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Grand Angle

«Fin du Parti du Palais ?» : Ilyas El Omari répond à Mâati Monjib

Trois jours après l’article-analyse du journaliste, universitaire et historien Mâati Monjib, faisant le lien entre le Hirak et la démission d’Ilyas El Omari de la tête du PAM, ce dernier rompt le silence. Dans un long article paru dimanche, l’ancien parton du Tracteur critique à sa manière la sortie médiatique de l’universitaire.

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Ilyas El Omari, ancien secrétaire général du PAM et l'historien et universitaire Mâati Monjib. / Photomontage
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«Hirak du Rif après celui du 20 février… Est-ce la fin du Parti du Palais ?», l’article publié vendredi par Al Quds Al Arabi, de Mâati Monjib n'est pas passé inaperçu, surtout dans les rangs du PAM. Dimanche, dans un long article d’opinion, l’ancien secrétaire général du Parti du Tracteur, Ilyas El Omari a choisi le site de sa formation politique pour répondre au journaliste, universitaire et historien. 

«Cher "historien", je vous connais depuis que vous étiez étudiant avant d’être qualifié de "chercheur" et "historien". J’ai respecté et je respecte vos opinions et vos positions politiques, même si je n’étais pas d’accord avec quelques-unes ou la majorité de ces positions», écrit le désormais ex-secrétaire général du Parti du Tracteur. Il avance ensuite que «l’humain n’a pas toujours raison, même en étant un historien et il commet des erreurs, comme tout chercheur». Une introduction qui n’empêchera pas Ilyas El Omari de tirer à boulets rouges sur Mâati Monjib.

«Cher "historien". Comment se fait-il qu’un homme de votre niveau scientifique et académique (…) puisse abandonner ses convictions, ses positions politiques et sa motivation politique pour un courant partisan et politique ayant adopté le commun religieux comme référence ? Cela entre en contradiction avec le métier d’historien, de chercheur et d’analyste.»

El Omari appelle Monjib à enlever sa casquette d’historien qui lui «impose la neutralité, l’objectivité et la vérité»

L’ancien patron du PAM passe ensuite aux questions qu’il adresse à l’historien et militant pour les droits de l’homme. «Si le PAM est la création du système, du pouvoir ou du Palais, qui a donc créé les courants islamistes qui disposent, selon votre opinion, de la légitimité de présence et de représentation ?», s’interroge-t-il. Ilyas El Omari pose une deuxième question, puis une troisième : «Qui a payé, soutenu et encouragé l’apparition des courants islamistes ? Pourquoi ont-ils été créés ?».

«Vous avez parlé de ma démission pour conclure qu’elle est due à "l'échec du PAM de jouer un rôle positif en faveur du système depuis le début du Hirak du Rif". Une conclusion qui peut être politiquement justifiée conformément à vos convictions personnelles et vos positions dans le soutien des courants de l’islam politique au Maroc. Mais votre conclusion est fausse si vous y êtes parvenu en tant qu'historien, car elle ne se réfère pas à des faits ou à des informations précises émanant de l'auteur de la décision.»

Plus loin dans son long article, Ilyas El Omari déclare à Mâati Monjib que ce dernier «a le droit de dire et d’exprimer son opinion» comme bon lui semble. «Mais, avant cela, il faut enlever votre casquette d’"historien" (…) qui vous impose la neutralité, l’objectivité et la vérité basée sur des documents et des faits». 

El Omari, «première victime du Hirak» du Rif, selon Mâati Monjib

Cette réaction intervient trois jours après la publication, par Al Quds Al Arabi, d’un article de Mâati Monjib intitulé «Hirak du Rif après celui du 20 février… Est-ce la fin du Parti du Palais ?». «Le pouvoir au Maroc a décidé il y a environ 10 ans de créer un parti proche des cercles du pouvoir pour le servir et suivre ses instructions. Ce parti est appelé Parti de l’authenticité et de la modernité (…) dont les principales missions étaient de combattre le courant islamiste modéré», débute l’article de l’historien.

Ce dernier y explique d’abord les raisons de la création du PAM, avant de passer à la démission d’Ilyas El Omari du poste de secrétaire général du parti de l’opposition. Il met en lien le retrait du ténor du Tracteur et le Hirak du Rif né en octobre suite au décès de Mohcine Fikri. «Le PAM semblait complètement incapable de rétablir le calme dans le Rif, ni en tant que parti ni en tant qu’élus sachant que ses membres contrôlent les institutions les plus représentatives à Al Hoceima et même dans toute la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima», estime le journaliste et historien. Il souligne à cet égard que ladite région a été créée «sur mesure pour le parti de l’Etat».

«Donc la victime du Hirak dans la sphère politique du Palais est Monsieur El Omari. Rappelons aussi que la toute première victime dans cette même sphère et même avant le gouvernement d’Abbas El Fassi est Monsieur Fouad Ali El Himma, le vrai leader du PAM à l’époque et qui a été contraint de démissionner après quelques semaines seulement à la tête du parti après le début des manifestations du 20 février 2011.»

Dans l’article de Mâati Monjib, même Cheikh Biyadillah, ancien patron du PAM en 2010 n’y échappe pas. L’historien rappelle l’affaire de Gdim Izik qu’il appelle «Hirak des tentes» et qui avait, toujours selon lui, «les mêmes causes et les mêmes revendications sociales, économiques et politiques que la crise du Rif».

«Lorsque le roi a violemment critiqué les partis politiques dans son dernier discours, il parlait des partis qui ont été assistés par l’Etat par tous les moyens et non pas ceux que l’Etat a combattus, parce que le pouvoir ne peut pas s’attendre de ces derniers une médiation politique efficace. Le premier parti de l’Etat est le PAM et c’est normal que sa direction a été la première à s’inquiéter», conclut l’historien et journaliste.

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