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Grand Angle

Indépendance du Kurdistan irakien : La poète amazighe Malika Mezzane entendue par la police

Après la publication de deux vidéos dans lesquelles elle affirme son soutien à l’indépendance du Kurdistan irakien et ses propos appelant à la mort des Arabes, Malika Mezzane a été interpellée dimanche à Rabat par la police judiciaire. La poète et activiste amazighe, en garde à vue, sera déférée devant le procureur du roi.

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L'activiste et poète amazighe Malika Mezzane. / Ph. DR
Temps de lecture: 2'

La police judiciaire a entendu dimanche à Rabat Malika Mezzane et a décidé son placement en garde à vue en attendant qu’elle soit déférée devant le procureur du roi.

La poète et activiste amazighe a publié la semaine dernière, sur son compte Facebook, une vidéo dans laquelle elle menace de décapiter et tuer des Arabes qui rejettent l'indépendance des Amazighs de la province du Kurdistan en Irak. Selon Kifach, média en ligne de Med Radio, plusieurs militants et activistes amazighs ont confirmé l’interpellation de Malika Mezzane et la décision de la police judiciaire de la placer en garde à vue. 

La vidéo, publiée par la poète amazighe, a été supprimée par l'administration de Facebook après avoir fait l’objet de plusieurs signalements. Elle avait ensuite été publiée sur YouTube, où elle a également été largement dénoncée, certains internautes voyant là une incitation directe au meurtre.

«Les Amazighs sont prêts à s’allier avec Israël et avec le diable», déclare Malika Mezzane. «Tous les peuples indigènes doivent expulser les Arabes d’Afrique du Nord, de l’Egypte et de l’Irak», enchaîne-t-elle. L’Amazighe menace de tuer les Arabes et s’indigne des souffrances endurées par les Kurdes dans le nord de l'Irak. Elle critique également le rejet, par les Arabes d’Irak, de la création d’un Etat du Kurdistan. «Nous, Amazighs, massacrerons les Arabes en Afrique du Nord, nous les abattrons. Donc choisissez, bande d’imbéciles», lance-t-elle ainsi aux Arabes. Sur YouTube, ses propos ont été visionnés par plus de 100 000 personnes en peu de temps.

Une seconde vidéo pour expliquer la première

Après la multiplication des réactions sur les réseaux sociaux et la suppression de la première vidéo, Malika Mezzane en a enregistrée une seconde pour s’expliquer. Elle affirme que «les peuples de la région n’ont pas suffisamment d'intelligence» pour comprendre ce qu'ils entendent ou ce qu’ils lisent. Elle affirme avoir voulu, à travers sa vidéo controversée, montrer sa solidarité absolue envers les Kurdes, «victimes de la haine et du racisme». Elle ajoute avoir été en colère, et précise qu’elle ne visait pas tous les Arabes, mais seulement ceux qu’elle estime racistes et qui ne reconnaissent pas ce qu’elle considère comme «la tragédie des Kurdes». Des explications qu’elle doit désormais fournir au procureur général du roi au tribunal de Rabat.

La poétesse et militante amazighe Malika Mezzane n’en est pas à son coup d’essai. Connue pour sa défense de l’Etat hébreux et des juifs, elle avait affirmé dans une interview en 2014 que «comme toute autre nation, les juifs ont droit à une patrie». La même année, elle était allée jusqu’à accuser Ahmed Assid, intellectuel et militant des droits humains et amazighs, de «[l’]avoir harcelée et de vouloir détruire [sa] vie conjugale».

Pour rappel, la province irakienne du Kurdistan bénéficie d'une large autonomie depuis 1991. Ses habitants aspirent désormais à organiser un référendum pour une indépendance totale et complète de l'administration irakienne, ce que les autorités de Bagdad refusent. Ce lundi, la Cour suprême irakienne a ordonné la suspension du référendum d’indépendance prévu le 25 septembre au Kurdistan irakien. La Cour annonce aussi vouloir examiner les plaintes qu’elle a reçues, «affirmant que cette consultation est anticonstitutionnelle», selon Le Monde.

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