Menu

Grand Angle

Belgique : Nomination de la première magistrate belgo-marocaine fille d’immigrés

« Je jure fidélité au Roi, obéissance à la Constitution et aux lois du peuple belge », a déclaré Najat Arbib, le lundi lors de sa prestation de serment dans la grande salle de la Cour d’appel de Liège. Voici Najat Arbib nommé magistrate. Retour sur le parcours de la première magistrate belgo-marocaine avec deux parents issus de l’immigration.
Publié
DR
Temps de lecture: 2'
Najat Arbib aura 35 ans le 6 novembre prochain. Toute sa famille était au tribunal ce lundi, « fière, et comment ! », admet Radouane, son frère. Et il y a de quoi. Seule fille parmi une fratrie de cinq personnes, Najat revient de loin. Elle prend conscience très tôt, qu’elle devrait étudier « pour garder le contrôle sur sa vie. ». Selon un autre de ses frères, Mohamed, un éducateur de 29 ans, éducateur, « elle a jamais la grosse tête. Ce poste, elle a l’a eu à la force de son travail. Obstinée et volontaire. ».

Le quotidien généraliste bruxellois, Le Soir, a retracé le parcours de cette jeune belgo-marocaine. La nouvelle magistrate voulait être ingénieur civil, une façon sans doute de se rapprocher du travail de son père, Chérif, originaire de Berkane, près d’Oujda, et ouvrier pendant 30 ans dans les usines Ford de Genk. Mais elle changea de cap à la suite d’une phrase lancée par un voisin, « de toute façon, vous n’aurez jamais les mêmes droits que nous ! ». Elle s’inscrit alors en droit à l’Université de Liège (ULG). En 1994, elle décroche son diplôme en droit.

Avec ce sésame, elle ne s’arrête pas et entre dans un cabinet d’affaires liégeois. En parallèle, elle est membre de la commission de la jeunesse. Elle ne s’érige pas pour autant en porte-étendard de la communauté, mais n’a pas non plus oublié d’où elle vient. « Je n’ai pas voulu faire du droit des étrangers. Genre l’avocate marocaine qui défend les Marocains ! Trop stéréotypé à mon goût. Au Palais, il m’arrivait de croiser des amis d’enfance, du quartier, de l’école. Certains sont morts, en prison ou toxicomanes. C’est ainsi. On ne peut jamais renier ses origines. ».

Dix ans plus tard, en 2004, Najat Arbib devient juriste de parquet à Neufchâteau. Elle y côtoiera un certain Michel Bourlet, révélé sous l’affaire Marc Dutroux « un homme d’expérience et de conviction qui m’a donné l’envie de me battre et de devenir magistrate », s’exclame-t-elle. Par la suite, elle réussira le concours (deux examens écrits « anonymisés » et un oral) en se classant parmi les 18 lauréats sur 158 personnes.

Elle a été nommée magistrate le 30 septembre dernier. Au Conseil supérieur de la justice (CSJ), on indique au Soir qu’ « elle doit sa nomination à ses qualités intrinsèques et à sa personnalité forte. ». Elle en est fière. Pas question d’être « l’Arabe de service. Je serai un décideur professionnel. Point » s’insurge-t-elle. Pour son mari, « c’est une battante. Humble, avec ça. Qui assume sa marocanité, mais se sent ici chez elle, comme nous tous. » . On ne peut lui souhaiter qu’un bon vent sous sa nouvelle toge de juge.

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com