Le ministre Nizar Baraka avait fait l'annonce le 24 février, de nouvelles mesures régissant l'exportation de sucre du Maroc. L'objectif mis en avant était alors la "préservation du pouvoir d'achat" des Marocains, rapporte la MAP. "Empêcher tout détournement du soutien accordé par l'Etat" n'apparaît qu'à la fin de la dépêche. Mais au vu des chiffres révélés vendredi 4 février par La Vie Eco, c'est bien le sujet de détournements qui s'impose au devant de la scène.
En effet, dans les onze mois de janvier 2010 à novembre 2010, le volume des exportations de sucre ce serait multiplié par 350 (!) par rapport à toute l'année 2009, où 14 tonnes de sucre ont été exportées. En 2010, ce volume aurait atteint 4900 tonnes !
Une marge importante de bénéfice
Il faut savoir que la consommation marocaine de sucre est d'environ 1,2 million de tonnes par an, que plus de 50% du sucre est importé, et surtout que ce sucre est lourdement subventionné. Par kilogramme, la Caisse de compensation contribue actuellement 5 dirhams, ce qui permet de maintenir le prix du sucre à environ 5dh le kg.
Dans ce contexte, les déclarations de Nizar Baraka apparaissent sous une lumière peu reluisante. Il aurait affirmé que les exportateurs de sucre bénéficient "d'une marge importante de bénéfice". En clair, certains opérateurs auraient bénéficié des subventions étatiques pour exporter su sucre à destination de la Mauritanie, par exemple. C'est en tout cas ce qu'affirment des sources ministérielles à La Vie Eco. Et vraisemblablement, il ne s'agit plus de quantités négligeables, même si surtout l'augmentation des exportations est spéctaculaire.
Les mesures gouvernementales n'ont, par conséquent, pas été prises pour rien : "le gouvernement a décidé d'intervenir pour faire cesser toute pratique préjudiciable à l'économie nationale (...) et empêcher tout détournement du soutien accordé par l'Etat."
Faille dans le mécanisme de restitution en place ?
Pourtant, pour les exportations de produits subventionnés, la douane demandait déjà la restitution des subventions. Un document de la Caisse de compensation, attestant cette restitution, serait déjà demandé aux postes de douanes, selon La Vie Eco. Mais cette règle aurait été "jugée peut-être utile de formaliser", explique l'hébdomadaire économique. Car vraisemblablement, ce mécanisme présentait des lacunes.
C'est pour cela que l'exportation du sucre sera dorénavant soumise à une autorisation préalable. "Tout exportateur est appelé à demander une autorisation auprès des pouvoirs publics. Ces derniers vont gérer la modalité des exportations notamment de la quantité à exporter. De même l’exportateur est appelé à restituer une allocation à la Caisse de compensation", a expliqué à Aujourd'hui le Maroc Mohamed Fikrat, président de la Fédération interprofessionnelle marocaine du sucre. Les statistiques sur l'exportation du sucre en 2011 en diront plus sur l'efficacité de la mesure...