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Grand Angle

COP22 : Le réchauffement de la planète se poursuit, selon l’Organisation météorologique mondiale

L’année 2016 sera l’année la plus chaude et battra le record de l’année précédente avec une hausse de 1,2°C, a annoncé aujourd’hui l’Organisation météorologique mondiale qui vient de publier un rapport provisoire en marge de la COP22. Un chiffre sur lequel doivent d’appuyer les négociations autour du climat et de l’Accord de Paris, qui se tiennent depuis lundi 7 novembre à Marrakech.  

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L’année 2016 sera l’année la plus chaude et battra le record de l’année précédente avec une hausse de 1,2°C, d'après l’Organisation météorologique mondiale. / DR
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Tout semble indiquer que 2016 sera l’année la plus chaude qui ait été observée depuis le début des relevés et que la température moyenne sera même supérieure au record établi en 2015. Un constat émis ce lundi par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), qui dépend de l'ONU, lors d’une conférence de presse dans le cadre de la 22e Conférence des Parties (COP22) qui se tient à Marrakech.

Le nouveau rapport basé sur les données provisoires dont dispose l’OMM indique que la température moyenne en 2016 devrait être supérieure d’environ 1,2°C à ce qu’elle était à l’époque préindustrielle. Le timing de cette annonce n’est pas anodin : l’organisation lance cette déclaration provisoire sur l’état du climat mondial en 2016 afin que les débats de la COP22 puissent reposer sur des informations précises.

«Malheureusement, ce ne sont pas de bonnes nouvelles, puisque la température continue d’augmenter aussi bien sur Terre que dans les mers. Cela a beaucoup d’impact, notamment les sécheresses qui touchent une grande partie de l’Afrique et de l’Amérique du Sud», s’inquiète Omar Baddour, météorologue, chef de division et coordinateur du programme de collectes des données de l'OMM, rencontré en marge de cette conférence.

«Pour l’instant, l’augmentation de la température que nous venons d’annoncer résulte de deux facteurs : d’abord, les variations à long terme dues aux changements climatiques anthropogéniques (générés par l'être humain, ndlr).» Ensuite, l’effet «El Niño», certes «très fort», mais qui survient une fois tous les 5 à 7 ans. Il s’agit d’un phénomène climatique caractérisé par des températures anormalement élevées de l’eau dans la partie Est de l'océan Pacifique sud, couplé à un cycle de variations de la pression atmosphérique globale entre l'est et l'ouest du Pacifique.

Maintenir le seuil de 1,5°C reste toutefois théoriquement possible

Bien que l’augmentation de 1,2°C reste en deçà du seuil fixé par l’Accord de Paris, il n’empêche que la courbe va crescendo. «Si on filtre l’effet de ce phénomène, on peut dire qu’on est déjà à 1°C. La température doit donc encore baisser de 0,5°C pour atteindre le seuil fixé par l’Accord de Paris», explique Omar Baddour. «Cette marge n’est pas tellement grande, c’est pourquoi il faut que les gouvernements et tous les acteurs fassent en sorte d’utiliser des moyens moins nocifs à l’environnement et à la planète», recommande-t-il.

Celui-ci de poursuivre : «Le recours aux énergies renouvelables reste l’une des solutions que tous les pays doivent normalement utiliser. Sans cela, il sera très difficile de mettre en place cet Accord. Les Etats doivent accélérer leurs actions, sinon l’objectif fixé ne sera pas atteint».

Ainsi, le météorologue renchérit sur la nécessité de passer à l’action, surtout pour le pourtour méditerranéen et l’Afrique du Nord. «En Afrique du Nord, la Méditerranée est parmi les zones les plus touchées par les changements climatiques. Il va donc falloir instaurer des stratégies et des feuilles de route pour faire face aux phénomènes extrêmes dus aux impacts de ces changements», met-il en garde.

Parmi les stratégies dont devraient idéalement disposer les pays - certaines existent déjà au Maroc - les systèmes d’alerte précoces. «Les services météorologiques de chaque Etat doivent jouer un rôle d’avant-garde. Peut-être que les moyens et les technologies utilisés aujourd’hui ne seront plus adaptés demain», estime-t-il.

Le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale, Petteri Taalas, a quant à lui fait savoir que les températures sont montées en flèche lors des premiers mois de l’année en raison du puissant épisode «El Niño» de 2015-2016. Selon des données provisoires, les températures sont restées suffisamment élevées en octobre pour que le record de l’année la plus chaude pressenti pour 2016 se concrétise.

«Le réchauffement de la planète se poursuit», déclare le patron de l’OMM

Les indicateurs relatifs au changement climatique affichent eux aussi des valeurs record, observe l’OMM. La concentration des principaux gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère continue de croître et atteint des niveaux sans précédent. «L’étendue de la banquise arctique reste très faible, en particulier en début d’année et lors de l’embâcle d’octobre. La fonte de l’inlandsis groenlandais (la calotte polaire, ndlr), très marquée, a débuté particulièrement tôt», traduisent les données provisoires de l’OMM. «L’excédent de chaleur dû au puissant épisode ‘El Niño’ a disparu, mais le réchauffement de la planète se poursuit», déclare le patron de l’OMM. «Dans certaines régions arctiques de la Russie, la température était supérieure de 6°C à 7°C à la normale.»

Le secrétaire général de l’OMM avertit aussi sur la nécessité de vocaliser les efforts au niveau de l’adaptation de certains pays ; «les désastres se poursuivront», s’inquiète-t-il. «Près de 100 pays vont avoir besoin d’aides et d’assistance face à l’impact des changements climatiques. L’Afrique concentre le plus grand nombre de pays.»

«La moitié des événements survenus entre 2012 et 2014 étaient dus aux changements climatiques qui ont des impacts sur l’humain, causant notamment des déplacements des populations pour fuir les zones les plus touchées.»

Les premiers mois de l’année en cours ont été particulièrement chauds, affichant des anomalies mensuelles record avec +1,12 °C en février et +1,09 °C en mars. Les données tirées de la ré-analyse ERA-40 du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT) révèlent, pour octobre, une anomalie semblable à celles des mois de mai à septembre.

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