-t-il encore une fois. «Kean a fait le clown quand il a marqué le but avec Matuidi. Il n’aurait pas dû», enchaîne-t-il avant de tenter de minimiser l’acte raciste.

«Tu es à l’extérieur. Tu marques et tu ridiculises ton adversaire. Tu n’as pas à ridiculiser ton adversaire. Si c’était un blanc qui aurait fait ça, ils auraient fait la même chose. Ils l’auraient traité par d’autres noms d’oiseau, c’est tout.»

Lino Bacco

Il persiste et signe, rappelant que les «Blancs» se font aussi «insultés sur les terrains de sports». «Avec des cris de singes et des bananes ? Tu es en train de délirer ce matin», lui lance l’un des co-animateurs. Le même lui rappelle qu’«il y avait des cris de singe» avant que Moise Kean ne marque son but. «Quand on marque un but, on n’a pas le droit d’être heureux ? C’est un bourricot ce Bonucci et Allegri aussi. Moi je les poursuivrai en justice», déclare Azzedine Amara.

Lorsque l’un des animateurs déclare que «l’Italie devient raciste», que «rien ne justifie cela» et que «c’est honteux», le journaliste sportif italien né au Maroc lui lance un «ça se discute».

Lino Bacco regrette de ne plus pouvoir dire «nègre»

Ses co-animateurs lui rappellent alors un «autre incident à Rome», où il y avait eu un «jet de peaux de bananes» sur des joueurs. Des faits que Lino Bacco semble contester. «Vous racontez n’importe quoi», leur réplique-t-il.

«Il y a la réaction, le fond et la forme. Pour moi, tu peux condamner la forme mais le fond, c’est que le public a été provoqué et que même un Blanc, s’il provoque le public, il va se faire insulter. Pire encore, ils vont traiter sa mère de ça, sa femme de ça,…»

Lino Bacco

«On parle d’un acte raciste Lino», insiste l’un des co-animateurs avant que furieux, Lino Bacco lui cite l’exemple du mot «nègre». «Quand tu vois qu’un Léopold Senghor parlait de négritude, aujourd’hui quand tu dis nègre, on te traite de raciste et tu dois dire noir alors que Léopold Senghor est le symbole de la négritude», abonde-t-il avant de s’interroger : «est-ce que tu peux dire nègre aujourd’hui ?». «Non, tu ne peux plus le dire, parce que c’est devenu péjoratif. Je condamne la forme, mais pas le fond», conclut-il.

Ce qui devait être un échange sur un match de foot a très vite dérapé en une forme d'apologie des gestes et termes racistes. Alors on ne peut plus rien dire ? Certains auditeurs sur Twitter en ont visiblement trop entendu !

Article modifié le 04/04/2019 à 20h36

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