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Grand Angle

Ceuta : Une ONG dénonce la situation des mineurs étrangers non accompagnés après le décès d’un Marocain

L’antenne espagnole de l’ONG Save the Children, dont plusieurs membres ont été témoins du décès d’un jeune migrant marocain, déplore la vulnérabilité à laquelle les mineurs font face, notamment à Ceuta et à Melilla.

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Des migrants à Ceuta rendent hommage à un jeune marocain décédé la veille / Ph. Save the Children - Espagne (Twitter)
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Un jeune marocain est décédé vendredi 6 avril à Ceuta, après avoir été renversé par un camion alors qu’il tentait de rejoindre l’Europe, d’après El País. Le drame est survenu dans l’enceinte portuaire de la ville, aux alentours de Muelle de Poniente, une zone destinée au transport des marchandises sur les ferries en partance pour la péninsule ibérique. Les autorités locales ont fait savoir qu’il était décédé lors de son transfert à l’hôpital.

Pour des raisons encore inconnues, le camion a renversé l’adolescent, originaire d’Agadir, a d’abord confirmé la Délégation du gouvernement espagnol à Ceuta. Au lendemain du drame, El País a rapporté dans un second article que deux chauffeurs avaient été arrêtés pour leur implication présumée dans son décès. La Garde civile impute au premier un homicide présumé, tandis que le second est accusé d’avoir commis un délit relatif à la sécurité routière.

De plus, si le jeune homme a initialement été présenté comme un mineur âgé de 16 ans environ, sa famille a indiqué qu’il venait d’avoir 18 ans. El País précise, par ailleurs, qu’il ne semblait pas avoir de papiers d’identité sur lui.

Un «exemple concret de vulnérabilité»

Au moment des faits, une équipe de l’ONGI Save the Children se trouvait en compagnie de plusieurs mineurs migrants, dans le cadre de l’élaboration d’un futur rapport sur leurs conditions de vie. «On était avec des garçons lorsque, soudain, on a entendu un bruit et des cris à l’intérieur du port», témoigne Susana Hidalgo, l’une des membres de l’ONGI. «Je suis encore sous le choc, car on avait discuté avec lui quelques minutes plus tôt», a-t-elle confié sur le vif.

Save the Children-Espagne (SC-E) a dénoncé «la vulnérabilité de ces garçons migrants, qui se retrouvent seuls dans les rues de Ceuta et sont exposés à tous types de dangers». D’après l’organisation de protection de l’enfance, au moins cinquante enfants, certains âgés de 10 ans seulement, dorment dans les brise-lames des camions, dans des voitures ou à bord de navires abandonnés.

«Mes parents sont très pauvres et ne veulent pas de moi au Maroc. J’ai vécu cinq ans au port de Tanger pour tenter de rejoindre Ceuta. Mon seul avenir, c’est de continuer mon chemin jusqu’en Europe», a raconté récemment l’un d’entre eux à SC-E, selon un communiqué de presse publié samedi après les faits. Le décès de ce jeune homme est «un exemple concret de la vulnérabilité à laquelle sont confrontés ces garçons», a renchéri Susana Hidalgo.

Selon les dernières données du bureau du procureur général de l’Etat espagnol – plus haut responsable du ministère public –, 3 997 mineurs étrangers non accompagnés se trouvaient en Espagne en 2016. Parmi eux, 1 072 étaient en Andalousie, contre 999 à Melilla et 246 à Ceuta.

Le Défenseur du peuple (l’équivalent espagnol du Défenseur des droits) a dénoncé le manque de protections à l’égard de ces enfants et adolescents, d’autant que leur situation administrative est parfois bloquée, leur fermant ainsi la porte à toute opportunité académique ou professionnelle.

Article modifié le 2018/04/10 à 10h24

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