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Grand Angle  

Les réseaux sociaux et les décès de personnalités au Maroc : une relation virale

A croire la réaction des internautes, l'année 2016 a été une année noire du point de vue du nombre de décès de personnalités. Le Maroc n'échappe pas à la tendance mondiale. La surexposition médiatique et la viralité des réseaux sociaux a profondément transformé notre relation avec la mort des personnalités.

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Miloud Chaabi, Leila Alaoui et Abdelbadi Zamzami, des personnalités marocaines de différents calibres décédées en 2016 / DR
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Avec le décès du chanteur George Michael, le 25 décembre 2016, le refrain qui a pris de l'ampleur au fil des disparitions de cette année est revenu en force : l'année 2016 est une année maudite ! Le Maroc n'échappe pas à cette tendance avec une année marquée par la mort de nombreuses personnalités. Effet d'optique ou réalité ?

En réalité, le feu des projecteurs sublimerait la nécrologie, explique Marie-Pierre Fourquet-Courbet. Cette théorie a été émise par la professeure de sciences de la communication à Aix-Marseille Université dans un article coécrit avec Didier Courbet. Les auteurs de cette enquête qualitative ont étudié les réactions et les communications des fans lors du décès d’une célébrité médiatique.

«Le décès a fait apparaître de nouveaux besoins identitaires chez les fans. Selon leur identité sociale, soit groupale, soit individuelle, les médias sociaux ont joué des rôles différents dans le processus de deuil et dans leur réagencement identitaire.»

Les réactions déclenchées par la mort d’une célébrité sont fortement impactées par sa visibilité sociale explique l'article. Les hommages, rétrospectives, articles de presse en ligne... ont ensemble conçu un aspect virtuel de la mort.

«Personnalités posthumes»

A l’heure du bilan de l'année 2016 au Maroc, nous vous proposons une rétrospective des principales disparitions. Si les noms de certaines personnalités étaient déjà connus grâce à leur forte exposition médiatique, d'autres ont émérgé à la faveur des réseaux sociaux. Sans prétendre à l’exhaustivité, il est possible de citer quelques noms qui ont marqué l’actualité.

Miloud Chaabi, Président Directeur Général d’Ynna Holding a quitté ce monde le 16 avril 2016. Milliardaire, sa vie fut une ascension fulgurante vers la réussite. Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, présent lors du long cortège funèbre qui le raccompagna jusqu’au cimetière Achouhada de Rabat, lui reconnaît son mérite : «Bien que je sois l’un de ses amis et de ses frères je ne sais pas tout de lui. Or je sais qu’il a commencé les mains vides et qu’il a lutté par tous ses moyens (…) pour devenir l’un des plus riches de ce pays, aimant son peuple et fidèle à son roi…»

La mort d’un chef d’empire entrepreneurial ne passe certainement pas inaperçue. Les médias ont évidemment relayé l’information mais la personnalité du patriarche Chaabi a entrainé également une vive émotion sur les réseaux sociaux.

Leila Alaoui, plus discrête médiatiquement, a connu une célébrité posthume. La photographe bléssée le 16 janvier 2016 lors des attaques terroristes de Ouagadougou, a succombé à ses blessures deux jours plus tard. La nouvelle de son décès a tristement augmenté sa célébrité auprès du grand public au Maroc mais aussi à l'étranger. France Soir écrivait sur l'artiste franco-marocaine :

«Agée de 33 ans, Leila Alaoui était une photographe reconnue qui avait exposé aux Rencontres d'Arles en 2011, à la Biennale de Marrakech en 2012 et 2014, ou encore au New York Photo Festival en 2014 et au musée d'art contemporain de Buenos Aires en 2015. Sa série de clichés "Les Marocains" est notamment exposée à la Maison européenne de la photographie à Paris jusqu'à dimanche 23 janvier.»

Le ministère de la Culture français l'a nommée commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres, à titre posthume. Il s’agit du plus haut grade de cette décoration honorifique qui récompense «les personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu’elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde».

Le dernier buzz du «personnage» controversé, Abdelbari Zamzami, a fait la couverture des journaux marocains le 10 février 2016. Le cheikh devait sa renommée avant tout pour ses Fatwas et déclarations polémiques. Certains titres en ont profité en titrant «disparition de l'homme aux fatwas sur les carottes» ou «Zamzami est maintenant questionné».  Ce qui n’avait pas tardé à déclencher des échanges byzantins entre partisans et opposants du predicateur sur les réseaux sociaux.

Rappelons que Abdelbari Zamzami était également élu à la Chambre des représentants de 2007 à 2011 sous les couleurs du parti Annahda wa Al Fadhila (Renaissance et Vertu, une scission du PJD). Il avait réussi à remporter haut la main son siège dans la circonscription Anfa à Casablanca. Un passage qu’il n’avait pas souhaité renouveler lors des élections législatives de 2011. Depuis, il s’était retiré définitivement de la scène politique.

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