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Grand Angle

Diaspo #6 : Nadine Hanafi, entrepreneuse dans l’âme

Nadine Hanafi est un exemple à suivre. La jeune marocaine a été sélectionnée, en 2014, parmi les 100 meilleures entrepreneurs de moins de 35 ans et s’est vu décerner un prix aux Nations unies à New York. Trois ans pendant lesquels cette passionnée a été classée parmi les Arabes de moins de 40 ans les plus influents dans le monde. Portrait Diaspo de la semaine.

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Nadine Hanafi. / Ph. DR
Temps de lecture: 4'

Nadine Hanafi est une Marocaine établie aux Etats-Unis depuis 2004. Elle s’est lancée corps et âme dans l’entreprenariat ; preuve en est de son entreprise «We are Visual». Cette jeune femme de 30 ans a réussi à se démarquer dans le monde des fameux Powerpoints.

«La mission de We are Visual est de s'atteler au préjugé selon lequel Powerpoint est ennuyeux. J’ai envie de dire aux gens que Powerpoint est un outil puissant avec lequel on peut faire des choses créatives. Notre mission, c’est de prendre les Powerpoints ennuyeux et de les transformer, de les aider à raconter une histoire visuelle tout en étant originaux», explique, enthousiaste, Nadine Hanafi à Yabiladi.

Son entreprise est le fruit du hasard. Après des études de commerce international en Floride, Nadine Hanafi travaille comme directrice marketing dans une agence de voyages à Miami : «Une des graphistes de l’agence n’était pas là pour faire une présentation Powerpoint. Je m’en suis occupée. Mon travail leur a plu, puis de fil en aiguille je suis devenue 'la fille Powerpoint' de l’entreprise.» Toutes les présentations de la société où elle travaille passent par elle.

«J’ai commencé à faire des formations pour mes collègues. Ça commençait à me plaire plus que mon travail de directrice marketing. Je faisais ça en plus de mon job. Un jour, je me suis dit : 'on ne m’a pas payé pour le travail supplémentaire que je fais'. Quand j’ai fait mon étude de marché, je me suis rendue compte qu’il y avait une demande dans ce créneau. Je me suis lancée et j’ai passé six mois à préparer le terrain et à mettre de l’argent de côté. En août 2013, ce fut le commencement de l’aventure», se remémore l’entrepreneure.

Nadine Hanafi lors de la remise de son prix aux Nations unies. / Ph. Nadine HanafiNadine Hanafi lors de la remise de son prix aux Nations unies. / Ph. Nadine Hanafi

Heureuses coincidences et travail acharné

La jeune gadirie a toujours été muée par l’envie de créer sa propre société et par une envie de se dépasser. «J’attendais juste l’idée parfaite», dit-elle. Le travail l’a toujours stimulée. Son parcours est d'ailleurs atypique. «Quand je faisais mes études à l’université, je travaillais en parallèle pour payer mes factures, mon loyer, etc. J’ai suspendu mes études à un moment parce que j’adorais le fait de travailler. J’ai travaillé dans le crédit immobilier juste avant la crise des subprimes. J’ai eu une formation de commerciale qui m’a beaucoup aidé dans ce que je fais à présent, puis j’ai repris mes études en commerce international», ajoute Nadine Hanafi.

Les débuts de l’aventure «We are Visual» n'ont pas été de tout repos. La Marocaine travaille d’arrache-pied, crée des présentations, les publie sur Slideshare, «le YouTube des Powepoints», et est choisie pour figurer sur leur page principale. «J’avais mis 7 000 dollars de côté, c’était tout ce que j’avais pour investir dans le site internet et pour survivre jusqu’à ce que la boîte commence à faire de l’argent. J’ai quitté Miami pour vivre dans une ville à 3 heures, Melbourne (Floride) où les loyers sont beaucoup moins chers», ajoute Nadine Hanafi. Elle s’adresse au TedTalks pour travailler avec eux ; ils l’embauchent sur le champ «Ils m’ont envoyé un mail au bout de 45 minutes en me disant : 'Où étais-tu ? On t’attendait'», raconte-t-elle en éclatant de rire.

En parallèle, Nadine Hanafi publie tout ce qu’elle crée sur les réseaux sociaux. «Ce que je ne savais pas, c’est qu’une journaliste américaine du magazine Fast Company m'a suivie pendant des mois sur Twitter. En mars 2014, je reçois un mail de cette journaliste qui souhaite m’interviewer par rapport à ma boîte. A l’époque, j’avais une start-up de 8 mois à peine. Dès que cette interview a été publiée, j’ai commencé à avoir des appels de clients dont on rêve en tant que fondateur d'une start-up, notamment Disney, General Electric... 1 400 entreprises m’ont appelée. Ça m’a étonnée puisque ces entreprises ont leur propre département de graphisme. J’avais 26 ans à l’époque.»

Nadine Hanafi lors de la remise du Saphira Awards. / Ph. Nadine HanafiNadine Hanafi lors de la remise du Saphira Awards. / Ph. Nadine Hanafi

Digital Nomad

Désormais, Nadine Hanafi vit entre Marrakech et Miami. «J’avais embauché des gens à Miami et j’ai eu une crise de conscience. Je n’étais pas heureuse. Le travail de 9 heures à 17 heures et les problèmes personnels à gérer. J’ai un peu perdu ma passion pour ce que je faisais. J’ai viré tout le monde et depuis je gère ma société complètement virtuellement.» Et d’ajouter : «Je suis une digital nomad. C’est une tendance d’entrepreneurs qui choisissent de mettre leur qualité de vie en avant au lieu de l’argent. Au lieu de grandir leur entreprise, ils grandissent leurs revenus. Ils construisent des boîtes complètement virtuelles. Tu embauches des personnes à l’autre bout du monde que tu recrutes sur chaque projet, donc tu peux travailler de n’importe où, tout ce qu’il te faut c’est une connexion internet.»

Cette native du Minnesota a étudié au lycée français d’Agadir. En 2004, elle s’envole en Californie pour faire ses études. Depuis un an, elle a un pied-à-terre à Marrakech : «J’ai eu le mal du pays, et à présent je partage ma vie entre Marrakech et Miami. C’est la meilleure décision que j’ai prise. Je me sens bien au Maroc.»

La trentenaire le clame haut et fort : «On a besoin de plus de femmes entrepreneurs marocaines. On a besoin de plus d’exemples. J’ai envie de dire aux femmes marocaines de réussir dans des domaines autres que la beauté», lance-t-elle. «Foncez, ne vous découragez pas. Le sentiment que l’on a quand on est entrepreneur vaut bien toutes les souffrances qui viennent avec. C’est un très beau sentiment de savoir qu’on est auto-suffisante et qu’on a réussi quelque chose, surtout dans un domaine où on peut faire la différence.»

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