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Grand Angle

Abdelali Benamour dit tout sur le Conseil de la concurrence et la campagne de boycott

La campagne de boycott de trois entreprises marocaines rappelle que le Conseil de la concurrence, prévu par la Constitution, peine à remplir son rôle. Son président, Abdelali Benamour, fait le lien entre le boycott et le non-renouvellement des membres du gendarme de la concurrence.

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Abdelali Benamour, président du Conseil de la concurrence. / Ph. Medias24
Temps de lecture: 2'

La campagne de boycott de trois entreprises marocaines lancée sur les réseaux sociaux le 20 avril dernier, a remis sur la table un vieux débat sur le Conseil de la concurrence au Maroc. Institution chargée de lutter contre les pratiques anticoncurrentielles et d'étudier le fonctionnement des marchés, créée en 2008, elle n’a jamais pu remplir le rôle que lui confère la Constitution marocaine de 2011 (article 166) ou la loi relative au Conseil de la concurrence.

Mardi, dans une longue interview accordée à nos confrères de Hespress, Abdelali Benamour, président du Conseil de la concurrence, a saisi l’occasion de fustiger le non-renouvellement des membres de cette instance. «Le Conseil de la concurrence a passé sept ans sans loi adéquate. Il y a aujourd’hui un texte adéquat mais sans conseil», regrette-t-il. Une responsabilité qu’il impute «non pas au gouvernement précédent, mais à tous les gouvernements et donc à celui d’El Othmani».

«Nous ne savons pas pourquoi les nouveaux membres du Conseil n’ont pas encore été désignés. Nous pensions que cela résultait de la lenteur administrative mais avec le temps, nous sommes en droit de penser qu’il y a d’autres raisons derrière ce retard.»

Abdelali Benamour

Boycott : le Conseil aurait joué son rôle de gendarme

Abdelali Benamour évoque ensuite le boycott lancé le 20 avril sur les réseaux sociaux et qui vise trois entreprises marocaines. «Si le Conseil disposait de ses pouvoirs, bien sûr qu’il aurait pu surveiller ce qui se passe dans certaines grandes entreprises. Nous aurions peut-être évité certains problèmes qui existent aujourd'hui dans l'arène et aurions contribué à réduire la congestion», assure-t-il.

Le responsable estime aussi que le vide laissé par l'absence du Conseil aurait ouvert la voie à l'augmentation des prix de certains produits. «Nous vivons dans une économie de marché mondialisée, et le Maroc est allé dans cette direction. La loi qui l’institue est celle de la liberté des prix et de la concurrence, à condition qu'il n'y ait pas d'actions anticoncurrentielles. Or, l’absence d’un conseil censé assurer le rôle de gendarme pour ce secteur ouvre la porte à tous les comportements anticoncurrentiels», déclare-t-il.

Abdelali Benamour rappelle que «la loi sur la concurrence donne le droit d'imposer des pénalités pouvant aller jusqu'à 10% du chiffre d’affaires de l'entreprise», et conclut en rappelant que des institutions internationales pressent le royaume de réactiver son Conseil de la concurrence.

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