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Grand Angle

Maroc : Les enjeux de l’autonomie de Bank Al Maghrib

Le conseil de gouvernement a adopté, jeudi à Rabat, le projet de loi n°40-17 portant statut de Bank Al Maghrib. Un chantier juridique visant à conférer à la banque des banques une indépendance totale vis-à-vis d’éventuelles actions du pouvoir exécutif, en vue de mener une politique monétaire censée être crédible.

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Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al Maghrib. / DR
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Dans un contexte où les opérateurs économiques sont dans l’attente de la mise en œuvre de la réforme de la libéralisation du dirham, reportée sine die, le conseil de gouvernement a adopté, hier à Rabat, la loi n°40-17 portant statut de Bank Al Maghrib.

À travers l’adoption de cette loi, l’institution dirigée par Abdellatif Jouahri s’est vu conférer une indépendance totale sur la conduite de la politique monétaire.

Le projet de l’indépendance est synonyme de crédibilité

Qui dit indépendance, dit dépendance ! En effet, la politique monétaire, par le biais de la loi adoptée par le conseil de gouvernement, n’est plus dépendante du pouvoir exécutif. Il s’agit d’une avancée sur le plan institutionnel, puisqu’elle permet de renforcer la crédibilité de la politique monétaire. Cette dernière est une variable non négligeable quant à la prise de décisions des opérateurs économiques.

En effet, une politique monétaire efficace, aux yeux des opérateurs économiques, est conditionnée par sa crédibilité dans une économie livrée au jeu du marché. En ce sens, lorsqu’elle est entre les mains de l’exécutif, ce dernier pourrait en faire usage, à l’arrivée des élections, en achetant la sympathie des électeurs potentiels en concurrence d’une illusion ; l’illusion monétaire. 

En clair, un gouvernement peut user de la politique monétaire par l’application d’une politique expansionniste, en faisant croire ainsi aux citoyens que l’économie va reprendre le chemin, alors que ce n’est pas le cas : le gouvernement, lorsqu’il use de la politique monétaire, crée de la monnaie, qui, dans le fond, ne représente en rien le niveau de l'activité économique réelle. Ce qui se traduit par un mal inéluctable et destructeur : l’inflation.

Pour éviter un tel scénario fort susceptible de déclencher un processus de perte de confiance, allant de la monnaie jusqu’à l'État lui-même, il est nécessaire d’instaurer l’indépendance et la crédibilité de la politique monétaire. Et ce, sous la conduite d’une institution monétaire indépendante.

Les missions de Bank Al Maghrib

Le projet de refonte consiste à étendre les missions de Bank Al Maghrib pour contribuer à prévenir le risque systémique et renforcer la stabilité financière, et surtout défendre la valeur de la monnaie nationale. Et ce, en faisant adapter les instruments nécessaires d’intervention, de son choix, aux missions précitées.

Ledit projet de loi s’inscrit en outre dans le cadre des mutations structurelles récentes de l’économie nationale, à savoir le processus d’ouverture. Et ce, en s’alignant aux normes appliquées à l’international, notamment celles relatives aux autorités monétaires, comme c’est le cas dans les pays développés ; la Banque centrale européenne, entre autres.

Comme le stipule le texte adopté par le conseil de gouvernement, Bank Al Maghrib met en œuvre la politique du taux de change dans le cadre du régime de change et ses orientations fixées par le ministre de l’Economie et des finances après avis de la Banque centrale.

En effet, ceci indique sur le fait que les orientations du gouvernement  priment en ce qui concerne la vision de la politique de change. Sauf que, dans un contexte où il y a libéralisation du dirham, la valeur de la monnaie nationale serait déterminée par les forces du marché, dans une bande de fluctuation, et non par une décision du pouvoir exécutif. Et, s’il y a besoin d’une intervention, elle serait à caractère économique, de la part d’une institution dont le gouverneur est nommé par le roi, et à qui il doit rendre des comptes.

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