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Grand Angle

Maroc : Qu’un seul tienne et tous les autres suivront  [Point de vue]

Tout simplement magnifique ! Magnifique de voir tous ces débats, cette profusion de tribunes, de vidéos, de commentaires liés au modèle démocratique que nous voulons pour notre Maroc. Enfin cette société telle un bébé à qui on a trop longtemps donné la tétine, prononce ses premiers mots. Nous n’avons pas eu droit aux traditionnels «papa» ou «mama» mais à «dignité», «justice», «démocratie».

Publié
Le réveil a-t-il sonné ? (DR)
Temps de lecture: 4'

Cela n’a évidemment pas pris la forme d’un débat feutré dans un club de bridge. Il y a de l’affrontement, des noms d’oiseaux, et même des coups bas. Les initiateurs du Mouvement du 20 février ont subi la première salve : vous êtes payés ou manipulés par le Polisario et l’Algérie. Peut être même par l’Espagne, Israël, les Etats-Unis et le Ku Klux Klan. Puis quand une vidéo montra une série de Marocaines et Marocains expliquer pourquoi ils sortiraient le 20 février, les attaques sont devenues plus personnelles. Untel se serait converti au christianisme puisqu’on le voit en photo dans une cathédrale à Rabat, une autre est devenue la petite amie du vieux leader du Polisario (encore eux) à savoir Abdelaziz Marrakchi. Photo avec une très vague ressemblance prise en Espagne en 2006 alors que la jeune fille n’a jamais dû quitter les frontières du Royaume. D’autres sont devenus homosexuels, prostitués, athées, alcooliques, joueur de black jack, etc…

3i9na bikom

Toutes ses calomnies ont amusé les personnes qui se reconnaissaient dans les revendications du Mouvement du 20 février, ou qui en avaient tout simplement marre des injustices, de la corruption, du népotisme, et des inégalités. On a d’ailleurs vu fleurir les statuts ou commentaires sur Facebook et Twitter, assez amusants : «je suis un Algérien homosexuel converti au christianisme, et je vais sortir le 20 février au Maroc», «je suis une prostituée islamiste alcoolique membre du Polisario, et je vais sortir le 20 février au Maroc». Le message était clair : «toutes vos attaques sont ridicules», ou comme l’a bien dit Mohamed Aliouine, un courageux Marocain aux Etats-Unis : «3i9na bikom», «nous ne sommes pas dupes».

Ce que les anti-mouvement du 20 février n’ont pas compris, c’est que cette tentative de disqualification dont on avait l’habitude au Maroc est dépassée. Car peu importe qui a allumé l’étincelle, l’essentiel était de lancer le mouvement. Et même ceux qui étaient réticents au départ, sont en train de rejoindre petit à petit, parfois à reculons, la demande de réformes. Partis politiques, patronat, et acteurs de la société civile rejoignent la marche…

Métaphore du guichet de banque

Lorsque vous avez une longue file d’attente au guichet de votre banque, vous avez à chaque fois un «moul chkara» qui se pointe. Il dépasse tout le monde, se dirige droit vers le guichet et pose ses liasses de billets. La guichetière, au lieu de lui signifier qu’il doit faire la queue comme tout le monde, le sert comme s’il valait plus que les autres clients. C’est ce qu’on appelle en darija : «el hogra». Personne n’ose gueuler parce que trop timide ou parce que terrassé par le fatalisme. Mais il suffit d’une seule personne trop fière pour se laisser marcher sur les pieds, pour qu’une bonne partie des «sous-citoyens» recouvre son pouvoir d’indignation.

Mais dans ce cas précis, personne ne demande le CV de celui qui a allumé la mèche. Personne ne va fouiller son passé pour savoir si lui-même n’est pas un nanti, un alcoolique anonyme, un pas-tout-à-fait-musulman, un membre de la cellule dormante d’Al Qaida… Et c'est exactement cela qui s’est passé pour le mouvement du 20 février. Peu importe l’identité des initiateurs où même s'ils on retourné leur veste, l’essentiel est dans la prise de conscience et la fin du fatalisme.

