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Grand Angle

Transfusion sanguine : Fidéliser les donneurs pour combler les besoins en plaquettes

Après un démenti du ministère de la Santé relatif à la destruction de poches de sang, l’heure est au bilan quant aux réserves et aux besoins en la matière au niveau national. Quels sont les besoins réels du Maroc en dons sanguins et notamment en plaquettes ? Les réponses du directeur du Centre national de transfusion sanguine (CNTS).

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Un malade qui nécessite les plaquettes doit disposer de 14 à 15 pochettes de plaquettes par jour. / Ph. Facebook
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Lundi, le ministère de la Santé démentait «la destruction de 200 poches de sang récoltées suite au don de citoyens le 6 janvier au Centre national de transfusion sanguine». L’information diffusée par certains médias a été immédiatement niée par le directeur du CNTS. Contacté par Yabiladi, Mohamed Benajiba fait le point sur la définition du stock en sang et de sa gestion. Selon lui, parmi les 120 000 malades qui ont besoin de transfusion, 20 000 nécessitent un don de plaquettes sanguines en urgence.

Une autosuffisance partielle

Lorsqu’on parle de stock en sang et de besoins, on se réfère à un certain nombre d’indicateurs, souligne le directeur du CNTS. «L'indicateur utilisé par la Cour des Comptes concerne le nombre des donneurs par rapport à la population générale. L’Organisation mondiale de la santé recommande à ce qu’il soit compris entre 1 et 3% de la population générale à titre indicatif». Mais selon lui, le stock en sang et en besoins reste un simple indicateur, ne représentant guère une norme. En effet, «d’autres indicateurs sont plus réalistes : comme celui qui précise le nombre de dons par rapport au nombre de lits», nous explique-t-il.

«Si on se réfère au premier indicateur à savoir 1 à 3% de la population, nous aurons un nombre important de poches (de sang, ndlr) périmées, car leur utilisation n’est pas très importante. En 2015, nous avons atteint 135% de nos besoins, nous sommes donc auto-suffisants».

En termes de stock de sang, il ne s’agit pas d’une quantité à évaluer mais plutôt d’un système, rappelle Mohamed Benajiba. «Il faut que ce dernier réponde à des situations critiques pour juger de son efficacité. Dans ce cadre là, nous avons mis en place un système basé sur des niveaux de mesure à l’échelle nationale pour tous les centres de transfusion sanguine», poursuit notre interlocuteur.

Un don réservé aux plaquettes

On distingue trois types de produits sanguins : le plasma, le concentré de globules rouges et les plaquettes. Le directeur spécifie les caractéristiques de chaque produit : «Le plasma n’est jamais déficitaire car sa durée de conservation est d’un an, la quantité que nous avons dépasse de loin nos besoins. Les concentrés de globules rouges dont le délai de consommation est de 42 jours sont également largement suffisants».

Le problème se pose avec les plaquettes qui ont une durée de conservation de cinq jours et par conséquent, «il faut toujours inciter les gens à donner de façon continue pour subvenir aux besoins des malades qui nécessitent ce type de produit sanguin», précise-t-il.

«Les plaquettes sont produites à partir de dons de sang totaux, d’où on extrait tous les autres produits sanguins. Une poche de sang total équivaut à une poche de plaquettes. Un malade qui nécessite les plaquettes doit disposer de 14 à 15 poches de plaquettes. C’est un besoin difficile à combler et pour cela nous sommes en train de mettre en place un don de plaquettes. Dans un centre de transfusion, un appareil spécialisé sera capable de centrifuger le sang du donneur et lui faire revenir les autres constituants». 

Avec cette innovation, un donneur pourra alors fournir 14 à 15 poches de plaquettes, continue le directeur en nous annonçant que le centre est en train de promouvoir ce type de dons au niveau de Rabat et Casablanca. Les autres centres de transfusion, «où il y a une consommation relativement importante en plaquettes sanguines», comme à Fès, à Oujda et à Marrakech, seront aussi mis à jour.

Fidélisation des donneurs

Pendant la dernière campagne nationale, 70 000 poches ont été collectées. Une partie de ces dons, représentant ce produit de nécessité, «sera périmé en cinq jours», rappelle le directeur du CNTS. L’enjeu selon lui est «de pouvoir convaincre les gens à revenir régulièrement pour donner les quantités qu’il faut. «Pour une bonne gestion du stock, à Rabat par exemple où il nous faut des dons pour 140 patients, il nous faut 250 donateurs plutôt que 1500, pendant une campagne», compare-t-il.

L’objectif principal du CNTS est donc de fidéliser les donateurs. C'est d'ailleurs l'un des objectifs majeurs de la stratégie 2017-2021 du Centre, bien que l'année 2015 a été prometteuse. «Un grand effort a été déployé pour recruter les nouveaux donneurs. Or en 2015, 300 000 donneurs sensibilisés se sont présentés. Si on arrive à les convaincre et les fidéliser de revenir au moins deux fois par an, nous allons doubler les quantités», fait savoir Mohamed Benajiba.

Dans le cadre de sa stratégie, une série d’actions sera entreprise par le CNTS avec notamment des applications de gestion de sang et d'autres destinées aux donneurs. Mohamed Benajiba développe :

«Lorsque le donneur aura dépassé deux mois après sa dernière visite au centre de transfusion, il sera rappelé par sms ou par mail. Un site web sera également mis en place pour localiser les centres et les caravanes de transfusions les plus proches de l’utilisateur. Les gens pourront également s’inscrire en laissant leurs cordonnées pour être contactés lors d’une alerte ou d’une campagne.»

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