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Interview

Frédéric Elbar : «Je suis un candidat local, les Français de l'étranger en ont marre des parachutés»

Candidat indépendant et ancien UMP, Frédéric Elbar aspire à la 9ème circonscription des Français de l'étranger lors du scrutin législatif français les 4 et 18 juin. L'occasion de revenir sur son programme et ses ambitions. Interview.

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Frédéric Elbar est candidat à la 9è circonscription des Français de l'étranger. /Ph. F. Elbar.
Temps de lecture: 5'

Tous les candidats quasiment ont des propositions sur l'enseignement, que proposez-vous ? La gratuité de l'école, la réduction des frais ou l'amélioration de la qualité ?

Je ne propose rien de tout cela car ce serait super si j'avais la baguette magique, je paierais moins mais je pense qu'il faut être réaliste : c'est impossible. L'Etat français subventionne pour 500 millions d'euros chaque année : 400 millions dans l'enseignement 100 millions de bourse scolaire. Les parents français à travers le monde déboursent chaque année 1 milliard 500 millions d'euros.

Il y a eu le rapport de la cour des comptes en septembre 2016, un rapport pointu. Ils sont revenus sur la gratuité qu'avait accordée Sarkozy pendant ses deux dernières années de mandat et ils se sont rendus compte en fait qu'il y avait eu un retour de bâton par rapport à ça. Parce que par exemple je ne parle pas qu'au Maroc mais dans le monde entier quand les gens ont su que l'école française était gratuite ils ont mis tout de suite leurs enfants dans ces écoles. Et donc il a été calculé que si on allait sur ce rythme là, la dotation de l'Etat français devrait au minimum tripler donc on passerait de 500 millions d'euros à 1 milliard 400 millions d'euros. Jamais ils ne vont vous l'accorder, c'est tellement important et c'est pour cela d'ailleurs qu'ils sont en train de déléguer au privé.

Les écoles privées homologuées sont en train de grossir donc ce que je dis c'est qu'il faudrait, lorsqu'on va passer des contrats que l'Aefe (Agence pour l'enseignement français à l'étranger) va donner des autorisations à des privés non seulement il y a un cahier des charges mais surtout on doit absolument contrôler les frais pour les Français, il faut bloquer le tarif pour les Français.

Le sujet est extrêmement vaste, moi je ne prétends pas le maîtriser parfaitement, j'aime bien les candidats qui arrivent 'moi je vais réduire les frais de scolarité', ce sont des sujets assez complexes. Les députés des Français à l'étranger sont 11 actuellement avec 12 sénateurs des Français de l'étranger donc depuis 5 ans, ils ont rien obtenu. Deputé des Français de l'étranger à l'assemblée nationale toute façon vous allez avoir relativement peu d'influence.

Vous avez été élu conseiller consulaire, vous revendiquez d'ailleurs votre ancrage territorial et votre connaissance de la circonscription pas seulement du Maroc où vous êtes né mais aussi les autres pays où vous avez vécu et travaillé pendant quelques années. Pensez-vous que c'est l'élément qui fait la différence avec les autres candidats ?

Je pense que ce qui fait le plus la différence avec les autres candidats, c'était mon thème de campagne c'est mon créneau, c'est le fait effectivement qu'il y ait un candidat local, car les parachutés les gens en ont marre. Alors que dans toutes les autres circonscriptions en France, si le gars a le malheur de franchir la limite de son département 'c'est un parachuté, c'est anormal, c'est inadmissible' nous non c'est normal c'est Paris qui décide pour nous et les gens ne réagissent plus de la même manière.

Ici il n'y a quasiment que des parachutés parce que sur les 27 candidats je crois qu'il y en a 7 qui sont résidents et encore y'en a 1 -il fait très polémique ici- qui s'est inscrit au consulat il y a trois mois. Les gens ne sont pas dupes. Ça correspond à un changement de mentalités des électeurs français, ils ne veulent plus la même politique et c'est ce qui s'est passé en France. On se dit on veut quelqu'un de vrai, de sincère, et surtout pour une élection de proximité parce qu'au départ la députation c'est de proximité. Sur le fait que je revendique être conseiller consulaire, oui je revendique le fait que je sois déjà élu, j'ai suivi un processus démocratique et il y a des gens qui ont voté pour moi.

Les médias marocains ont commencé à s'intéresser à cette campagne, suite à la polémique de l'insvestiture de Leïla Aichi. Vous vous êtes né au Maroc, qu'avez-vous pensé de cette polémique et quelle est votre position concernant le Sahara occidental ?

