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Grand Angle

Jamal Tazi, un chercheur franco-marocain au coeur d'un nouveau traitement contre le SIDA

Jamal Tazi est professeur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Surtout, il figure parmi les chercheurs à l’origine d’une découverte qui peut révolutionner le traitement du sida. Détails.

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Jamal Tazi est professeur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). / Ph. Jamal Tazi
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Son nom ne vous dit peut-être pas grand-chose, mais il est l’un des chercheurs les plus sollicités dans le monde de la génétique. Jamal Tazi a trouvé une molécule capable de stopper la multiplication du virus du sida. Le scientifique franco-marocain a déjà à son actif trois prix : celui de l’académie des sciences (1999), de l’académie de médecine (2006) et enfin celui du rayonnement international (2009).

Le chercheur de 58 ans a suivi des études de biologie générale au Maroc, à l’université Mohammed V à Rabat. Intéressé par la biochimie moléculaire et génétique, il met le cap sur Montpellier en 1981 pour y décrocher un master dans cette matière. «J’ai fait la rencontre d’un professeur qui partageait ma passion pour la biologie moléculaire. Dans les années 80, l’enseignement dans ce domaine n’existait pas au Maroc, j’ai donc dû partir à Montpellier», se souvient Jamal Tazi, contacté par Yabiladi. «Cette rencontre coïncide avec les premiers travaux qui démontrent que l’on peut manipuler nos gênes à volonté», ajoute-t-il. «On peut changer la destinée des organismes en manipulant les gênes», explique le scientifique. C’est ainsi que Jamal Tazi s’est passionné pour le monde de la génétique.

Un rêve devenu réalité

«Au départ, ma passion pour la génétique, c’était un rêve. Au Maroc, j’étais obnubilé par les publications du magazine ‘Sciences et Vie’. Un jour, alors que j’étais étudiant, j’ai lu un article qui montrait que nous pouvions manipuler facilement l’ADN. J’en ai parlé à un professeur qui m’a répondu que c’était de la science-fiction», raconte le natif de Rabat.

Animé d’une passion et d’une curiosité sans bornes pour la recherche, le chercheur est devenu directeur adjoint du pôle biologie et santé de l’université de Montpellier et professeur de génomique fonctionnelle au sein de la même entité. Il n’en oublie pas pour autant ses origines : «Je suis Marocain et je suis resté Marocain. Je suis marié à une Marocaine. Mes enfants ont appris l’arabe, c’est pourquoi je suis très attaché à mes racines», soutient le chercheur. «Je suis également attaché aux valeurs de la République française», précise-t-il. Une «double culture enrichissante».

De plus, le hasard fait bien les choses : le chercheur a étudié pendant une vingtaine d’années le mécanisme de manipulation des gênes, «impliqué dans de nombreuses maladies humaines». «J’ai trouvé des molécules qui modifient ce mécanisme», ajoute-t-il. «Je me suis dit qu’il existait des virus que l’on pouvait stopper à travers la manipulation des gênes. C’est de là que m’est venue l’idée d’arrêter la multiplication du virus du sida.» Le traitement dure environ un mois. «Sa particularité est qu’il n’y a pas eu de retour de la charge virale dans la phase pré-clinique», indique le chercheur. En d’autres termes, les personnes infectées par le VIH ne seront plus astreintes à un traitement à vie. «L’essai est en cours et les résultats seront disponible fin avril.» «Si les résultats des études s’avèrent concluants, Abivax espère une mise sur le marché d’ici 2020», écrit Les Inrocks.

Qui dit traitement, dit investisseurs. Jamal Tazi a en effet dû créer une société de biotechnologie sous l’appellation Abivax en 2008/2009. «Un laboratoire coopératif» qui a pour vocation de développer les molécules et d’aller le plus loin possible dans leur élaboration. A travers cette entreprise, d’autres virus sont étudiés pour être éradiqués, tel que la chikungunya, la dengue et d’autres maladies virales.

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