L’ami Chicoré

Aujourd’hui le réveil a sonné. Certains ayant avalé un peu trop de somnifères la veille veulent faire la grasse matinée. Personne ne leur ôte ce droit. Le droit au sommeil devrait d’ailleurs être inscrit dans la charte des droits de l’homme. Mais vouloir que ceux qui sont désormais réveillés retombent dans les bras de Morphée, c’est tout simplement impossible. Ces jeunes ont décidé de ne pas faire comme leurs aînés et de ne pas devenir à leur tour des Hibernatus. Regardez les hommes politiques ou certains leaders d’opinion ne rien comprendre aux changements en cours dans ce pays. Ils se sont assoupis pour une sieste de quelques minutes, et finalement ont hiberné pour se réveiller dans une société complètement étrangère à ce qu’ils ont connu dans le passé.

Comment ne pas s’indigner face à ces membres du gouvernement qui utilisent le parapluie royal pour éviter toute critique. Dans toutes les conférences de presse d’un ministre, vous le verrez invoquer les «hautes directives royales» comme alibi à son incurie. Essayez de poser une question pour faire un bilan de l’action du ministre ou sur la pertinence du choix du TGV pour le Maroc ! On vous répondra : «c’est une priorité de Sa Majesté». La proximité ou l’évocation de la tutelle royale suffit pour excuser tous les retards, les choix inopportuns ou la mauvaise gestion. Et l’opinion des citoyens ? Quels citoyens ?

Parodie de démocratie

Les députés et les ministres sont censés rendre des comptes auprès de leurs administrés, sinon nous ne sommes pas dans la démocratie tant ressassée par les médias officiels. On nous a tellement chanté les charmes de la démocratie à la marocaine qu’on risque d’en être dégouté avant même d’avoir vu son visage. Comment voulez-vous croire à cette démocratisation de façade quand le chef du parti majoritaire élu en 2007, devenu Premier ministre, nous annonce fièrement : «J’appliquerai le programme de Sa Majesté». A quoi sert cette mascarade électorale inutilement couteuse ? Les 35% d’électeurs devraient faire comme les 65% d’abstentionnistes et ne plus aller voter. A quoi bon participer à un suffrage si le programme qu’on a choisi est enterré au cimetière de l’expression populaire ? On touche là le nœud gordien de l’incohérence démocratique du Maroc.

L’électrochoc

Le Maroc vient de vivre un sacré électrochoc. Même les plus aveugles qui avançaient que le Maroc fera exception, que le Royaume n’est pas la Tunisie ou l’Egypte, se sont rendus compte que des réformes importantes et rapides sont inévitables. Le discours officiel avait d’ailleurs était préempté par tous les pays qui ont vécu des révoltes : Moubarak disait que l’Egypte n’est pas la Tunisie. Kadhafi répète encore que son peuple l’aime. L’Algérie, notre voisin estime également qu’il ne faut faire aucune comparaison avec la Tunisie ou l’Egypte. Zut ! Ils nous ont tous copié ou quoi ?
L’exception marocaine ne pourra se concrétiser seulement si le roi Mohammed VI entend son peuple réclamant de la dignité, et si des réformes radicales sont entreprises. Ainsi, le Maroc pourrait devenir le seul pays de la région à procéder à une évolution démocratique en douceur, sans dégâts et avec une symbiose entre le roi et son peuple. Ce type d’évolution fait justement partie de la culture et de l’histoire du Maroc, puisque c’est cette alliance qui a fécondé l’indépendance du Maroc en 1956.

choisi pour lire
Auteur : mohraq60
Date : le 03 mars 2011 à 15h28


Point de vue

La révolution marocaine est en marche !
| 03.03.11 | 13h45 • Mis à jour le 03.03.11 | 14h46

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Majesté ! J'aurais aimé ne pas avoir à vous écrire. Le printemps arabe qui secoue le monde me l'impose. J'aurais préféré faire l'apologie d'un Maroc moderne et démocratique au lieu de ressasser le mal qui le ronge. Que de regrets, de désillusions, de colère face au gâchis incité par tant de pouvoir et de vanité ! Le roi des pauvres a vite fait place à l'homme d'affaires, entouré de vils courtisans. Nous aurions aimé trouver en vous un chef d'Etat qui veille à l'application de la loi, avec un projet de société, pas un promoteur hôtelier ou un chef de chantier.


Nous espérions que vous seriez l'homme qui partage nos rêves et notre pain quotidien au lieu de museler nos libertés, de tuer l'espoir que nous avons placé en vous et de chasser les esprits probes pour ne conserver que les véreux. Le constat est simple, la monarchie se duplique de la même manière, avec les servitudes du makhzen (l'appareil tout-puissant de l'Etat marocain, basé sur l'allégeance au roi).

