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Grand Angle

Visite du roi en Afrique : La Zambie au cœur d'un « embarras diplomatique »

La Zambie, que le roi Mohammed VI devrait visiter début décembre, sera prise entre l’enclume et le marteau. Ce pays d’Afrique australe, qui a annoncé à plusieurs reprises le retrait, puis son annulation, de la reconnaissance de la «RASD», maintient ses relations diplomatiques avec le Royaume d'une part ; le Polisario d'autre part. La visite du monarque intervient quelques mois après la réception accordée au «ministre sahraoui» Salem Ould Salek. Rappels des faits.

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Le président zambien Edgar Lungu en compagnie de Brahim Salam Boussif, « ambassadeur de la RASD ». / Ph. Lusaka Times
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Le roi Mohammed VI poursuit sa tournée africaine. Il devrait se rendre début décembre au Nigeria et en Zambie, après des visites officielles en Éthiopie et à Madagascar. Ceux qui suivent de près l’histoire du conflit sur le Sahara occidental ne sont pas sans savoir que le Nigeria et la Zambie ont toujours fait partie des États qui soutiennent la «République arabe démocratique sahraouie(RASD)» du Front Polisario.

Si les communiqués officiels suite aux deux visites sont plus qu’attendues pour trancher sur cette question, la visite du souverain est déjà au cœur d’une polémique en Zambie. Le média local Lusaka Times indique ce vendredi que le maintien, par la Zambie, de ses relations diplomatiques avec le Maroc et les séparatistes du Polisario sont sur le point de causer un «énorme embarras diplomatique» pour ce pays d'Afrique australe.

Soutien historique du Polisario

Historiquement, la Zambie a toujours reconnu la "RASD" en tant qu’État africain. Le premier président de la Zambie indépendante, Kenneth Kaunda, fut le premier dirigeant du continent à se rendre à Tindouf. En février 2016, le président Edgar Lungu avait accepté les lettres de mission de Brahim Salam Boussif, «ambassadeur» de la "RASD" et aurait même assuré, selon Lusaka Times, que «la Zambie a toujours soutenu le droit indiscutable du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance».

Or, quelques mois plus tard, le 10 juillet 2016, la Zambie décide de tourner le dos aux séparatistes du Polisario. Son ministre des Affaires étrangères, Harry Kalaba, annonce lors d'une conférence de presse à Rabat, conjointe avec le ministre délégué aux Affaires étrangères et de la coopération, Nasser Bourita, que le pays compte rompre ses liens avec la "RASD".

Visite du ministre des Affaires étrangères à Rabat / Ph. MAP

La visite du roi intervient juste après celle de Salem Ould Salek

Mais le pays, désormais dirigé par Edgar Lungu, s’est peut-être fait prendre par son propre jeu. Le 7 octobre 2016, le président a réaffirmé au «ministre sahraoui» Salem Ould Salek l’intention de la Zambie de renforcer ses relations avec le Polisario. Une entité qu’elle avait pourtant épinglée quelques mois auparavant, poursuit le média zambien.

Ce dernier note qu’en marge de la 22e Conférence des Parties (COP22) organisée au Maroc, le roi Mohammed VI a rencontré des dirigeants africains lors du sommet de l’Afrique. Lusaka Times rappelle que la décision «surprise» du souverain annonçant la volonté du Maroc de récupérer sa place au sein de l'organisation panafricaine s’est faite à Kigali en juillet dernier, «où 28 pays africains ont signé une pétition appelant au gel des activités de la RASD et son expulsion de l’Union africaine».

«Pour que la République arabe sahraouie soit expulsée, le Maroc et ses partisans, pour la plupart en Afrique occidentale et centrale, auront besoin d'une majorité des deux tiers. Ce ne sera pas simple, cependant, puisque des pays de poids comme l'Afrique du Sud et l'Algérie, soutenus par d'autres comme le Zimbabwe et la Guinée équatoriale, sont déterminés à soutenir les Sahraouis jusqu’au bout», conclut le média.

Hésitations diplomatiques

Les changements de camps entrepris par la Zambie ne date pas de cette année. Déjà en 2011, lors d’un déplacement effectué par Kabinga Pande, alors ministre des Affaires étrangères, le responsable, qui avait rencontré le conseiller du roi Taïeb Fassi-Fihri, avait annoncé que son pays avait retiré sa reconnaissance de la "RASD".

Des revirements auxquels d'autres États sont également coutumiers, notamment en Amérique du Sud à l’instar du Panama et de l’Équateur. Après avoir annoncé le retrait de leur reconnaissance, tous deux étaient revenus sur leur décision.

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