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Grand Angle

Chaque année, des enfants marocains sont sauvés d’une mort certaine en Espagne

Il est courant de voir des enfants malades, à qui une mort certaine est diagnostiquée au Maroc, se faire opérer avec succès en Espagne. Ces petits miracles qui sauvent des vies sont surtout l’œuvre d’ONG actives entre les deux rives, et qui tentent de palier les failles du système de santé.

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Ph. DR.
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Il serait préférable de commencer par une bonne nouvelle. Mohamed, âgé à peine d’un an, vient de subir avec succès une opération à Cadiz en Espagne. Même s’il ne pourra jamais marcher, le petit qui souffrait d’une hydrocéphalie, de méningocèle et d’une malformation des pieds, ne subira pas le tragique destin de sa sœur qui souffrait également d’une hydrocéphalie, décédée il y a à peine quelques jours.

Les médecins ont prédit à Mohamed une mort certaine et sa mère n’a dû s’armer que de résignation. Cependant, l’ONG «Malades sans frontières» est intervenue pour changer cette situation.

Redonner vie à des enfants condamnés

L’association, basée à Sebta, est fondée en 2006. Chaque année, elle vient en aide à une dizaine de familles marocaines. Le quotidien El Pais rapporte que «depuis 2009, 32 mineurs marocains ont été traité en Andalousie, 18 d’entre eux grâce à l’ONG Malades sans frontières».

Ainsi, Malades sans frontières compte plusieurs bénévoles mobilisés entre le Maroc et l’Espagne, principalement dans les zones frontalières avec l’enclave espagnole. En effectuant des visites dans les hôpitaux publics ou encore dans  les centres d’accueil pour les sans-abri, l’association fournit du matériel de base (couvertures, nourriture, couches…) du matériel chirurgical et orthopédique (prothèses, fauteuils roulants…), mais aussi des fournitures scolaires.

A cet effet, l’ONG entre directement en contact avec les concernés, afin de financer leurs interventions dans des cliniques privées au Maroc, ou dans certains cas prendre en charge l’admission de ces patients dans des hôpitaux espagnols.

Les volontaires ne sont pas qu’Espagnols. Malades sans frontières compte à son actifs plusieurs Marocains. C’est le cas de Fatima Zohra et de Zineb, qui sont comme une sorte de «pont» entre les deux pays. Le téléphone de Fatima Zohra est rempli de photos de jeunes marocains qui ont besoin d’une aide en urgence, que leurs familles ne peuvent prendre en charge, faute de moyens et d’argent. Elle s’occupe de relayer ces photos-là via les réseaux de l’association, afin de trouver d’éventuels donneurs pour se charger des frais médicaux.

Quel rôle pour le RAMED ?

Cette aide et le travail que fait l’association espagnole pour ces enfants est vitale. Le Maroc occupe la 123e place sur 188 pays, dans le dernier classement relatif à l’indice de développement humain, alors que l’Espagne est 27e.

En espérant améliorer ce classement, plusieurs mesures sont prises par le Maroc. C’est le cas notamment de la généralisation du RAMED (régime d’assistance médicale). Créé en 2002, ce système est fondé sur les principes de l’assistance sociale et de la solidarité nationale au profit des démunis. 

Ce régime est souvent critiqué à cause de ses nombreux dysfonctionnements ou fraudes dont il fait l’objet. Hassan Benkhalfa, médecin, affirme à El Pais que «les listes d’attente sont longues et les hôpitaux ne sont pas bien équipés» au Maroc pour prendre en charge de telles interventions. «Même s’il existe de très bons médecins ici, c’est le système de santé qui ne fonctionne pas correctement», ajoute le praticien.

Contacté par Yabiladi, Moulay Said Afif, président du Syndicat des médecins spécialistes au Maroc, reconnaît pour sa part que «certaines insuffisances existent toujours et qu’il y a des choses à améliorer». «Malgré ces listes d’attentes, les cas les plus urgents sont pris tout de suite en charge», consède-t-il.

Le professeur Afif nous précise également que «les listes d’attentes sont courantes dans tous les pays. Le RAMED a rendu énormément service, il faut aussi parler de toutes ces interventions qui ont sauvé bon nombre de vies», en évoquant les opérations de greffes de rein et autres organes, bien que ces dernières restent peu accessibles aux populations de toutes les régions marocaines.

Par ailleurs, le médecin évoque le manque d’effectif dont souffre le secteur de la santé, affirmant qu’il y aurait «plus de 7 000 médecins marocains en France, alors qu’au royaume, ils ne sont que 23 000». Des chiffres effrayants qui dénotent du long chemin à faire pour améliorer le service de la santé au Maroc, notamment celui des opérations urgentes et complexes qui sauvent des vies aux enfants.

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