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Grand Angle

Modèle de développement : Des partis appellent à une large consultation en réponse à la commission d’El Othmani

Hier, Saâdeddine El Othmani annonçait la création prochaine d’une commission comprenant plusieurs départements gouvernementaux pour formuler des idées au sujet de la révision du modèle de développement. Une annonce qui remet en question le rôle des partis politiques. Ce mercredi, les formations politiques ne participant pas au gouvernement, le PAM, le PI et la FGD en l’occurrence, insistent sur la nécessité de consulter «tout le monde».

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Le chef du gouvernement, Saâdeddine El Othmani a annoncé mardi à Rabat la création prochaine d’une commission au sujet de la révision du modèle de développement. / Ph. DR
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Le chef du gouvernement a annoncé, mardi à Rabat, la création prochaine d’une commission comprenant plusieurs départements gouvernementaux afin de donner des avis et formuler des idées au sujet de la révision du modèle de développement adopté par le Maroc.

Saâdeddine El Othmani a indiqué que son gouvernement procédera prochainement à la révision du modèle de développement, conformément aux orientations du roi Mohammed VI. La nouvelle commission devrait donner des avis et formuler des idées au sujet de la révision de ce modèle de développement, a relevé le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi dans un communiqué à l'issue du conseil de gouvernement.

El Othmani promet aussi de se pencher, dès le conseil de ce jeudi, sur les orientations contenues dans le discours royal prononcé la semaine dernière à l'occasion de l'ouverture de la nouvelle session du Parlement.

Le chef du gouvernement a appelé, à cet égard, à prendre en considération «la bonne gouvernance, la régionalisation, les jeunes, le modèle de développement, la justice territoriale et la justice entre les différentes franges de la société» comme axes dans l'élaboration des propositions adéquates pour surmonter les dysfonctionnements dont pâtit le Maroc en matière de gestion des affaires publiques. Des dysfonctionnements dus notamment à «un modèle de développement qui a atteint ses limites».

Le PAM pointe du doigt «la confusion dans le travail du gouvernement»

Or, le projet de création d’une commission comprenant plusieurs départements gouvernementaux, au lieu d’initier un large processus de consultation avec les partis politiques, est-il réellement pertinent ? «C’est bien de créer une commission pour réviser et proposer des idées, mais les partis politiques doivent aussi être consultés», nous dit ce mercredi Mohamed Chrourou, président du groupe parlementaire du PAM à la Chambre des représentants. «Nous estimons qu’il est vraiment dommage que malgré les programmes présentés par les partis politiques et les promesses faites lors de la campagne électorale, le gouvernement ne se soit pas intéressé à la révision de ce modèle comme il l’aurait dû», poursuit-il.

«Le gouvernement a attendu le discours royal pour réagir. Nous avons l’impression que nous travaillons une fois seulement après avoir été bousculés. Le gouvernement aurait dû anticiper compte tenu des problèmes qui s’accumulent, des manifestations, de la grogne sociale. Il aurait fallu s’arrêter et se poser la question suivante : pourquoi cela arrive aujourd’hui ? Pourquoi tous ces problèmes, comme la pauvreté et les inégalités sociales, ne font que s’aggraver ?»

Pour Mohamed Chrourou, «les partis politiques doivent aussi créer leurs propres modèles de développement». L’occasion pour lui de rappeler que les groupes parlementaires du PAM au Parlement avaient organisé une journée d’étude sur le modèle marocain de développement et la nécessité d’un nouveau modèle. «Cette journée a été organisée lors du précédent mandat. Nous avions évoqué le fait que l’actuel modèle de développement ne répond plus aux attentes du développement dans notre pays», confie-t-il.  Notre interlocuteur estime que «cet intérêt pour le modèle de développement aurait dû figurer dans le Projet de Loi de finances 2018, ce qui ne risque pas de se produire puisque le projet a déjà été préparé». Mohamed Chrourou de conclure : «Le gouvernement sortira-t-il un nouveau projet de loi pour le rectifier ? Il y a une sorte de confusion dans son travail, ce qui est regrettable.»

Parti de l’Istiqlal : «Le gouvernement doit consulter tous les acteurs»

Pour sa part, le Parti de l’Istiqlal semble lui aussi irrité par l’annonce d’une commission gouvernementale sans consultation des formations politiques. Le président de son groupe parlementaire à la Chambre basse nous informe aujourd’hui qu’un comité interne a déjà vu le jour en réaction au discours royal. «En tant qu'acteurs politiques et lors de la première réunion du nouveau comité exécutif du Parti de l’Istiqlal tenue hier, nous avons décidé de préparer un nouveau modèle de développement, en coordination avec un groupe d'experts», indique Noureddine Mediane.

Pour lui, «le gouvernement, même s’il est certes le premier concerné par cette question, doit s’ouvrir sur les autres acteurs politiques».

«Je pense qu'il est du devoir du gouvernement de consulter tous les acteurs politiques, en particulier les partis, les syndicats et à la société civile. Il faut les impliquer dans ce sujet car il ne concerne pas que le gouvernement, mais le peuple marocain dans son ensemble.»

FGD : «Le modèle souhaité est peut-être déjà disponible dans un tiroir»

De son côté, Abdeslam El Aziz, secrétaire général du CNI, membre de la Fédération de la gauche démocratique (FGD), rappelle qu’El Othmani, lors de son investiture par le roi, «avait déclaré qu'il adopterait une approche participative en impliquant les partis et les organisations de la société civile». «Tout cela montre que ce n’était en réalité que de simples déclarations, ce qui est regrettable.»

Le coordinateur national de la FGD considère que «le réexamen du modèle de développement du pays nécessite la participation de tous les acteurs au Maroc, parce que le modèle de développement que l’Etat a eu pendant plusieurs années s’est avéré défaillant».

«Au Maroc, nos structures économiques et sociales ne nous permettent pas d’importer un modèle de développement libéral. Notre pays n'est pas prêt pour cela, nous l’avons dit. Ce qu’il faut, c’est une large consultation pour obtenir un consensus national, de sorte à ce que tous les Marocains empruntent la direction en vue de sa réalisation et sa concrétisation.»

Abdeslam El Aziz estime aussi que «le modèle souhaité est peut-être déjà disponible dans un tiroir, fruit d’un travail de bureaux d’études, bien que ce soit une question importante qui concerne tous les Marocaines et les Marocains». Il insiste également sur «la nécessité d'impliquer et d'écouter tout le monde même s’il semblerait que le gouvernement n’ait pas ce désir d'écouter et de consulter les autres».

«Le Maroc est parti sur la voie d'une politique économique dans laquelle il n'y a pas de production et qui dépend de certains secteurs paroissiaux. Sommes-nous prêts à reconsidérer et à mettre en place une économie de production ?», s’interroge-t-il. Le coordinateur national de la FGD de conclure : «Si on nous demande de présenter notre point de vue, nous le ferons et le défendrons, mais malheureusement, il semblerait que ce ne soit pas là l’orientation de ce gouvernement.»

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