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Grand Angle

Enseignement de l'arabe à Lyautey : La faute au ministère de l’Éducation nationale ?

Le département de l’Éducation nationale est-il responsable de la pénurie de professeurs d'arabe au lycée Lyautey depuis la rentrée ? Oui, estiment l'Union des conseils de parents d'élève et le Centre d'études arabes, qui attendent toujours une (ré)action du ministère. Explication.

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Depuis la rentrée scolaire le 2 septembre dernier, des professeurs d'arabe se font toujours attendre dans une vingtaine de classes de l'établissement français, de la 6e à la terminale. / DR
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Que se passe-t-il au lycée Lyautey ? Depuis la rentrée scolaire le 2 septembre dernier, des professeurs d'arabe se font toujours attendre dans une vingtaine de classes, de la 6e à la terminale. La responsabilité incomberait au ministère marocain de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle, acquiescent à l'unisson le Centre d'études arabes (CEA) à Rabat et l'Union des conseils de parents d'élève (UCPE), affiliée à la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) des écoles publiques de France.

Une vague d'entretiens s'est déroulée entre juillet et octobre, apprend-t-on auprès du CEA, sur l'ensemble du réseau de l'Agence de l'enseignement français à l'étranger (AEFE) et de l'Office scolaire et universitaire international (Osui), lequel relève de la Mission laïque française (MLF), chargée de gérer les établissements scolaires français hors de France.

«C'est le ministère marocain de l’Éducation qui met des enseignants à disposition pour une période de trois ans renouvelable une fois. Cette année, il y a un problème au niveau des ressources humaines sur l'ensemble du Maroc», confie à Yabiladi une source du CEA, un service de l'ambassade de France qui dépend de l'AEFE, dont l'objectif est de gérer l'enseignement de la langue et de la culture arabes dans les écoles françaises du royaume. Celle-ci de poursuivre : «Certains lycées recrutent localement des professeurs qui ne dépendent pas du ministère. Il y en a en moyenne 3 ou 4 dans chaque établissement avec des spécialités bien précises, ou pour pourvoir les postes vacants.»

Surtout, le Centre d’études arabes veut prendre du recul par rapport à ces carences. «Des inspections sont effectuées dans les établissements français pour des visites statutaires et d'autres pédagogiques. Je peux vous assurer qu'il y a un suivi très pointilleux en matière d'opérations de recrutement».

Quant au plan d'action censé être opérationnel pour la rentrée 2016/2017, qui incluait la sortie de nouveaux manuels scolaires dédiés à la langue et à la culture arabes, les élèves de Lyautey devront attendre l'année prochaine pour en feuilleter les pages ; «ils sont en cours de publication», d’après notre interlocuteur.

Une rotation qui coupe l'herbe sous le pied des enseignants

Du côté des parents d'élèves, c'est une autre lacune qu'on tient pour responsable de cette pénurie. «Il y a trois ans à peu près, le ministère a choisi de mettre en place un système rotatif des professeurs d'arabe», nous explique un responsable de l'UCPE Casablanca-Mohammédia. Cette rotation, c'est celle que décrit plus haut le CEA : des professeurs marocains sont mandatés dans des collèges et des lycées français pour une durée de trois ou quatre ans, avant de regagner l'académie dont ils sont issus. De nouveaux enseignants prennent ensuite leur succession. «Cette rotation a déjà eu lieu en 2013, puis en 2016. A chaque fois, elle s’est effectuée sans préavis. Ça n'a pas été très concluant car, souvent, ces professeurs enseignent habituellement dans des écoles marocaines. Ils viennent d'un milieu pédagogique différent, avec des manuels différents, il y a donc un temps d'adaptation nécessaire qui peut durer un an ou plus. Or, dès qu'ils sont suffisamment formés, leur contrat arrive à échéance et ils sont contraints de partir», déplore ce responsable.

Ce que réclame l'UCPE, c’est une «solution pérenne et cohérente qui ne peut se faire qu’au plus haut niveau des deux pays (le Maroc et la France, ndlr) pour des raisons diplomatiques. Il faut une renégociation de la convention franco-marocaine. Ce qu’on aurait aussi souhaité, c’est que ces enseignants reviennent car ils étaient formés et donnaient satisfaction». Cette année, aucun candidat ne s'est manifesté faute d'une communication suffisamment large. «Certains n'étaient pas au courant de l'appel à candidature», regrette encore l’UCPE. Ce dernier soulève également une autre piste pour justifier ces absences : «Il y a déjà un gros manque dans les écoles marocaines. Les écoles françaises ne semblent pas être la priorité.»

En attendant, l'heure est aux revendications. «On a demandé au lycée Lyautey d'assurer les filières OIB (Option internationale au baccalauréat, ndlr) en cours d'arabe ; ça a été fait.» L'établissement envisagerait par ailleurs de prendre des vacataires, murmure-t-on dans les couloirs. Les parents d'élèves, eux, restent suspendus aux lèvres du ministre de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle, Rachid Belmokhtar, qu'ils ont récemment sollicité pour un entretien.

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