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Grand Angle

Pourquoi les banques participatives au Maroc tardent à voir le jour ?

Le gouvernement marocain annonçait il y a quelques mois avoir donné son feu vert pour le lancement des toutes premières banques participatives. Bank Al Maghrib avait alors publié un communiqué sur les banques marocaines qui doivent proposer à leurs clients des produits islamiques. Quelle est donc la raison derrière ce retard ? Les explications d’Abdeslam Balaji, professeur de finance islamique et président de l’Association marocaine de la finance islamique.

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Photo d'illustration. / DR
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En janvier dernier, Bank Al Maghrib annonçait en grande pompe avoir accordé des agréments de banques participatives à cinq établissements bancaires marocains. La banque centrale affirmait aussi avoir donné son feu vert à trois banques afin de lancer des produits de banque participative. Une décision émanant du Comité des établissements de crédit, composé de représentants de Bank Al-Maghrib et de deux représentants du ministère chargé des Finances.

Un avis favorable sur les demandes formulées pour la création de banques participatives a alors été donné à la BMCE Bank of Africa conjointement avec le groupe saoudi/bahreini Dalla Al Baraka et à Attijariwafa Bank, étant précisé que cette banque est toujours en discussion pour un futur partenariat. L’avis favorable concernait aussi le CIH Bank, la Banque Centrale Populaire et Crédit Agricole du Maroc.

Le Comité avait aussi autorisé la Banque Marocaine du Commerce et de l’Industrie, le Crédit du Maroc et la Société Générale à offrir à leur clientèle des produits bancaires participatifs.

L’avis du Comité de charia n’a été publié qu’en mars

Toutefois, cinq mois après les autorisations formulées par la banque centrale, aucune banque marocaine n’a encore communiqué sur ses offres de produits participatifs. Un retard qu’attribue Abdeslam Balaji aux préparatifs pour la mise en place de ces produits». Contacté par Yabiladi ce mardi, le professeur de finance islamique et de droit constitutionnel à l’Université Mohammed V de Rabat rappelle qu’il «y avait une attente de l’avis du Comité de charia pour la finance participative». Un avis qui a été publié en mars, poursuit-il. Abdeslam Balaji, également président de l’Association marocaine de la finance islamique, enchaîne en rappelant aussi que «les autorisations des banques ayant finalisé leurs dossiers devaient être publiées dans le Bulletin officiel ce qui n’a pas encore été fait».

«Le Comité, dirigé par le wali de Bank Al Maghrib et constitué de représentants du ministère des Finances et des représentants des banques, avait donné le 2 janvier dernier les autorisations. Mais après l'octroi de ces licences, les banques concernées sont appelé à remplir leurs engagements et leurs dossiers puis les remettre au wali de la banque centrale qui doit, de son côté, les envoyer pour être publiés dans le Bulletin officiel.»

Seuls deux établissements bancaires ont finalisé leurs dossiers

Abdeslam Balaji ajoute que «seuls deux établissements bancaires sur un total de huit banques ont réussi à constituer leurs dossiers, déposés auprès d’Abdelatif Jouahri pour être publiés au BO». Ce sont, d’après lui, les procédures juridiques et administratives qui retardent la finalisation des dossiers. «Dès le lancement des premiers produits, d’autres procédures seront engagées, à l’instar de l'assurance islamique Takaful et l’avis du Comité de la charia sur cette assurance. En plus, le wali de Bank Al Maghrib n’a pas encore proposé de mesures fiscales pour une concurrence loyale entre établissements bancaires et banques participatives», nous explique-t-il. Le président de l’Association marocaine de la finance islamique n’écarte pas que ces suggestions figurent dans l’actuelle Loi de finances, débattue au Parlement.

Quant à la date exacte du lancement des produits participatifs, notre interlocuteur estime qu’elle pourrait intervenir dans «un ou deux mois». «Mais ce n’est pas officiel puisque le wali de Bank Al Maghrib est seul à disposer d’une réponse mais les banques ne doivent pas lancer leurs produits en même temps. Ceci dit, les établissements dont les dossiers ont été publiés au BO peuvent donc commercialiser leurs produits et ceux n’ayant pas encore finalisé leurs dossiers doivent attendre», commente-t-il.

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