Menu

Grand Angle

Kitín Muñoz, l’aventurier de Sidi Ifni

Né au Maroc, Kitín Muñoz est un explorateur, un aventurier et un anthropologue de renom. Il est l’époux de Kalina de Bulgarie et père de Siméon Hassan de Bulgarie, petit fils du roi de Bulgarie. L’explorateur fête cette semaine ses 30 ans d’expédition en mer. L’occasion donc de revenir sur ses exploits et sa vie atypique au Maroc.

Publié
Kitín Muñoz, son épouse Kalina de Bulgarie et leur fils Siméon Hassan de Bulgarie./Ph. DR
Temps de lecture: 3'

Fils d’un militaire espagnol, Antonio José "Kitín" Muñoz y Valcárcel, plus connu sous le nom de Kitín Muñoz est né le 19 novembre 1954 à Sidi Ifni. Le navigateur, explorateur et sociologue a fêté jeudi 28 juin à Madrid ses 30 ans d’expédition en mer. L’occasion de revenir sur ces plus grands exploits.

Il est né en plein désert du Sahara où son père a été affecté. Très jeune, il aura envie d’aventure, une passion qui surgira en partie grâce au Maroc. Il explique que le fait d'être né dans un continent comme l'Afrique a «grandement influencé ses préoccupations aventureuses».

Cette passion pour la nature et la découverte s’accentue grâce au légendaire anthropologue, archéologue et navigateur norvégien, Thor Heyerdahl. Plus précisément, c’est à l’âge de 14 ans que Kitín Muñoz dévore l’ouvrage de Heyerdahl , «L'expédition de Kon-Tiki».

«Sans l’incertitude l’aventure n’existerait pas», Alain Séjourné

Le célèbre explorateur s’était lancé dans une traversée de plus de 8 000 kilomètres, ralliant le Pérou à l’archipel polynésien des Tuamotu (Polynésie française, au sud de l'océan Pacifique), afin de démontrer que le peuplement de la Polynésie avait pu se faire depuis le continent américain.

Ces questionnements et ces entêtements communs à presque tous les explorateurs, Kitín Muñoz en héritera. Sa première expédition qui fera son renom n’est autre que l’expédition d’Uru, qu’il entreprend à l’âge de 26 ans.

Inspiré par l’explorateur norvégien, Kitín Muñoz voudra démontrer à son tour la théorie de certains anthropologues qui affirment que les premiers indigènes polynésiens sont d’origine américaine et non exclusivement asiatique.

Ainsi, il se fera construire son propre radeau de 20 mètres. Pour se faire, il fera appel à un expert indien de la construction de ce type d’embarcation. Le 29 juin 1988, il embarque pour un voyage qui durera 4 mois et 22 jours, durant lequel il traverse l’immense océan pacifique, du Pérou jusqu’en Polynésie française.

Depuis cette première expédition qui s’est soldé par une petite victoire, même si elle se termine brusquement, l’explorateur espagnol entreprendra moins d’une demi-douzaine de voyages, qui seront toutes d’un grand échec. En 1995, il navigue de l’île de Pâques jusqu’au Japon, mais son radeau s’engouffre au milieu d’une tempête. En 1997, il fait le départ du Chili pour atteindre de nouveau la Polynésie, un autre échec, car son bateau est dévoré par un mollusque tropical vorace. Récemment en 2002, avec l’intention de traverser l’Atlantique, une autre tempête s’abat sur lui au niveau du Cap-Vert. Finalement, il ne verra pas son rêve se réaliser.

Néanmoins, Kitín Muñoz n’est pas uniquement connu pour ses expéditions. Grand sportifs et passionné de sports extrêmes, il fera la descente du Nil en canoë et la traversée de la Méditerranée en planche à voile. Il a vécu avec une communauté indigène aux Iles Fidji, a traversé les océans en radeau-roseaux, effectué plusieurs séjours au Pôle Nord et a aussi survolé l’Espagne et le Maroc en ultraléger.

«La vraie nouveauté naît toujours dans le retour aux sources», Edgar Morin 

Si sa dernière expédition phare s’est achevée en 2002, c’est qu’elle coïncide avec une autre étape dans la vie mouvementée de l’aventurier. En effet, Kitín Muñoz rencontrera l’amour de sa vie, la princesse Kalina de Bulgarie. Son épouse n’est autre que la duchesse de Saxe, cinquième enfant et l'unique fille de Siméon II de Bulgarie.

Le couple file le grand-amour et fait souvent la couverture des médias étrangers. Lui, ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO et elle, princesse atypique et controversée.

En 2017, le couple donne naissance à leur premier enfant, Siméon Hassan de Bulgarie. Un nom inaccoutumé et que Muñoz explique par le fait que sa femme soit très proche de son père. Le roi bulgare était un très grand ami du roi Hassan II, et c’est ainsi que le nom de «Hassan est un hommage que la princesse a voulu rendre à Hassan II, qu’elle connaissait bien depuis son enfance». De plus, le parrain du petit-fils du roi de Bulgarie n’est autre que le roi Mohammed VI.

L’attachement au Maroc forcera le couple à s’installer à Rabat. Il y a plus de 10 ans, la dernière expédition de Kitín Muñoz, le mènera au Maroc. Afin de le soutenir, le roi Juan Carlos Ier le nommera alors consul honoraire d’Espagne au Maroc. Un déménagement qui ravira Kalina de Bulgarie, qui «s’est toujours sentie proche du pays et aime beaucoup la famille royale», confie son époux au magazine Mujer Hoy.

A Rabat, la petite famille nage dans le parfait bonheur, Kalina s’adonnant à sa passion pour l’équitation, le père s’occupant de l’organisation de la rencontre annuelle du Moussem de Tan Tan, et publiant régulièrement des ouvrages rendant hommage à la culture et qui retrace l’histoire du Maroc.

Kitín Muñoz dit vivre en sérénité au royaume, même si une nouvelle expédition lui taraude l’esprit. Désormais, l’explorateur consacre le plus clair de son temps à la recherche ethnologique et à l'archéologie expérimentale. Pour lui, l’aventure c’est également ce travail de recherche, car c’est une aventure culturelle et scientifique, et non pas «une aventure pour l’aventure». La clé de la réussite pour lui est d’aimer le partage et surtout d’aimer les autres.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com