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Grand Angle

Maroc-Arabie saoudite : Le roi Salman se rendra-t-il à Tanger comme chaque année ?

Contrairement aux années précédentes, il n’y a toujours pas de préparatifs pour accueillir le roi Salmane d’Arabie Saoudite dans son palais tangérois. La question de son déplacement pour un séjour privé est de plus en plus posée, compte tenu du froid diplomatique entre Rabat et Ryad.

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Le roi Salmane d'Arabie Saoudite et le chef du gouvernement Saâdeddine El Othmani, le 25 juillet 2017 à l'aéroport international Ibn Battouta de Tanger. / Ph. sabq
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Comme à l’accoutumée, le roi Salmane d’Arabie Saoudite choisit chaque année la ville du Détroit pour passer ses vacances estivales. Accompagné d’une importante délégation, composée généralement de membres de la famille royale et de haut placés du pouvoir de Ryad, le roi saoudien a une histoire particulière avec Tanger, où il dispose d’un majestueux palais à l’ouest de la ville, dans la région de Jbila.

Sauf que cette année, l'effervescence que connaît annuellement la ville, tout comme les préparatifs lancés à l’approche de ce déplacement de grande envergure, laissent place à un calme presque inquiétant. Cette année, le monarque saoudien ne se rendra probablement pas à Tanger. Une spéculation lancée par certains Marocains qui se concrétise de plus en plus.

Contacté ce mardi par Yabiladi, une source travaillant au sein du majestueux palais de Salmane à Tanger confirme la rumeur. «Contrairement aux années précédentes, il n’y a pas eu de préparatifs pour accueillir le roi Salmane d’Arabie Saoudite dans son palais tangérois», nous confie-t-elle. «Cela veut dire que le roi saoudien ne se déplacera probablement pas à Tanger cette année pour son séjour privé», conclut notre source.

Un contexte plus que révélateur

L’absence de l’étape tangéroise de l’agenda du roi Salmane cette année a fait l’objet de spéculations depuis la détérioration des relations entre Rabat et Ryad. Ces dernières sont marquées par un froid diplomatique qui s’est illustré par plusieurs événements.

Ces derniers jours, sur les réseaux sociaux, les internautes saoudiens et marocains mènent «une guerre fratricide», née suite à un hashtag lancé par des Saoudiens et appelant au boycott de la destination Maroc. Intitulé «Le boycott du Maroc est une obligation», il a vite été repris par des Marocains et des Qataris.

Sur le réseau social, certains Marocains ont même relayé l’appel, affirmant que le royaume «n’a pas besoins des Saoudiens».

La crise entre Rabat et Ryad s’est également illustrée lors des matchs de la Coupe du monde organisée cette année en Russie. Mais bien avant cette date, le ministre marocain de la Culture et de la communication Mohamed Laaraj avait annoncé, en juin dernier, qu'il ne prendra pas part à une réunion ministérielle en Arabie Saoudite, organisée par la Coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen. Si des «raisons d’agenda» ont été présentées comme argument de cette absence, plusieurs observatoires n’ont pas manqué de faire le lien entre cette absence et le vote de l’Arabie Saoudite pour le dossier nord-américain pour l’organisation de la Coupe du monde 2026. Ryad aurait choisi, non seulement de voter pour le dossier commun présenté par les Etats-Unis, le Mexique et le Canada au grand dam du Maroc, mais surtout d’influencer d’autres fédérations arabes et asiatiques pour lui emboîter le pas.

Crise au Golfe, la neutralité du Maroc qui déplaît aux frères

Mais la détérioration des relations diplomatiques entre le Maroc et l’Arabie Saoudite ne date pas de cette année. L’année dernière, en pleine crise du golfe, opposant le Qatar au royaume wahhabite, aux Emirats arabes unis et au Bahreïn, le Maroc avait opté pour la neutralité.

Contrairement à la Jordanie ou à l’Egypte, ayant pris position en choisissant le camp de l’Arabie Saoudite, le royaume avait annoncé qu’il resterait neutre dans cette crise, proposant même sa médiation pour aider à régler le conflit fratricide. «Si les parties le souhaitent, le royaume du Maroc est disposé à offrir ses bons offices en vue de favoriser un dialogue franc et global, sur la base de la non-ingérence dans les affaires intérieures, la lutte contre l’extrémisme religieux, la clarté dans les positions et la loyauté dans les engagements», avait affirmé le ministère des Affaires étrangères et de la coopération.

Mais certaines actions du royaume, à l’égard du Qatar, semblent avoir envoyé de mauvais messages aux frères saoudiens et émiratis. En juin 2017, en pleine crise, le Maroc avait décidé de l'envoi d'un avion chargé de produits alimentaires au Qatar. Cinq mois plus tard, le roi Mohammed VI s’était rendu à Doha avant qu’une polémique se déclenche autour d’un photomontage qui ne fera que creuser le fossé entre Rabat et Ryad. Portant une écharpe avec la mention «Vous avez le monde et nous avons Tamim» Ben Hamad Al Thani, émir du Qatar, la photo avait été pointée du doigt par Yassir Znagui, conseiller du souverain.

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