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Grand Angle

Mosquée de Clichy : Retour sur le bras de fer entre le maire et la communauté musulmane

Le torchon brûle entre les musulmans de Clichy-la-Garenne et la mairie de la ville au lendemain de l’expulsion des fidèles de la mosquée située en plein centre-ville. Les faits marquants d’un bras de fer datant de plusieurs années, racontés dans une série de tweets de Marwan Muhammad, directeur du Collectif contre l’islamophobie en France.

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Les musulmans de Clichy-la-Garenne priant devant la mosquée fermée par les autorités. / Ph. Jonathan_RTfr & AGTM Solutions
Des membres de la communauté musulmane manifestant à Clichy-la-Garenne . / Ph. Jonathan_RTfr & AGTM Solutions

La mosquée de Clichy-la-Garenne en région parisienne (Hauts-de-Seine) a été évacuée hier par la police en présence d’une cinquantaine de fidèles, conformément à une décision du Conseil d’État datant de fin 2016, par laquelle l’institution validait le principe d’expulsion. La mairie veut en effet transformer le site, qui lui appartient, en médiathèque. Les musulmans de Clichy-la-Garenne, eux, veulent conserver leur lieu de culte.

Derrière cet événement, c’est un bras de fer de longue date qui se joue entre la municipalité et les fidèles, qu’a raconté mercredi soir Marwan Muhammad, directeur du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), sur son compte Twitter. Ce dernier évoque une «grande, belle et diverse communauté musulmane» à Clichy-la-Garenne, avant de fustiger les maires successifs de cette ville. «Le maire précédent, Gilles Catoire, puis le maire actuel Rémi Muzeau n'ont fait que balader la communauté musulmane locale, comme tant d'autres», revenant ensuite sur les mésaventures de la communauté musulmane établie dans cette ville.

«D'abord on priait au foyer. Puis dans un minuscule pavillon de la rue Sanzillon. Puis dans une ancienne caserne rue Foucault. Puis ailleurs. A chaque fois c'était le même plan : les musulman-e-s craquaient leurs économies pour aménager le lieu. Puis devaient le quitter pour un autre.»

Les fidèles revendiquent de plus en plus un lieu de culte stable. Rémi Muzeau, à l'époque simple élu, entre en scène et part «en freestyle de promesses à tout va», promettant d’aider les musulmans «à pérenniser la mosquée», poursuit le directeur du CCIF, vidéo et lien à l’appui. La mosquée est alors inaugurée en juillet 2013 et gérée par deux associations.

Des promesses bafouées dès la prise de fonction

Mais les choses changent dès l’arrivée de Rémi Muzeau à la mairie. «Il a été frappé par le même virus que de nombreux maires qui prennent les musulmans pour des supplétifs, dociles et aphones. Bien entendu, il ne s'agissait même plus de tenir les engagements formulés», regrette Marwan Muhammad.

Une affiche à la porte de la mosquée de Clichy-la-Garenne. / Ph. AGTMSolutions & Jonathan_RTfrUne affiche à la porte de la mosquée de Clichy-la-Garenne. / Ph. AGTMSolutions & Jonathan_RTfr

L’édile aurait par la suite ramené une troisième association, «qui n'a rien à voir avec les musulmans de Clichy pour semer la zizanie parmi les fidèles» et gérer un deuxième lieu de culte ; celui qui est actuellement proposé en guise de plan B aux fidèles mécontents.

«Il pouvait ainsi antagoniser (sic) les autres [musulmans de Clichy]. Diviser pour mieux régner, saison x^N (sic). Ensuite, Rémi Muzeau n'a plus eu qu'à dire une chose : il y a un nouveau lieu de culte à Clichy. Rue des trois pavillons. Débrouillez-vous.»

Le maire aurait, par la suite, annoncé le refus de renouveler le bail de la mosquée avant d’afficher sa volonté d’en fermer les portes pour convertir le lieu en une médiathèque. «Le deuxième lieu de culte était très excentré, géré par des gens choisis par le maire et totalement illégitime pour les musulmans de Clichy», raconte le directeur du CCIF.

«Il y a presque une science institutionnelle que nourrissent certains, dans la manière de mépriser les gens. Portes soudées. Murs. Affiche», s’indigne-t-il, rappelant que «les musulman-e-s de Clichy et leurs soutiens sont mobilisés pour réclamer l'évidence : la réouverture de la mosquée.»

Pour Marwan Muhammad, cette situation ne relève pas d’un «acte d'islamophobie au sens habituel», mais traduit «la manière dont les musulmans sont traités». Le CCIF sera aux côtés des musulmans de Clichy-la-Garenne «jusqu'à ce qu'ils obtiennent gain de cause ; justice et dignité».

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