Le roi des Marocains a le devoir d'entendre un autre son de cloche qu'"Allah Ibarak fi Amar Sidi !" (Dieu bénisse la vie de notre Seigneur !) entonné à son intention par son entourage comme une fausse rengaine. Le destin aurait bien pu vous jouer un sale tour et vous faire naître à Sidi Moumen, par exemple. Alors, ces milliards accumulés, ces milliers de voitures, bateaux, palais, résidences, dépenses et luxe fastueux devraient avoir moins de valeur à vos yeux que l'amour du peuple à votre égard lors de votre avènement, en 1999.

En peu de temps, Fouad Ali El-Himma et Mohamed Mounir El-Majidi sont devenus les maîtres du pays grâce à leur proximité avec leur ami le roi. Ils ont phagocité tous les espaces, économie, finance, culture, sport, politique, nous écoeurant de tout, comme un jeu de sales gosses (la'b adrari), soumettant le monde à la lubie du gain rapide et des affaires faciles, dilapidant le capital sympathie que le peuple avait pour vous et transformant le Maroc en une cage aux folles où les pieds ont remplacé la tête. Ces commis sorciers ont étouffé le jeu politique, ruiné la concurrence économique, dilapidé les deniers publics dans des lubies et piétiné le contrat constitutionnel, celui de défendre les intérêts du peuple. Ils agissent en votre nom, vous êtes de fait garant de leurs actes. Ils doivent s'en aller ; ils constituent un danger pour vous et un obstacle à l'essor du pays.

Le clan El-Fassi fait sienne la spécificité marocaine qui engendre arbitraire et inégalité. Il s'est accaparé les meilleures fonctions et les plus hauts salaires. Soutenant les siens même dans l'erreur, le palais a gratifié Abbas du poste de premier ministre alors que l'affaire Annajat (énorme scandale dont plus de 30 000 jeunes chômeurs ont été victimes, en 2003, alors que M. El-Fassi était ministre de l'emploi) le poursuit. Dans l'Etat de droit, chacun est responsable et comptable de ses actes, même le roi.

Devant ce désir universel de liberté de plus en plus irréversible, comment pouvez-vous rester à l'écart, derrière vos rideaux opaques de l'Etat de non-droit ? La fuite des présidents tunisien et égyptien, MM. Ben Ali et Moubarak, la fin imminente du président yéménite Saleh, celle sûrement tragique du guide libyen Mouammar Kadhafi... montrent comment finissent les plus pitoyables des tyrans. Elisabeth et Juan Carlos existent en tant que réalité symbolique et historique. Leur peuple les respecte, mais leur impose des restrictions et leur demande des comptes. Ni la reine d'Angleterre ni le roi d'Espagne ne déméritent car ils consignent leur destin dans le cadre de la démocratie. L'heure n'est plus aux divertissements, aux voyages d'agrément, ni aux scènes d'éclat. Vous devez retrousser vos manches et travailler avec altruisme, dans la transparence, pour accomplir votre mission, sinon le Maroc devra cesser d'être la concession exclusive des Alaouites !

Au début, vous avez suscité des attentes et dessiné l'espoir dans le regard des petites gens. Le peuple vous a interpellé sur son drame et son refus de la tyrannie, des injustices. Sa maturité, sa grande retenue sont à saluer, une dernière chance à saisir. A vous d'anticiper les réformes et de proposer des élections transparentes. Un gouvernement d'union nationale avec une feuille de route conforme aux changements qu'il souhaite peut apaiser sa colère.

Votre responsabilité devant l'Histoire est de répondre favorablement à son appel, car le destin de votre monarchie constitutionnelle, garante de l'unité et de la stabilité du Maroc, en dépend. Soyez pour votre peuple ce guide qu'il espère. Rompu par le bruit des chaînes qui entravent ses pas, il crie pour retrouver sa dignité parmi les peuples et revendique l'Etat de droit.

La révolution est en marche. Viendra-t-elle de vous ou se fera-t-elle contre vous ? Si elle vient de vous, il faudra donner l'exemple et guider le peuple sur la voie de la liberté, la justice sociale et la démocratie. Si vous le faites, on se mobilisera tous derrière vous dans cette noble démarche. Si vous voulez continuer à faire de la simple figuration, la révolution se fera alors contre vous. Et dans ce cas la houle emportera tout sur son passage.

