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Grand Angle

Huelva Gate : Les gouvernements marocains et espagnols tenus pour responsables

Contacté par Yabiladi, Oscar Reina à la tête du syndicat espagnol des travailleurs d’Andalousie (SAT) a déclaré que les deux gouvernements, espagnol et marocain, doivent absolument revoir les conditions dans lesquelles sont signés ces contrats dits d’origine et assumer leur responsabilité.

Publié
./Ph. DR
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Au lendemain de la marche qui a eu lieu à Huelva pour dire «Stop aux abus dans les champs de fraises», Oscar Reina à la tête du syndicat des travailleurs d’Andalousie (SAT) s’est confié à Yabiladi. Un mois après l’éclatement de l’affaire du Huelva Gate, le syndicat espagnol nous assure que la bataille ne fait que commencer.

En effet, dans un communiqué, le syndicat a annoncé les divers points dans lesquels il compte saisir le conseil régional d’Andalousie et même l’Union Européenne. Selon Oscar Reina, dans cette affaire, les deux parties prenantes devraient impérativement revoir leurs procédures et réglementations. Concrètement, «les gouvernements marocain et espagnol doivent se pencher sérieusement sur ce contrat d’origine avant la signature, en exigeant que chaque terme du contrat soit respecté», déclare le porte-parole du syndicat.

Intervention marocaine en amont et suivi espagnol en aval

Le syndicat propose une nouvelle réglementation qui irait de paire avec le travail qui est imposé à ces personnes. «Sinon ces femmes se retrouvent à travailler 20 jours au lieu de 90 jours et sont payées 36 euros au lieu de 40 euros». Certaines travaillent même 12 heures au lieu des 7 heures, nous confie le porte-parole régional à Huelva, José Antonio.

Mais ces contrats délivrés par l’ANAPEC et qui sont le fruit d’une collaboration avec le ministère du travail espagnol, sont souvent incompréhensibles pour ces femmes, qui pour la plupart sont analphabètes, affirme José Antonio.  

Sur place elles ne savent pas réellement à quoi s’attendre et se retrouvent prises au piège. Pour cela, une meilleure prise en charge devrait être effectuée en amont par les autorités marocaines, estime Oscar Reina. Car, «avant d’arriver en Espagne, il faut les informer, en leur exposant clairement les conditions de travail auxquelles elles seront soumises».  

Par ailleurs, quatre associations marocaines se sont mobilisées et demandent au gouvernement marocain de prendre les mesures nécessaires. Il s’agit de la Fédération de la ligue des droits des femmes, l'Union de l'action féminine, l’association Jossour des Femmes Marocaines et l'Association marocaine de lutte contre la violence à l’égard des femmes.

Latifa Bouchoua présidente de la Fédération de la ligue des droits des femmes a expliqué à Yabiladi que les quatre associations ont envoyé le 24 mai dernier, une lettre demandant au ministère de l’emploi et de l’insertion professionnelle d’ouvrir une enquête.

Désormais, elles exigent des autorités marocaines qu’elles prennent leurs responsabilités en main, et fournissent à ces femmes une protection et une aide, surtout envers celles qui sont revenues au Maroc et qui pourraient repartir pour la prochaine saison.

D’un autre côté, pour le syndicat espagnol, un meilleur suivi et contrôle doit se faire sur place. Evoquant le rapatriement express des saisonnières marocaines qui avaient l’intention de déposer plainte, Oscar a déclaré que «ces femmes auraient dû rester sur le sol espagnol. Mais ici il y a des complices qui ont permis que ce problème perdure».

Des femmes courageuses, libres et révolutionnaires 

C’est en partie grâce au syndicat espagnol qu’aujourd’hui cette affaire est au cœur du débat national. Dix femmes sur les 150  rapatriées au Maroc, se sont enfuies et se sont immédiatement dirigées vers le SAT.

«Ces femmes sont courageuses, libres et révolutionnaires... Si elles ne s’étaient pas dirigées vers nous, elles n’auraient pas pu dénoncer ce qui se passe dans ces champs et ce depuis plus d’une décennie».

José Antonio, porte-parole du Syndicat des travaillers d’Andalousie à Huelva

Pour des raisons de sécurité, ces dix femmes qui ont pu s’enfuir se sont éloignées de la province et se trouvent dans une petite bourgade. Réunies, elles sont plus fortes et se supportent mutuellement. Le tabou brisé, deux de ces femmes ont participé à la marche qui a eu lieu ce dimanche 17 juin.

En tête du cortège et brandissant des pancartes, les deux Marocaines ont guidé une foule de plus de 2 000 personnes. Le visage couvert par un voile, elles ont fait entendre leur voix pour dire stop aux violations dont elles ont été victimes.

Elles ont témoigné devant des milliers de personnes et n’ont pas hésité à faire des déclarations à la presse. Courageux de leur part car le silence est de mise pour être reconduit la saison suivante. 

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