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Grand Angle

Après le choc du limogeage, le PJD appelé à désigner un successeur à Benkirane

Qui sera le successeur d'Abdelilah Benkirane ? Quatre prétendants pourraient assumer les fonctions de chef de gouvernement. Mais le PJD n’aura pas cinq mois devant lui pour désigner son candidat. Le communiqué du cabinet royal a insisté, hier soir, sur «un délai proche».

                                            

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De g. à d.: Saâdeddine El Othmani, Driss El Azami, Mustapha Ramid, Aziz Rabbah. / DR
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Immédiatement après son limogeage, Abdelilah Benkirane a ordonné à tous les PJDistes d’observer le silence et de ne pas commenter la décision royale. Une injonction similaire à celle qu’il avait prise au lendemain de l’appel de Mohammed VI aux deux Chambres du Parlement d’accélérer l’adoption de l’Acte constitutif de l’Union africaine.

Le secrétariat général de la Lampe n’a pas encore tenu une réunion en vue de se mettre d’accord sur un candidat consensuel. Hier soir, le communiqué du cabinet royal a laissé aux islamistes le temps de digérer le choc et de présenter ensuite le successeur de Benkirane. Mohammed VI «recevra dans le délai le plus proche cette personnalité et la chargera de former le nouveau gouvernement», lit-on dans le texte.

La balle est désormais dans le camp des islamistes. Mais cette fois, ils n’auront pas cinq mois pour élire le successeur de Benkirane car il y a urgence. Deux options se présentent aux PJDistes pour accomplir cette délicate opération : la tenue d’une session extraordinaire du conseil national ou une simple réunion du secrétariat général.

Les possibles candidats : Ramid, le dauphin naturel

Remplacer Benkirane n’est guère une mince affaire pour les membres de la direction de la Lampe. Ils lui sont redevables, en grande partie, de leur succès aux législatives du 7 octobre. Mais ils sont obligés de laisser de côté leurs sentiments personnels pour répondre «dans un délai proche» à l’appel du roi Mohammed VI. Les PJDistes les mieux placés pour succéder à Benkirane occupent ou ont déjà occupé des fonctions ministérielles.

Mustapha Ramid tient incontestablement le haut du pavé. Cet ancien «refuznik» du temps de l’opposition a montré, depuis sa nomination à la tête du département de la Justice en janvier 2012, une grande flexibilité et un sens du pragmatisme. Il est l’un des rares ministres islamistes apprécié par le Palais. Le 30 juillet 2013, le roi l’avait décoré du Wissam Al Moukafaa Al Watania de l'Ordre de grand officier. Mustapha Ramid a également été invité par le monarque à prendre part à la désignation, le 10 octobre 2016, de Benkirane pour former un nouveau gouvernement. Autant d’indicateurs qui le confortent dans la position de dauphin naturel même s’il avait déclaré en janvier dernier n’être pas disposé à assumer le rôle de Ben Arafa.

Saâdeddine El Othmani : le grand rival de Benkirane

L’ancien ministre des Affaires étrangères a également ses chances pour prendre la place de Benkirane. C’est un homme de consensus qui jouit du respect de l’ensemble de la classe politique, y compris le PAM. Une qualité nécessaire dans l’exercice du pouvoir, d’autant que l’exécutif qu’il aurait à diriger est une coalition de quatre ou cinq partis avec leurs propres agenda et intérêts. Néanmoins, le véritable talon d’Achille d’El Othmani réside dans le peu de soutiens dont il dispose au sein du Mouvement unicité et réforme (MUR), la matrice du PJD. C’est justement là la cause principale de sa défaite en 2008 face à Benkirane.

Aziz Rabbah : l’homme qui dérange les pro-Benkirane

Le maire de Kenitra peut prétendre à la succession de son supérieur hiérarchique au gouvernement. Homme de terrain, il jouit d’une popularité auprès d’une partie de la jeunesse du PJD. Ses succès électoraux et sa proximité avec le PAM et le président du RNI, Aziz Akhannouch, ont fait de lui la cible de vives attaques des faucons du parti. Contrairement à Abdelilah Benkirane, l’ex-ministre des Transports et de l’équipement n’est pas aussi hostile à une éventuelle participation de l’USFP au gouvernement.

Driss El Azami : Un islamiste proche des technocrates

L’ancien ministre délégué au Budget pourrait figurer sur la liste des prétendants. Certes, il n’a pas le charisme d’un Mustapha Ramid ou l’expérience d’un Saâdeddine El Othmani, mais il compense largement l'abscence de ses qualités par sa compétence et sa maîtrise de dossiers économiques. Durant les quatre années et dix mois passés au gouvernement, El Azami s’est investi sur plusieurs fronts, tels que la réforme de la Caisse de compensation, les dossiers des enseignants-stagiaires, les élections communales et législatives. Un engagement qui a fait de lui le véritable porte-parole de Benkirane sur les plateaux des chaînes officielles. Contrairement à El Othmani ou Rabbah, El Azami a la confiance de Benkirane et du MUR.

Les prochains jours seront cruciaux pour déterminer l’identité du prochain chef de gouvernement. De toute évidence, Benkirane jouera un rôle clé dans le choix de son successeur. L’homme a encore toutes les cartes en main, aussi bien au parti qu’au MUR.

Article modifié le 2017/03/16 à 14h35

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