La colère des déshérités est sans nuances. Les actes terroristes du 16 mai 2003 (cinq attentats-suicides dans la ville de Casablanca) ont sonné le glas de l'état de grâce. Ce signal vous a été adressé par une jeunesse ravagée de désespoir et qui n'a plus d'issue que dans la drogue, la fuite ou la mort.

Inapte à décoder le message et à rectifier le tir, votre système a renoué avec les pratiques du passé dans ce qu'elles ont de plus inique, de plus barbare au nom de la lutte antiterroriste, sévissant contre nous pour un mot, une caricature, une nokta (plaisanterie) visant la famille royale ; signe pathologique du makhzen qui survit à Hassan II.

Aussi pénible que puisse être pour vous ce discours, je veux me convaincre que vous respectez les hommes sincères. Je n'ai jamais eu que mon franc-parler et mon intégrité à offrir au pays pour lequel nous avons dessiné de beaux rêves dans notre jeunesse. J'assume mon rôle d'intellectuel trublion jusqu'au bout, pour être en règle avec ma conscience. A vous d'être à présent en règle avec la vôtre.

Abdelhak Serhane, écrivain
Article paru dans l'édition du 04.03.11
Vive la Jeunesse qui ose
Auteur : MusulmanGéo
Date : le 03 mars 2011 à 14h33
Révolutions arabes : le Maroc est-il une exception ?

