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Grand Angle  

Maroc : Les chiites mettent en place une nouvelle structure, leur leader interpellé par les autorités

Abou Al Fadl Nizar El Hachimi, leader du mouvement chiite «Organisation du citoyen Rissali» a été libéré jeudi soir après son interpellation par les autorités. Son mouvement, qui a déjà décrié son arrestation, met en garde contre les attaques lancées à l’égard de ses sympathisants. Détails.

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Abou Al Fadl Nizar El Hachimi, secrétaire général de l’«Organisation du citoyen Rissali». / Ph. Facebook
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Le Maroc fait-il face à une montée des courants chiites ? C’est en tout cas ce que laisse entendre la réaction des autorités locales cette semaine à l’encontre d’Abou Al Fadl Nizar El Hachimi, le leader du mouvement «Organisation du citoyen Rissali» (Mouassassat Al Mouwatin Arrissali). Mercredi, le chef de cette organisation a été interpellé par les autorités de la préfecture de police à Rabat, indiquait le mouvement sur sa page Facebook. Il a ensuite été libéré ce jeudi au moment où son mouvement avançant l’hypothèse d’un «kidnapping» par la police.

Dans des statuts partagés sur le réseau social, probablement destinés à informer les membres et sympathisants, le mouvement a fait savoir que le leader a été interpellé pour deux motifs. D’abord, les raisons derrière son déplacement au Liban, en Iraq et en République islamique d’Iran. Abou Al Fadl Nizar El Hachimi aurait d’ailleurs présidé une commission chiite au Moyen-Orient. Les actions entreprises par l’«Organisation du citoyen Rissali» dans plusieurs villes marocaines lui auraient également valu d’être arrêté. Qu’importe, l’organisation vient d’annoncer la mise en place d’un nouveau bras associatif. Baptisée «Oum El Banin», cette nouvelle section, ainsi que ses membres et ses champs de prédilection, ont été présentés sous le signe de la «bienfaisance».

«Militer pour la liberté de croyance et contre l’extrémisme»

Il y a deux jours, le mouvement chiite tirait à boulets rouges sur les autorités, affirmant que les attaques contre «les hommes [de leur] religion est une ligne rouge». Soulignant que l’Etat marocain «est responsable de cette arrestation brutale d’un imam qui n’appelle pas au terrorisme ou aux attentats mais milite pour un Etat de droit qui reconnaît ses composantes sectaires», le mouvement fait le lien entre l'arrestation de son leader et la libération de «terroristes salafistes», citant Omar El Haddouchi et d’autres détenus de son mouvement.

Jeudi soir, la même source a indiqué qu’Abou Al Fadl Nizar El Hachimi a été libéré et se trouve à son domicile à Tétouan. «Son Eminence le seyyed a affirmé l'attachement à ses exigences, celles de ses fidèles et celles du peuple de son pays, relatives à la liberté de croyance et à la lutte contre l’extrémisme. Il a aussi préféré ne pas donner de déclarations à la presse pour des raisons personnelles», écrit-on sur la page officielle du mouvement. L’occasion d’annoncer également la nomination officielle d’Abou Al Fadl Nizar El Hachimi en tant que secrétaire général de l’organisation.

Plus tard, le mouvement a annoncé une décision majeure : l’adoption du courant religieux de l’Ayatolah Chikh Mohammed Jamil Hammoud El Amili, un chiite libanais célèbre pour ses prêches anti-sunnites et ses appels au boycott de tout rapprochement entre ces deux courants. Il aurait même interdit à ses fidèles la consommation de viande issue d’un sacrifice réalisé selon les principes du sunnisme.

Au lendemain de son arrestation, Abou Al Fadl Nizar El Hachimi a écrit fait savoir dans une lettre qu’il ne lâcherait pas prise. «Notre militantisme n’a pas commencé et ne se terminera pas avec moi. J’ai reçu beaucoup de menaces, de harcèlements et d’intimidations que je peux endurer pour ma cause. Je ne dévierai pas de mon droit chemin», ajoute-t-il.

Un bras de fer récent

L’arrestation du leader de l’«Organisation du citoyen Rissali» n’est pas sans rappeler l’affaire d’Abdou Chougrani, le président de l’association chiite «Ressalis progressistes». En novembre dernier, le président de cette ONG non reconnue par le ministère de l’Intérieur avait été condamné par la justice à un an de prison ferme. Un verdict en première instance qui était intervenu quatre mois après le début du procès, le 5 juillet, et qui devait se poursuivre en appel à Fès.

S’il est officiellement accusé de «détournement de fonds publics» - environ 140 000 dirhams d’une agence Barid Al Maghrib à Taounate - et de «faux et usage de faux», Abdou Chougrani peut compter sur le soutien des membres de l’ONG, qui évoquent un règlement de compte. «Ressalis progressistes», qui souhaitait se constituer en association de droit marocain, avait esté en justice contre son interdiction.

Bien que cette «campagne» semble être menée contre la progression du chiisme au Maroc, les deux mouvements divergent sur plusieurs questions, notamment celle relative aux écoles juridique et aux courants.

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