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Grand Angle

Maroc : La Cour des compte épingle le ministère de l'Education nationale

Un rapport de la Cour des comptes fait état de nombreux dysfonctionnements qui gangrènent le programme d'urgence (PU) du ministère de l'Education nationale. Selon l’instance, le programme «n’a pas réalisé tous ses objectifs et n'a pas eu les effets attendus sur le système éducatif». Détails.

(avec MAP)
Publié
Photo d'illustration./Ph.DR
Temps de lecture: 3'

«La Cour des comptes considère que le programme d'urgence n'a pas réalisé tous ses objectifs. Il n'a pas eu, non plus, les impacts souhaités sur le système éducatif, dans la mesure où le ministère concerné n'a pas pris suffisamment en compte certaines règles fondamentales du cycle de toute politique publique lors de la planification, la programmation, l'exécution et la gouvernance», écrit l'instance dans son rapport sur l'évaluation du PU du ministère de l'éducation nationale, publié ce mercredi.

Les raisons soulevés dans le rapport sont «l’absence d’un diagnostic précis de l’état des lieux et des préalables nécessaires à la mise en œuvre de tout programme, de l’évaluation des risques et des solutions alternatives». De plus, il n’a pas été également tenu compte, en particulier des capacités de gestion des différentes parties prenantes impliquées dans la mise en œuvre du programme, eu égard à la consistance et à la nature des actions à entreprendre, ajoute le rapport.

Pourtant, malgré «l'effort budgétaire consenti par l’Etat» qui a enregistré une augmentation de 230% par rapport aux crédits ouverts au cours des quatre années précédentes, les performances ont été faibles au niveau de l’engagement et du paiement souligne le rapport. En effet, sur une enveloppe globale, hors masse salariale, de 43,12 milliards de dirhams (MMDH), «les engagements ont été de 35,05 MMDH et les paiements effectifs n'ont été que de 25,15 MMDH, soit un taux de paiement de 58%, largement inférieur au taux d'exécution des budgets sectoriels constatés au niveau du Budget général de l'Etat durant la même période», précise la Cour.

Insuffisance des infrastructures

La Cour des comptes revient sur les nombreux dysfonctionnements dont souffre le système éducatif. Il s’agit notamment de «l'insuffisance de la capacité d'accueil, la non couverture de l'ensemble des communes rurales par des collèges, l'exploitation des établissements scolaires en état de dégradation et la non généralisation de l'enseignement préscolaire».

Concernant la capacité d’accueil, qui était porté à un  objectif de 1.164 établissement scolaires prévus par le PU, «les réalisations n'ont été que de 286, soit 24,6%, alors que le taux de réalisation de l'objectif de l'extension des établissements existants n'a pas dépassé les 57,6% (4.062 nouvelles salles sur les 7.052 prévues)» relève la même source.

La réhabilitation et l’aménagement des établissements scolaires déjà existants, le constat est terrifiant. A ce jour, il y a «6.437 établissements sans réseaux d'assainissement, 3.192 établissements non raccordés au réseau d'eau potable et 681 établissements non branchés au réseau d'électricité, ainsi que 9.365 salles délabrées».

Pire encore, la Cour qui confirment «la non atteinte des objectifs visés» et  évoque «l'aggravation de la situation de l'encombrement, qui a enregistré respectivement pour le cycle primaire, collégial et qualifiant, des taux de 21,2%, 42% et 22,3% en 2016/2017». La raison étant le «recours à des enseignants contractuels et la non mise en œuvre de l'ensemble des projets du pôle pédagogie», martèle le rapport.

L’accès à l’enseignement et la rétention des élèves quant à lui a enregistré une légère amélioration quantitatif de ces indicateurs à titre de l’année scolaire 2016/2017, passant de 5.666.429 élèves en 2009 à 6.039.641 en 2017 et le nombre des établissements scolaires augmentant de 9.397 à 10.756.

Toutefois, persistent les insuffisances liées «à la défaillance de la planification, aux conditions d’hébergement et de restauration dans les internats et les cantines, à l’absence d’une stratégie intégrée en matière d’appui social ciblant les élèves issus des familles démunies, au système de ciblage des bénéficiaires, ainsi qu’à l’insuffisance des moyens alloués».

Ainsi, le fléau de l’abandon scolaire reste un «véritable défi» qui doit relever le ministère de tutelle «pour améliorer son rendement interne», estime-t-elle, ajoutant que le taux d'abandon scolaire a nettement diminué entre 2008 et 2012, mais il a de nouveau enregistré une augmentation en 2017 pour dépasser les 279.000 élèves.

Le défi devrait être mené par l’introduction du préscolaire, entre autres. Cependant, là aussi, «l’objectif est loin d’être atteint», puisqu'au titre de l'année scolaire 2016/2017, sur les 7.667 écoles primaires, seulement 24% dispensent l'enseignement préscolaire, précise la même source.

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