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Grand Angle

L’ombre de Daesh sur le Toubkal

Ils seraient 4, comme les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse cités dans le Nouveau Testament. Quatre illuminés assoiffés de sang qui, au nom de Dieu, ont commis la barbarie sur deux femmes innocentes, venues seulement admirer la beauté de l’Atlas.

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Les deux touristes scandinaves, Louisa et Maren, dont les corps sans vie ont été retrouvés lundi près de Sidi Chamharouch. / Ph. DR
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Louisa Jespersen, une Danoise de 24 ans, et Maren Ueland, une Norvégienne de 28 ans ont perdu la vie dans des conditions atroces alors qu’elles étaient venues découvrir la région du Toubkal. Elles croyaient rencontrer la population de l’Atlas connue pour son accueil chaleureux, elles croiseront Daesh à Chamharouch.

Mais que vient faire le drapeau noir de l’organisation «Etat islamique» près du sanctuaire de Sidi Chamharouch ? Le rocher blanc à la gloire du saint vénéré par la tribu Aït Mizane n’est-il pas le symbole de tout ce qu’exècre les extrémistes islamistes ? Le blanc immaculé est désormais souillé par le crime infâme de ces terroristes.

Ainsi le monde rural, le Maroc profond, est lui aussi touché par la barbarie. Cette menace terroriste qu’on croyait réservée aux villes ébranle désormais la vie paisible de ces tribus qui ne voyaient Daesh qu’à la télévision. Contrairement aux agglomérations de «blad Makhzen», «blad siba», contrées autrefois rebelles au pouvoir central, avait jusqu’ici été préservées par la haine. Preuve que Daesh n’est pas la résurgence d’une violence médiévale, mais l’enfant de la modernité.

Un mal venu d’ailleurs mais qui a grandi dans le cœur noirci de certains de nos compatriotes. Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse ne sont très certainement pas issus de la tribu Aït Mizane qui doit vivre le meurtre des deux alpinistes scandinaves comme la perte de deux des leurs. Un drame pour une si petite et si paisible communauté. 

La quiétude de «Blad siba» touchée par les horreurs de la société moderne

Si le lieu de l’acte criminel constitue en soi un précédent pour un Maroc qui a vécu les principaux attentats terroristes dans les villes, le modus operandi est tout aussi inquiétant. Après la fusillade de l’Hôtel Asni de Marrakech (1994), les attentats kamikazes de Casablanca (2003), et l’attentat à la bombe au café Argana à Marrakech (2011), le Royaume découvre l’horreur des terroristes égorgeurs. 

Ces deux nouveaux éléments du terrorisme touchant le Maroc doivent interroger à la fois le système sécuritaire marocain mais également notre société qui a enfanté ces démons. Notre système éducatif sclérosé, notre indulgence face aux propos haineux, nos ambiguïtés concernant les idées rétrogrades et liberticides, mais aussi notre inquiétante appétence pour la mort et la loi du talion. 

Ce dernier crime venu ternir la cime enneigée du Toubkal nous interpelle en tant que Marocains car commis par des Marocains, contrairement au premier attentat islamiste perpétré au Maroc par des étrangers. Il serait trop facile de penser que le mal qui ronge notre pays, contenu difficilement par nos services de sécurité, n’est qu’un virus venu d’ailleurs.

Si Sidi Chamharaouch est connu comme étant le sultan des djins, ces créatures du monde invisible n’étant pas humaines, les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse de l’Atlas sont bien humains... et même Marocains.

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