Un sitcom sur les arabes, principalement en langue arabe, passe en prime time sur une chaine israélienne. Le concept est risqué, mais il a bien marché. Avoda aravit, «travail d’arabes» en hébreu, est une série écrite par un arabe d’Israël, Sayed Kashua. Elle retrace la vie d’un arabe d’Israël, un de ceux qui n’ont pas fui après la fondation de l’état d’Israël en 1948. Amjad Alian, le personnage principal, n’est pas un activiste. C’est l’anti-héro par excellence : «mauvais» journaliste, maladroit, tout ce qui l’intéresse c’est son intégration.
La série n’a pas d’objectif politique. Elle met seulement en lumière la vie de l’arabe israélien lambda, une grosse minorité au sein de la société israélienne. Cependant, le sitcom est vraisemblablement en passe de changer les choses : au dernier sondage, 55% des israéliens qui regardent la série accepteraient d’avoir un Arabe israélien comme voisin de palier, contre 38% pour ceux qui ne regardent par la série.
Si la recette semble marcher avec les Israéliens, les Arabes sont beaucoup plus sceptiques. «L’autodérision est acceptée lorsqu’une société est stable, qu’elle n’est plus en lutte pour sa survie. Il est très mal vue de ridiculiser une victime.» explique Adia Mendelson-Maoz, une chercheuse qui s’est penchée sur le travail de Sayed Kashua.