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Grand Angle

Attentat de Québec : Le fils d’Azzeddine Soufiane rend un hommage poignant à son père

Ilies Soufiane, le fils aîné du ressortissant marocain qui a péri dans l’attentat de Québec, a rendu un hommage émouvant à son père. Il raconte les souvenirs d’un homme communicatif, apaisé et philosophe.

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Ilies Soufiane, le fils aîné du ressortissant marocain qui a péri dans l’attentat de Québec, a rendu un hommage émouvant à son père. / Ph. Le Journal de Québec
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Ilies Soufiane, un des trois enfants d’Azzeddine Soufiane, le Marocain tué lors de l’attentat du Centre culturel islamique de Québec, est sorti de son silence pour évoquer le souvenir de son père. L’aîné de la fratrie, 15 ans, s’est confié le 2 février au Journal de Québec. Dans un témoignage poignant, il rend un hommage empreint de «tristesse, de rage, d’incompréhension et de fierté».

«Mon père aurait pu se sauver très facilement de la mosquée, mais il a décidé de faire face. Il a combattu», raconte l’adolescent, accompagné de sa tante et deux amis de la famille. «Mon père est mort en héros. Il va au paradis direct», répète Ilies avec conviction.

Courageux même face à la mort

Azzeddine Soufiane se trouvait près de la porte de sortie de la mosquée, ont confirmé plusieurs sources. Plutôt que de s’enfuir, l’homme de 57 ans a tenté d’enlever l’arme du présumé terroriste. «Il a essayé de sauver les musulmans», continue son fils. L’adolescent «conservera l’image d’un père aimant, attentionné et attaché au bonheur et à l’éducation de ses enfants», écrit la publication québécoise.

Le père de famille avait sa propre manière de régler les conflits du quotidien : «Il le faisait toujours avec calme et humour. C’était le père le plus gentil au monde», décrit Ilies avec un soupçon d’admiration. Il dépeint son père comme quelqu’un de très communicatif : «Il me disait toujours : viens me parler parce qu’un jour, je ne serai plus là. Il me disait de profiter de ces moments. Je ne l’ai jamais compris quand il disait ça.»

Fier des exploits de son fils, basketteur, le père l’encourageait à trouver l’équilibre, à se concentrer davantage sur ses études. «Il me répétait que ça prend un corps sain dans un esprit sain», se souvient Ilies. «À chaque fois que je faisais une heure de sport, il me demandait : pourquoi ne pas consacrer la moitié de ce temps-là pour les études ? Il aimait que les choses soient équilibrées.»

L’adolescent brandit un coquillage, souvenir d’un récent voyage au Maroc. Son père avait jeté «par erreur tous les coquillages dans les poubelles». Face à la déception de son fils, il avait récupéré tous les coquillages et les avait nettoyé un à un avant de les lui rendre.

Ilies Soufiane, 15 ans, montre le coquillage d'un récent voyage au Maroc. / Ph. Le Journal de Québec

Lors d’un récent voyage de l’Oumra, l’aîné a longuement échangé avec son père : «À la Mecque, il m’a beaucoup parlé. Il m’a dit : un jour, je ne serai plus là. Tu vas venir avec tes enfants et tu vas leur dire : j’étais assis ici avec mon père», confie encore Ilies. Après ce même voyage, la petite famille est partie au Maroc, début janvier. «Ça faisait huit ans qu’il n’était pas allé voir sa famille. C’est comme s’il leur [avait dit] adieu.»

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