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Interview

Tomoka Takano, la sage-femme japonaise engagée auprès des femmes enceintes au Maroc [Interview]

Tomoka Takano a quitté son Japon natal pour le Maroc afin de donner des cours de préparation à l’accouchement aux femmes de la région d'El Jadida et de les assister pendant la grossesse et l'accouchement. Interview.

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Tomoka Takano aux côtés de responsables de l'Agence japonaise de coopération internationale au Maroc. / Ph. JICA
Temps de lecture: 3'

Tomoka Takano est une infirmière japonaise qui travaille au Maroc depuis 15 mois, plus précisément dans la région d'El Jadida. Elle assiste les femmes pendant la grossesse, l'accouchement et après l'accouchement pour l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA). Grâce au programme de bénévolat des sages-femmes à l'étranger, cette native de Yokohama (deuxième ville du Japon, centre) a eu la chance de partager ses compétences et son savoir-faire avec les sages-femmes de la région, et d'élargir ses connaissances dans ce domaine. Tomoka Takano évoque pour Yabiladi ses cours de préparation à l’accouchement, le Maroc et son travail de sage-femme.

Comment êtes-vous arrivée au Maroc pour travailler en tant que sage-femme ?

Quand j'étais étudiante au Japon, j'ai lu un livre sur l’ONG Médecins sans frontières et j’ai été fascinée par le rôle qu’elle joue dans la promotion de la coopération internationale. J’ai donc voulu devenir sage-femme. Plus tard, j'ai rejoint l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA) grâce au programme de bénévolat des sages-femmes à l'étranger. Avant cela, j’ai fréquenté l'université au Japon pendant quatre ans, où j’ai suivi un cursus pour devenir sage-femme et étudié les soins infirmiers et la santé publique.

Quelle est votre principale mission au Maroc ?

Pour le moment, je fais partie d'un département nommé «Réseaux des services et établissements sanitaires» à El Jadida, l'organe directeur de tous les petits hôpitaux de la région. Je travaille avec une sage-femme marocaine qui est chargée d'assister les femmes à tous les stades de la grossesse, pendant et après l'accouchement. Je visite ainsi presque tous les centres de santé de la région.

Ma principale mission consiste à fournir des cours de coaching aux femmes enceintes. Je les aide à travers une série de conseils et d’astuces pour prendre soin de leur santé et du bien-être de leur bébé. Je forme aussi d'autres sages-femmes dans la région avec d’anciennes méthodes adoptées par les Japonais pendant des décennies, qui ont contribué à la baisse du taux de mortalité infantile dans mon pays. Les cours ont commencé au Maroc en 2012 et je suis ici pour les booster.

En juillet, ma mission prendra fin et je retournerai au Japon.

Que pensez-vous du Maroc maintenant que vous y travaillez en tant que sage-femme ?

C'est une excellente expérience pour moi. J'ai eu l'occasion de découvrir la culture marocaine. Tout est différent du Japon, surtout la religion. Comme vous le savez, dans mon pays nous n'avons pas beaucoup de musulmans et ne savons rien de l'islam. Au Maroc, j'ai eu beaucoup d'aventures : par exemple, j'ai jeûné pendant le Ramadan et célébré l'Aïd. D'un autre côté, j'aime les gens ici. Ils sont très gentils. Je suis très contente que la JICA m'ait envoyée dans ce pays.

Qu'en est-il du travail d’une sage-femme ? Les pratiques sont-elles différentes du Japon ?

Chez moi, les choses sont totalement différentes. Au début, ça a été difficile de m’habituer mais j'ai dû m'adapter et avec l'aide d'autres sages-femmes, j’ai su gérer.

Cependant, j’ai été très surprise de constater que les sages-femmes au Maroc offrent plus de services qu'au Japon. Là-bas, nous avons des tâches très limitées à accomplir. Au Maroc, le travail que nous fournissons quotidiennement est énorme contrairement au Japon.

Des différences existent également en matière de formation. Au Japon, une sage-femme n'a pas le droit d'aider une femme enceinte pendant l'accouchement sans la présence d'un médecin. Au Maroc, les sages-femmes font presque tout et parfois sans l'aide d'un médecin. En revanche, les sages-femmes japonaises sont formées pour établir un diagnostic ultrasonore.

Qu'est-ce qui vous a le plus marqué pendant votre expérience au Maroc ?

Quand j'ai commencé à travailler, j'étais responsable d'un petit hôpital dans la commune de Moulay Abdellah, près d'El Jadida. J'ai remarqué que les sages-femmes recevaient des cours pour aider les femmes mais que cela ne se faisait pas correctement.

Je me suis promis de faire en sorte que ces infirmières acquièrent de nouvelles compétences et obtiennent de meilleurs résultats. Tout le monde était motivé et prêt à apprendre de nouvelles choses. J’ai beaucoup apprécié.

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