En Marche ne maîtrisait pas ses dossiers, c'est la première chose à laquelle j'ai pensé et d'ailleurs ils n'ont fait que le démontrer par la suite parce que sa polémique a enflé avec un autre candidat. Au départ quand ils ont investi Leila Aïchi, il y a tout de suite eu une réaction épidermique au Maroc. J'ai été très attentif sur la manière dont allait réagir ce nouveau gouvernement (ndlr français), en fin de compte ils la retirent. Ils se sont dit on allait pas commencer à se fâcher surtout que vis-a-vis du Maroc ils n'avaient pour l'instant montré aucun signe. Au contraire, ils avaient plutôt montré des signes vers l'Algérie. 

La question est : est-ce que le gouvernement maitrise le sujet maghrébin ? Parce que cet aller-retour Maroc Algérie, la seule chose qu'il ne fallait pas faire c'était ça. M. Macron est issu de la gauche française et comme d'habitude la gauche française est plutôt pro-algérienne et la droite française est plutôt pro-marocaine, c'est comme ça. Donc cette polémique pour moi c'est pas tellement sur la candidate, c'est de se dire est-ce que ce gouvernement a une position claire vis-a-vis du Maghreb et quelle est-elle parce que c'est ce qui nous intéresse.

Je ne prends jamais et je n'ai jamais pris de position sur la politique intérieure marocaine ou la politique étrangère marocaine tout simplement déjà en tant qu'élu parce que j'ai un devoir de réserve. Ce n'est pas moi qui peut me permettre de m'exprimer sur le Sahara. J'ai bien évidemment mes propres convictions, mon père était requisitionné deux mois par an dans l'armée marocaine à l'époque pour aller soigner les militaires marocains, il était médecin à Marrakech. Et il était d'ailleurs gradé donc je connais le Sahara mais je ne me permettrais pas de prendre des positions vis-à-vis de tel ou tel pays. Nous sommes en train de parler à des Français pour des élections législatives françaises.

Si le 18 juin vous êtes élu deputé à l'assemblée nationale, est-ce que vous ferez partie de la majorité, vous soutiendrez la majorité présidentielle ?

Pour tout vous dire, il y a plusieurs mois de cela, parce que moi je me suis mis en campagne il y a déjà un an et je rappelle qu'En Marche était balbutiant, beaucoup de gens sont venus me voir en disant En Marche etc. Moi je me suis présenté sous une étiquette d'indépendant, les partis j'ai vu et je les ai subi donc maintenant je suis extrêmement méfiant. J'ai decidé de prendre une carte d'indépendant pour dire aux gens qu'après au bout d'un moment il fallait des vrais gens avec des vraies convictions.

Si je suis élu comme indépendant j'aurais un poids je pense énorme parce que les partis politiques vont se dire 'mais ce gars là en tant qu'indépendant, il a gagné une circonscription pareille, ça veut dire qu'il a du monde derrière lui'. Ils vont venir me chercher, pour que je rentre avec eux naturellement, pour que je leur tire des électeurs. Je leur dirai alors : 'écoutez, pourquoi pas vous rejoindre, je serai toujours libre penseur mais j'ai besoin d'un gage, d'une garantie'. Qu'allez vous faire pour nous ? Vis-a-vis de ces gens qui m'ont élu, qui ont des besoins, qui ont des attentes, donc si moi je viens qu'est-ce que vous gouvernement français vous pouvez me promettre. Parce que je ne suis pas idiot, je vais rejoindre le gouvernement, si je rejoins un parti d'opposition je vais pas aller très loin. Cette majorité me va bien, je suis un ancien de l'UMP, je n'ai pas renié toutes mes idées. Maintenant, ce que ce gouvernement devrait faire c'est une politique économique de droite et une politique sociétale de gauche.

Vous l'avez souligné, vous êtes étiquetté divers droite donc indépendant, vous avez fait partie de l'UMP mais il y a un moment où vous avez demandé l'investiture de Les Républicains et notamment avec un courrier envoyé à Estrosi...

Oui, un courrier qui comme par hasard est sorti. Je pensais que ces gens là avaient une approche de confidentialité mais je sais exactement d'où il vient. Je n'ai jamais caché le fait que j'étais le président de commission à l'UMP, qu'en tant que responsable de l'équipe de l'UMP j'ai soutenu feue Khadija Doukkali pour les mêmes causes que je défends jusqu'à présent : les binationaux et une relation France-Maroc. A l'époque où ces gens ont décidé de me sortir, alors que j'avais fait le job pour eux, d'une manière sale et déplaisante, j ai décidé de me présenter. La campagne qui est faite par certains candidats est ignomineuse, calomnieuse, délétère, sale, je reçois même des menaces de la part des chargés de com' de certains candidats.

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