Hasard du calendrier. Deux jours après l’attentat terroriste à Imlil, le Conseil supérieur des oulémas a tenu le vendredi 21 décembre sa 27e session automnale. Dans pareilles et douloureuses circonstances, l’opinion publique au Maroc et ailleurs aurait pu s’attendre à une réaction de la part de l’instance officielle par la diffusion d’un message de paix et de compassion avec les victimes.
Dans des déclarations à la presse rapportées par la MAP, le secrétaire général du Conseil, Mohamed Yssef, a opté pour la fuite en avant. Au lieu de commenter l’acte terroriste commis par des extrémistes et de le condamner fermement, il a préféré pointer du doigt le comportement de la jeunesse.
«Les générations montantes se comportent de façon inappropriée au regard du référentiel moral, des traditions et coutumes de la Oumma.»
Un silence qui soulève des interrogations
«La mission des oulémas est justement de veiller à ce que les constantes de la nation soient protégées et de guider les gens sur le chemin de Dieu», a clamé le secrétaire général du CSO. Et d’insister sur l'attachement du Maroc à la pratique religieuse basée sur le juste milieu, la modération et la tolérance.
Le secrétaire général a observé le silence sur l’assassinat des deux touristes scandinaves par des fanatiques ayant prêté allégeance à Daesh, bien avant de passer à l’acte. C’est dire à quel point ils étaient décidés à commettre un attentat terroriste. Les menaces proférées, par ailleurs, par le chef du groupe dans l’enregistrement ne laissent guère de doute sur leurs véritables intentions.
Ce silence des religieux officiels du Maroc, même s’il sera très certainement rompu dans les prochains jours, n’est pas sans soulever des questions. Il est même inquiétant alors que la même instance s’était empressée d’émettre une fatwa clarifiant la véritable définition du «jihad», seulement vingt-quatre heures après les attentats terroristes de Paris du 13 novembre 2015 revendiqués par Daesh. Une fatwa saluée par la classe politique au Maroc et en France.