Connaître Benoît Hamon sans passer par Ali Rabeh ? Que nenni ! C’est Slate qui le dit. Le magazine en ligne vient de tirer le portrait à ce (très) proche du candidat à la primaire de la gauche. Joli coup de pub pour cet homme de l’ombre plus habitué aux coulisses qu’aux micros tendus. C’est que le trentenaire - 32 ans précisément - fait partie de l’éminence grise de l’équipe Hamon.
Originaire de Trappes, dans les Yvelines, Ali Rabeh arpente les ministères comme un funambule se déplace sur un fil. En témoigne un curriculum vitae bien fourni depuis 2012 : chef de cabinet du ministre de l'Economie sociale et solidaire, conseiller spécial du ministre de l'Education nationale et délégué national à la vie lycéenne au sein du même département. Rien que ça. Sans oublier son élection, lors des élections municipales de 2014, à la mairie de Trappes en tant qu’adjoint à la Jeunesse et aux sports.
«This is the man», lance ainsi Benoît Hamon pour décrire ce proche de longue date. «Je vous le dis, vous le verrez loin, très loin», insiste-t-il, «l'index levé fermement au ciel», tient à préciser Slate.
Un engagement qui commence sur les bancs de l’université
Comme souvent en politique, le virus se contracte très jeune. Ali Rabeh ne fait pas exception. A la sortie d'un cours de maths à l'université, où il préparait un diplôme d'informatique avant de se réorienter vers un master de sciences politiques, une étudiante lui tend un tract de l’Union nationale des étudiants de France (Unef) et lui propose d'assister à une assemblée générale. «Le virus de l'engagement me prend, ça m'a réveillé», se souvient-il. Les tracts s’éparpillent déjà sur la table de la maison familiale, qu’il partage avec ses parents venus du Maroc, arrivés en France dans les années 60. Le père est ouvrier chez Peugeot. La mère, femme au foyer.
La première grosse secousse se fait sentir le 21 avril 2002 : l'accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle va l'envoyer à Paris pour sa première manifestation contre «une salissure sur la République». Aujourd’hui pourtant, il est certain qu'aucun manifestant ne se déplacera si Marine Le Pen se qualifie en 2017.
Un an plus tard, c’est Luc Ferry, alors ministre de l’Education nationale, qui le fait frémir. Ali Rabeh carbure à plein temps contre une réforme qui veut décentraliser et affecter aux collectivités territoriales 100 000 postes non enseignants de l'Education nationale. A l'époque, la politique de Dominique de Villepin aide les pourfendeurs.
Face à la réforme du «Contrat première embauche», plus d'un million de jeunes sont dans la rue. L'engagement d'Ali Rabeh a payé, la réforme est abandonnée. Et lui en sort victorieux. Aujourd’hui, c’est une autre victoire qu’il lorgne : celle de Benoît Hamon à la primaire de la gauche. Affaire à suivre, donc.