Enquêtes au Maroc et au Mali : Trois personnes inculpées dans l'affaire « Air Cocaïne »

Lundi 6 juin, Sombé Théra, procureur anti-corruption au Mali, a fait une importante déclaration à la télévision malienne sur une affaire de trafic de drogue qui date de 2009. Pour la première fois, un officiel malien a reconnu que le Boeing 727, retrouvé dans le nord du Mali, que l'appareil contenait de  «la cocaïne et d'autres produits illicites» en provenance du Venezuela. Ce constat avait été fait par l'Office des Nations Unies Contre la Drogue et le Crime (ONUDC) dès novembre 2009. Théra a également annoncé que suite à des enquêtes, menées en partie en collaboration avec le Maroc, trois personnes ont été inculpées.

Le «Boeing de la coke», qui avait été découvert dans le désert au nord du Mali, dans la région de Gao en 2009 avait atterrit clandestinement, et une fois vidé de sa cargaison, il a été mis en feu. Une dizaine d’arrestations ont été effectuées depuis. Les trois personnes inculpées lundi étaient un ancien policier espagnol prénommé Miguel, un ressortissant français et un Malien. Un autre Français a été interpellé dans le cadre de cette affaire en mars dernier ; Eric Verney, pilote et ex-directeur de la compagnie aérienne Aéro Services Mali. L’avion avait été affrété à son nom.

Affaire à tentacules ?

D’après des sources sécuritaires maliennes et marocaines, le Maroc serait également un point nodal dans le trafic de drogues dures. Plusieurs personnes ont été arrêtées au Maroc dans le cadre de  la lutte contre le trafic de drogue : 34 personnes en octobre 2010 «suspectées d’avoir effectué huit voyages entre le Mali et Tanger pour transporter 600 kg de cocaïne. Et ce ne sont pas les seuls exemples» déclarait Christophe Champin, journaliste à RFI et autour du livre «Afrique noire, poudre blanche» dans une interview.

Début 2011 des câbles le la diplomatie américaine rendus publics par Wikileaks remuaient le couteau dans une affaire qui s’embourbait. Wikileaks révélait que le boeing 727 avait bénéficié d’une «protection en haut lieu».  Un responsable malien ajoutait en avril dernier à l’AFP que les autorités subissaient des «pressions pour obtenir la libération des deux principaux suspects».  Le président malien n’entend pourtant pas céder. Amadou Toumani Touré a déjà donné son «feu vert pour faire toute la lumière sur cette affaire». Au Mali, et au Maroc ?