Le dirham est la monnaie officielle frappée par le Maroc, personne ne le remet en cause, pourtant nombre de Marocains parlent en doro, franc, centimes, pesetas et riel. Aucune de ces monnaies n'a de valeur légale, mais «l'Etat n'est jamais arrivé à en finir avec leur utilisation orale. Il y a même des gens qui n'ont jamais parlé en DH, privilégiant le real ou le franc», fait remarquer Omar Affa, professeur d'histoire à la faculté de Lettres de Rabat et historien spécialiste des monnaies marocaines.
Chacune de ces unités monétaires a des origines propres. Le rial, vient de «real», royal, en espagnol. Le doro désigne la même unité. Il serait une déformation de «pesos duro», qui désigne une pièce dure - donc une pièce en argent - en espagnol. La peseta, venue d'Espagne, elle aussi, a été introduite plus récemment. Ces unités monétaires sont encore utilisées dans le nord, le Rif, de Tanger à Saidia et dans le sud, vers Sidi Ifni. «Le real est entré au Maroc en 1450, non comme monnaie physique mais simplement comme unité», explique Omar Affa. Les Espagnols l'introduiront, par la suite, sous forme de pièce.
Avec la colonisation française, le franc intègre le marché marocain. Dans certains esprits, au centre du pays, notamment, il reste le «frank». Les tournants de l'histoire se succèdent et la seule monnaie à avoir bientôt légalement cours est le dirham. Il faut toutefois attendre 1987 pour que Bank Al Maghrib crée Dar Assikah. Hôtel des monnaies marocain, il est chargé de produire les dirhams en pièces et billets. Jusqu'à cette date avancée, la banque centrale faisait frapper sa monnaie en Europe.
Depuis, le dirham symbolise l'unité du royaume aussi bien que le doro, le real, la peseta, le franc et le centime rappellent les variations de son his¬toire.
Cet article a été précédemment publié dans Yabiladi Mag n°9