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Grand Angle

Etats-Unis : Big data, fichage des musulmans et Trump, un cocktail dangereux d'après Amnesty International

Des entreprises américaines exploitant la «big data» ont la capacité de réunir des informations confidentielles à l’insu des citoyens américains musulmans et des clandestins. Si l’administration Trump venait à s’en servir, cette pratique pourrait devenir une menace pour les libertés.

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Amnesty International tire la sonnette d'alarme quant aux décisions du président Trump. / Ph. DR
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Des courtiers en données pourraient fournir à l’administration Trump des informations relatives à des personnes de confession musulmane ou en situation irrégulière sur le territoire américain, redoute Amnesty International dans un rapport publié dimanche, relayé par le journal suisse Le Temps.

La vente de ces registres au gouvernement risquerait de marginaliser cette population, soit les musulmans et les sans-papiers, d’où les craintes de l’ONG. Les entreprises dites «big data», spécialisées dans la récolte de données massives, pourraient répertorier et catégoriser ces données dans un but totalement lucratif.

Des données mises sur le marché au plus offrant

Tanya O'Carroll et Joshua Franco, experts en nouvelles technologies et auteurs du rapport, y exposent leurs inquiétudes en décrivant notamment les effets néfastes et les risques liés à l’exploitation gouvernementale des «big data». En termes d’immigration et de surveillance de masse, ce genre de dispositif s’avèrerait très répressif s’il arrivait aux mains de Donald Trump.

Si les doutes subsistent quant à la mise en place de cette pratique - aucune preuve n’atteste pour l’heure de l’achat par l’administration Trump de ces données -, il est très probable que celle-ci se concrétise compte tenu des liens étroits qu’entretiendrait le gouvernement du milliardaire avec ces agences, plus particulièrement avec Cambridge Analytica.

Une menace de voir émerger des dérives qui n'est pas à négliger, selon Amnesty. L’ONG a d’ailleurs adressé une lettre aux entreprises du secteur :

«Nous leur demandons d'annoncer publiquement les mesures prises pour prouver qu'elles agissent de manière éthique et ne contribuent pas à des abus. Nous leur demandons de s’engager à ne pas autoriser les autorités à recourir à leurs données pour violer des droits humains, surtout ceux des musulmans et des migrants, clairement menacés aujourd'hui.»

Des registres qui existent déjà

Selon l’association, ces registres existeraient déjà aux Etats-Unis. Amnesty cite en effet ExactData.com, un site qui permet de retrouver la trace de près de deux millions d’Américains de confession musulmane. Des éléments très précis y sont mentionnés, tels que le nom, l’adresse ou encore la localité de résidence des personnes concernées. Montant de la facture : quelque 138 380 dollars (près de 1 400 000 dirhams).

Si ces ventes venaient à être opérées, «la surveillance de masse, les détentions arbitraires et l’expulsion de millions d’individus résidant aux Etats-Unis» pourraient être à l’ordre du jour.

Bien sûr, ces données ne sont pas seulement récupérées par ces sociétés ; elles sont aussi fournies par les internautes eux-mêmes, à leur insu. C’est ainsi que débute le travail robotique pour «mettre en exergue des informations par déduction ou analogie. Avec des marges d’erreurs évidentes».

Pour appuyer ses résultats, Amnesty International est allée jusqu’à contacter quelques unes de ces sociétés afin qu’elles lui fournissent des listes de clandestins. Le retour de l’une d’entre elles laisse perplexe : «Nous ne pouvons pas connaître leur statut exact, mais nous pouvons dresser une liste qui s’en rapproche le plus possible en ciblant des individus de certains pays en fonction de leur race.» Selon ces critères, les Mexicains, par exemple, figureraient presque obligatoirement dans la liste des sans-papiers. Or, ils sont loin d’être tous en situation irrégulière sur le sol américain.

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