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Grand Angle

Au Maroc, la formation professionnelle ne protège pas du chômage, au contraire

Selon l’étude «Formation et emploi» présentée mercredi par le HCP, la formation professionnelle loin d’assurer aux jeunes une meilleure intégration au marché du travail, les en éloigne plus encore que la filière générale.

Publié
(c)DR
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Le Maroc a intégré, depuis le début du mouvement des diplômés chômeurs dans les années 1990, que le taux de chômage augmentait avec la valeur du diplôme. Les résultats présentés hier, mercredi, par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) dans le cadre de son Enquête sur l’adéquation entre la formation et l’emploi, sont plus nuancés. «La première destination de nos jeunes diplômés de la formation professionnelle est le chômage», a laissé tomber Ahmed Lahlimi, Haut-Commissaire au Plan.

Non seulement le taux de chômage des diplômés est toujours supérieur à celui de la moyenne nationale - 20% de chômeurs - mais, en plus, le taux de chômage des diplômés de la Formation professionnelle - celle-là même qui destine pourtant immédiatement les jeunes à un métier généralement manuel - est supérieur à celui que connaissent les diplômés de l’Enseignement général.

Pire, leur taux de chômage a tendance à augmenter avec leur niveau d’études au sein de la formation professionnelle. Ainsi, 28,5% des diplômés en qualification professionnelle sont au chômage, contre 21,3% pour ceux qui n’ont reçu qu’une initiation professionnelle.

Le doctorat, meilleur chance d’emploi

Enfin, même pour ceux qui ont trouvé un emploi avec l’une ou l’autre de ces qualifications professionnelles, leur déclassement est trois fois supérieur à celui que rencontrent les jeunes issus de l’Enseignement général. En d’autres termes, ils sont trois fois plus nombreux à travailler en dessous de leurs capacités ou à disposer d’un emploi qui demande une qualification inférieure à celle qu’ils ont obtenue.

En revanche, contrairement à ce que l’on a longtemps cru, le taux de chômage baisse avec le niveau de diplôme obtenu dans l’Enseignement général. Plus l’on est diplômé dans cette filière, plus le risque de se retrouver au chômage baisse. Ainsi, 22,4% des jeunes parvenus jusqu’à la fin du secondaire collégiale sont au chômage contre 15,9% pour les détenteurs d’un master.

Mieux, les titulaires d’un doctorat ont un taux de chômage inférieur à la moyenne nationale - ce sont les seuls diplômés dans cette situation - avec seulement 3,9%.

Lahlimi tacle le gouvernement

A 79 ans, Ahmed Lahlimi continue d’introduire longuement chaque présentation d’une nouvelle étude produite par le HCP et il n’a pas manqué, hier, de faire preuve de sa liberté de ton habituelle. Après avoir attaqué indirectement le ministre de l’Industrie, lors de la présentation de l’Enquête nationale sur l’emploi, le Haut-commissaire a cette fois taclé tout le gouvernement. « Si j’avais été le ministre de l’Intérieur ou celui de l’Aménagement du territoire, j’aurais dit au HCP : ‘donnez-moi vos chiffres car ils constituent une base de donnée extraordinaire ! ’ mais il n’en est rien », a-t-il constaté, comme pour s’excuser de présenter un travail inabouti sur le déclassement des individus diplômés qui ont un emploi. « Il y a là [dans nos chiffres, ndlr] de la matière à disposition de ces Présidents de Régions, qui ont à présent un peu de pouvoir et de financement, pour investir ce travail [d’enquête statistiques] qui est par définition transitoire, a-t-il insisté, avant d’ajouter : il est daté, déjà, de 2014. » Toutes les enquêtes publiées régulièrement par le HCP sont en effet basées sur les données recueillies lors du Recensement général de la population effectué en 2014. Les informations présentées décrivent ainsi l’état de la société marocaine telle qu’elle était il y a déjà 4 ans, alors même qu’elle connaît en permanence des changements.

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