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Grand Angle

Maroc : Un collectif contre le service militaire obligatoire

Une semaine après l’annonce du projet de loi n°44.18 relatif au service militaire, un collectif né sur les réseaux sociaux annonce son rejet de cette réinstauration. Ses membres proposent notamment d’annuler le projet ou de le rendre «volontaire» ou «facultatif».

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Photo accompagnant la pétition déposée sur Change.org par le Collectif marocain contre le service militaire obligatoire. / Ph. DR
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Annoncée par le gouvernement de Saâdeddine El Othmani et approuvée en conseil des ministres du lundi 20 août dernier, la réinstauration du service militaire obligatoire au Maroc ne fait pas l’unanimité. La dénonciation de cette mesure qui sera au menu de la prochaine session du Parlement marocain est d’abord né sur les réseaux sociaux. Intitulé «Collectif marocain contre le service militaire obligatoire», un groupe fermé sur le réseau social Facebook a d’abord vu le jour.

Aujourd’hui, il compte plus de 14 000 membres, chiffre qui ne cesse d’augmenter. Sa création fait suite à un constat fait au lendemain de l’annonce de la réinstauration d’un service abrogé pourtant par le roi Mohammed VI en 2006.

Un projet de loi qui «réitère l’absence de démocratie»

«La façon dont ce projet de loi (n°44.18 relatif au service militaire, ndlr) est arrivée réitère l’absence de démocratie puisque ce texte n’a figuré dans aucun programme électoral ni dans le programme gouvernemental approuvé par le Parlement», écrivent les meneurs de cette campagne anti-service militaire en description dudit groupe.

Le 25 août dernier, les activistes reviennent avec une pétition mise en ligne sur le site Change.org, où ils expliquent les raisons de leur opposition audit projet de loi. «Nous, jeunes hommes et femmes du groupe virtuel intitulé ‘’Collectif marocain contre le service militaire obligatoire‘’, annonçons notre position de rejet du récent projet de loi sur l’imposition du service militaire à tous les jeunes âgés de 19-25», débutent-ils leur communiqué. 

«Comment peut-on résoudre les problèmes des jeunes sans les consulter ? La Constitution insiste sur la démocratie participative en tant que force du système politique, ce qui exige l’ouverture d’un débat avant toute décision.»

Collectif marocain contre le service militaire obligatoire

Celui-ci insiste aussi sur le fait que la priorité doit être donnée à l’éducation, la santé, la culture et l’emploi. «Les problèmes de l'éducation des jeunes provoqués par la démission de l'école publique de son rôle, en raison de l'absence d'une réelle volonté d'améliorer l'éducation nationale», arguent-ils. «Le service militaire obligatoire améliorera-t-il le statut des jeunes dans ces problématiques ou s'agit-il simplement d'une solution de dépannage qui montre l'incapacité de l'État à résoudre les problèmes fondamentaux ?», s’interrogent-ils encore.

Pour l’ouverture d’un débat national sur la question

Ledit collectif appelle, dans un deuxième temps, à assurer l’accès des jeunes aux médias publiques pour exprimer leurs opinions et à ouvrir le débat avec les partis politiques et leurs jeunesses. «Le collectif appelle à l’ouverture d’un débat national avant l’ouverture du vote par le Parlement», poursuit le communiqué. Les activistes proposent aussi d’annuler cette réinstauration du service militaire obligatoire, ou le rendre volontaire et facultatif en modifiant le contenu du projet de loi.

Le collectif propose également de «transférer les fonds alloués à ce projet à d’autres plus prioritaires pour les jeunes comme l’éducation (en préservant sa gratuité), la santé, la culture et encourager le travail indépendant et l’ouverture du marché de l’emploi».

Pour rappel, le gouvernement du Maroc souhaite réinstaurer le service militaire obligatoire suite à l’approbation par du Conseil des ministres du 20 août dernier, présidé par le roi, du projet de loi n°44.18 relatif au service militaire. Ce dernier cible les jeunes de 19 à 25 ans, à l’exception de ceux qui suivent des études, les jeunes souffrants de handicaps physiques ou encore d’autres catégories qui seront déterminées après la sortie des décrets appliqués. Sa durée est de 12 mois alors que les assujettis au service militaire qui, convoqués par l'autorité compétente, s’abstiennent de se présenter devant cette autorité, sans motif valable, sont passibles d'un emprisonnement d'un (01) à trois (03) mois et d'une amende de 2 000 à 5 000 dirhams.

Même les personnes ayant plus de 25 ans et qui ont bénéficié de dispense ou d'exemption pour l'un des motifs mentionnés en article premier, peuvent être appelées pour effectuer leur service militaire jusqu'à l'âge de 40 ans, en cas de cessation du motif de dispense ou d'exemption, toujours selon ledit projet de loi.

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