Portés par l'élan des tunisiens et des égyptiens qui ont renversé leurs dirigeants dictateurs et autocrates et les systèmes mis en place par ces derniers, une certaine contestation populaire apparaît au Maroc (où tous les ingrédients sont réunis pour une contestation sérieuse : misère, inégalités sociales, chômage massif des jeunes, corruption, absence de démocratie, etc.) pour réclamer une modification en profondeur de la constitution et amorcer une nouvelle ère politique. Les autorités marocaines répondent que la situation y est différente car un processus "irréversible" de démocratisation est en cours et que la liberté d'expression existe à l'exception de trois sujets tabous : la monarchie, la religion et le Sahara. En réalité, derrière une apparence de démocratie, le système politique marocain correspond à une monarchie autocratique qui dirige et contrôle à peu près tout.
UNE DÉMOCRATIE DE FAÇADE
Pour affirmer que le Maroc est lancé dans un processus démocratique, plusieurs leurres sont mis en avant. Tout d'abord, la constitution de 1996 (adoptée par référendum avec un oui à plus de 99 % !) affirme que "le Maroc est une monarchie constitutionnelle, démocratique et sociale" et que les citoyens disposent des libertés d'opinion et d'expression, sous réserve de limitations apportées par la loi ! Ensuite, il est mis en avant que les dernières élections législatives ont été libres. Les résultats des scrutins correspondent globalement aux votes réellement exprimés et les partis ont présenté globalement les candidats qu'ils souhaitaient. D'ailleurs, il est invoqué que le Maroc connaît depuis l'indépendance le multipartisme. Enfin, de nombreux journaux sont publiés et plusieurs radios émettent. Ainsi, les principaux critères déterminant une démocratie sont remplis et permettent aux autorités publiques d'affirmer que le Maroc est lancé dans un processus de démocratisation. Mais derrière cette apparence, se cache le fonctionnement d'un régime assez autoritaire. Certes, il ne s'agit pas de la Corée du Nord ni de la Lybie, mais le pouvoir est exercé par un seul homme, le roi, assisté de conseillers, plus ou moins influents et éclairés. On peut critiquer le gouvernement, les parlementaires, les élus locaux et les préfets, mais c'est pour mieux interdire toute critique du roi !
Le roi règne et gouverne seul. Au terme de la constitution, il est le chef de l'Etat, des armées et des croyants. Ainsi, en tant que commandeurs des croyants disposant de quasiment tous les pouvoirs politiques, cette constitution établit une monarchie de droit divin. En outre, par la constitution, il dispose d'un pouvoir de nomination très large : il nomme et révoque librement et discrétionnairement le premier ministre et les ministres, les ambassadeurs, les Walis et gouverneurs (préfets), les directeurs d'établissements publics et des autorités administratives, etc. A peu de chose près, il nomme qui il veut, quand il veut et au poste qu'il veut ! Il peut dissoudre discrétionnairement et librement chacune des assemblées du parlement. Il promulgue les lois et peut demander le réexamen d'un projet de loi.
Au-delà du terrain politique, la monarchie occupe le terrain économique. Au travers d'une holding qu'il contrôle, l'Omnium nord africain (ONA), le roi, et plus largement la famille royale, contrôle de nombreuses entreprises (Wana, troisième opérateur téléphonique du pays, Attijariwafa Bank, première banque du Maroc et septième d'Afrique, etc.). L'ONA intervient par ailleurs dans d'autres secteurs (agroalimentaire, assurance, immobilier, distribution : les voitures Peugeot et Citroën sont commercialisées via une société contrôlée par l'ONA qui est par ailleurs actionnaire de Lafarge Maroc). Ainsi, avec l'ONA, Attijariwafa Bank et la Caisse des dépôts (dont le directeur général est nommé par le roi), une partie importante de l'économie est contrôlée par le palais.
LA LÉGITIMITÉ DU ROI N'EST PAS DISCUTABLE
Au terme de la constitution, la personne du roi est "sacrée et inviolable" et aucun membre du parlement ne peut remettre en cause le régime monarchique ni porter atteinte au "respect dû au roi". Ainsi, toute critique des faits, gestes ou paroles du roi et de la famille royale, est interdite. Au-delà de cette légitimité indiscutable, le système organisé par le palais empêche tout contre-pouvoir, en discréditant la classe politique et la justice et en contrôlant les médias. Les partis politiques ne remplissent pas vraiment leur rôle d'établir des projets de société, de structurer le débat politique, de militer et de s'opposer au gouvernement pour ceux qui sont minoritaires. La très grande majorité d'entre eux, avec leurs leaders, sont compromis dans le système imposé par le roi. En effet, l'absence de parti majoritaire au parlement (le premier parti compte environ 50 députés pour une assemblée de plus de 300 députés ), fait que sept partis sont représentés au gouvernement, des anciens communistes, aux conservateurs, en passant par les socialistes.
Depuis quinze ans, tous les gouvernements sont "composés" de représentants de plusieurs partis, de gauche et de droite. L'objectif est de faire participer, ou compromettre, le plus de partis possible pour qu'ils ne constituent pas une force d'opposition alternative à la politique poursuivie. Il s'agit de diviser pour mieux régner. Le discrédit vient aussi du fait que les partis historiques d'opposition – le parti de l'Istiqlal et l'l'Union socialiste des forces populaires (USFP) – et leurs leaders sont aujourd'hui de fidèles serviteurs du roi. Ces partis, qui ont été dans l'opposition contre Hassan II durant plus de trente ans, ont accepté en 1997 de former un gouvernement de coalition aux conditions fixées par ce dernier, les mêmes qu'ils avaient refusé quatre ans auparavant. Depuis, ils ont participé à tous les gouvernements devenant ainsi la caution du système (malgré des dissensions internes, notamment à l'USFP) !
Par ailleurs, beaucoup (pas tous) d'hommes politiques ne poursuivent pas un engagement et une conviction politique, mais une carrière et des intérêts personnels. Certains entretiennent des liens étroits avec des conseillers influents du roi et sont soupçonnés de prendre leurs instructions auprès du palais, avant d'agir dans leur parti. Les conditions dans lesquelles a été formé l'actuel gouvernement illustrent cela : des personnalités ont été choisies pour y entrer, non pas en raison de leur appartenance à un parti politique, mais grâce à leur proximité avec certains conseillers du roi. Cela a été ensuite habillé politiquement en les faisant adhérer, deux ou trois jours avant l'annonce de la composition du gouvernement, dans un parti politique, afin d'affirmer que ce gouvernement est le fruit du jeu politique "naturel" et du résultat des élections.
SOUPÇONS DE CORRUPTION
Le discrédit s'explique enfin par le fait que les élus et le gouvernement ne choisissent pas la politique menée. Les orientations politiques et les projets importants sont déterminés par le palais, et le gouvernement exécute les "directives royales". Une démocratie ne peut être et fonctionner que si la justice est indépendante, que si la loi s'applique à tous de manière égale et que la justice est rendue sans favoritisme. Au Maroc, ce n'est pas toujours le cas. Il n'est pas rare de lire dans la presse que des poursuites pénales sont initiées par un procureur suite à la colère du roi contre tel ou tel commis de l'Etat dont le roi soupçonne (parce qu'on le lui a soufflé à l'oreille) une malhonnêteté. Curieusement, la machine judiciaire a plus de mal à s'enclencher indépendamment du roi ou de ses conseillers. Plus généralement, c'est tout l'appareil judiciaire qui est décrédibilisé par des soupçons de corruption.
L'existence de plusieurs journaux, radios et chaînes de télé donne l'illusion d'un pluralisme. Il ne faut pas s'y tromper : si au début des années 2000, ces médias ont initié un début de liberté de ton, révélant et dénonçant les années de plombs de l'époque Hassan II, ils ont payé le prix de leur "audace". Aujourd'hui, plus aucun média ne s'aventure à critiquer les décisions et paroles du roi ou de ses conseillers les plus proches. L'intimidation se fait par la poursuite en justice de ces médias en "dictant" des peines d'amendes très lourdes contre ces journaux, afin de les asphyxier financièrement. D'autres méthodes sont utilisées : blocage des comptes bancaires, saisie du matériel de travail, jugement d'interdiction d'exercice de la profession de journaliste, etc., et appel des différents annonceurs pour les dissuader de diffuser leurs publicités dans ces journaux. Certains de leurs fondateurs ont été contraints de quitter la profession et le Maroc. Aujourd'hui, les médias sont contrôlés étroitement et tout écart de langage est sanctionné !
En conclusion, un pouvoir concentré essentiellement entre les mains d'un seul homme qui n'a de compte à rendre à personne, une classe politique et un appareil judiciaire discrédité et une presse verrouillée. Voici la réalité de la "démocratie" marocaine. Parler de processus démocratique n'est donc pas très sérieux ! Il est dans l'intérêt de la monarchie d'écouter la contestation actuelle et d'accepter que la constitution soit substantiellement réformée pour que le roi règne sans gouverner. La monarchie montrerait qu'elle a compris les événements et le sens de l'histoire. Juan Carlos l'avait compris en 1975.
Réponse à KahlidMeknès
Auteur : MusulmanGéo
Date : le 03 mars 2011 à 14h25
Désolé, dans le passé, ce type de réponses provenait du Makhzen. Et c'est pour cette raison que vous rappelez par vos argument, aux différents intervenants cette période noir.
De toute façon, à chaque fois que le vent souffle, les types comme vous nous ressortent de leur chapeaux des excuses comme celles que vous avez avancez. Donc, si tu n'a pas confiance dans la jeunesse marocaine, ne manifeste pas mais ne nous fait pas tout un speetch pour que ceux qui en ont envie de le faire.
Je suis aussi de Meknès (El Borj). et je crois que la minimum d'honnéteté quand ont est de Meknès et qu'on voit l'état de cette belle ville impériale c'est désirer de tout son coeur le changement radicale afin de laisser respirer ce peuple et aussi cette population prise en otage du sous développement. Sauf si appartient aux quartiers des "Ghayri L'3aghdoubi 3alayhim ...."
Sur ce, et si tu n'est pas pour sortir le 20 mars manifestyer, pouvez vous nous donnez une autre date, afin de voir si c'est la date qui vous dérange ou plutôt la promesse de changements au Maroc qui vous mettent dans de tels états.
Mise au Point
Auteur : MusulmanGéo
Date : le 03 mars 2011 à 14h12
je suis loin du Maroc. Pourtant, je me suis rarement senti aussi proche de mon pays et de sa magnifique jeunesse. Depuis quelques jours en effet, je traque sur Internet, avec passion, toutes les nouvelles concernant le mouvement du 20 février. Sa vidéo, que j’ai vue sur Internet, m’a ému en diable. Allah ya7fedkoum a drari ! Vous êtes intelligents, mûrs, engagés, beaux ! De là où je suis, j’en trépigne d’enthousiasme. Un mot encore sur cette vidéo, avant de passer au fond : parmi tout le vomi déversé par les « anti 20 février », ces tristes sires qui ne savent même pas ce qu’ils défendent au juste, j’ai bloqué sur un argument : « la preuve que l’appel n’est pas spontané, c’est que la vidéo est très bien faite : découpage, cadrage, éclairage… Il y a donc forcément quelqu’un derrière ces jeunes, qui les manipule. » Za3ma les jeunes Marocains sont incapables d’être talentueux et inspirés bou7d’houm ?!! Ce raisonnement choquant a un nom : l’7ogra. Et vous savez quoi ? C’est exactement à cause de ça que les Marocains vont sortir dans la rue le 20 février 2011 : pour dire que l’7ogra, ça suffit !!

Allons droit au but : le régime a peur de la jeunesse du 20 février, et il a bien raison. Non pas parce que ce mouvement pourrait aboutir à la chute de la monarchie. Ce n’est pas le but, personne ne le réclame. C’est même impossible à imaginer tellement la monarchie est inscrite dans l’ADN de notre peuple, pour le meilleur et pour le pire. Pour autant, oui, le régime a des raisons de s’inquiéter du 20 février. Parce que ce jour-là, quel que soit le nombre de gens qui descendront dans la rue, certaines valeurs et certains comportements seront conspués haut et fort : l’injustice, l’inégalité face à l’éducation, la santé et l’emploi, l’abus de pouvoir, la prédation, la corruption, le népotisme, la brutalité policière… Il se trouve que ces comportements déplorables forment, en 2011, le socle du pouvoir marocain. Et le peuple marocain ressent cela tous les jours, et ça lui fait mal dans sa chair, dans sa poche, dans sa tête. Le 20 février, galvanisé par les exemples tunisien et égyptien, le peuple va sortir dans la rue pour condamner tout cela avec une force et une sincérité inédites. Le peuple ne conspuera pas la monarchie, non. Mais la monarchie tremblera quand même parce qu’elle se sentira indirectement visée. A raison : le peuple blâmera le pouvoir ; et le pouvoir, on sait où il est.

Mais au fait, sait-on vraiment où il est ? Mohammed VI est-il directement responsable de la situation du Maroc d’aujourd’hui ? S’il ne l’est pas, qui l’est ? Fouad Ali El Himma, Mounir Majidi ? D’autres piliers de Dar el Makhzen, voire des gens qu’on ne connaît même pas ? Ou pire encore : personne en particulier, car beaucoup intriguent à l’ombre du parasol royal sans qu’aucun n’assume ses responsabilités ? Bref : à qui doit-on imputer le mauvais état politique, social et économique du royaume ? Y a-t-il un pilote dans l’avion ? Si oui, qui est-ce ? (Et ne nous dites pas que c’est le gouvernement et le parlement, l’heure n’est plus à la plaisanterie.) Je suis journaliste depuis 17 ans, et je prétends être bien informé des réalités de mon pays. Pourtant, je suis incapable de répondre à ces questions. Parce que, depuis presque 12 ans que dure la « nouvelle ère », on ne sait toujours pas ce qui se passe derrière les hauts murs des palais royaux, source de tout pouvoir au Maroc. En soi, c’est déjà une grosse anomalie. Les marcheurs du 20 février le savent bien. Et ils le diront. Haut et fort, en réclamant une révision constitutionnelle. L’objectif : choisir ceux qui nous gouvernent, enfin, pour pouvoir leur demander des comptes sans craindre d’« attenter à (leur) sacralité ».

Je vois bondir d’ici les chiens de garde du Makhzen : « Qui a dit qu’il voulait la chute de la royauté ! » Du calme, Messieurs. Je n’ai rien dit de tel, sauf si vous tenez absolument à être de mauvaise foi (auquel cas faites-vous plaisir, personne n’y pourra rien). Je dis simplement que le mouvement du 20 février a raison, et que je le soutiens de toute mon âme : la royauté doit régner, et laisser le peuple gouverner à travers des institutions librement et clairement choisies – et non plus indirectement et sournoisement désignées. L’injustice, l’inégalité, la corruption ? Ces fléaux ne disparaîtront pas, bien sûr, du jour au lendemain. Mais au moins, le peuple saura qui est chargé de les combattre. Et si cette personne, ou ce groupe de personnes, n’arrivent à aucun résultat, eh bien le peuple les limogera et en élira d’autres. Ces autres aussi n’arriveront à rien parce que nos politiciens, en général, sont inaptes ? C’est vrai. Mais ils apprendront, avec le temps et sous la pression populaire. Ça s’appelle la transition démocratique, la vraie. Les Marocains ne la méritent pas moins que les Tunisiens et les Égyptiens.


Par Benchemsi
القدادفة
Auteur : hakimhassane
Date : le 03 mars 2011 à 13h50
وزراء خارجية القدافة . أخرجوا من هذه القبيلة قبل أت تأخدوا قرارا في زعيمكم
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